Le Président Laurent Gbagbo a mis à profit la cérémonie d'hommage au président du Conseil économique et social, Laurent Dona-Fologo, pour répondre, selon ses propres termes, à ceux que la nomination de Soro Guillaume en tant que Premier ministre a rendus mécontents. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que désormais pour être nommé Premier ministre ou ministre, il faut prendre les armes. Les patriotes qui disent cela font fausse route , a fait remarquer le Chef de l'Etat, qui expliquera ensuite le choix de ses Premiers ministres.
Moi je nomme mes Premiers ministres en fonction des objectifs que je me fixe. Quand j'ai nommé Affi N'Guessan, c'était pour aller au développement. Et Affi a bien travaillé , dira le Président de la République. Quant au choix de Soro, affirme-t-il, il se justifie par le fait qu'après avoir nommé deux Premiers ministres en dehors de ceux qui ont pris les armes, l'on était toujours loin d'avoir la paix. Ce fut le cas de MM. Seydou Diarra et Charles Konan Banny.
C'est pourquoi, poursuit Laurent Gbagbo, j'ai décidé de nommer comme Premier ministre celui qui a eu le courage de revendiquer la rébellion, la guerre. Nous connaissons et nous voyons bien les autres. Mais comme ils n'ont jamais eu le courage de revendiquer la guerre, nous avons choisi le seul qui a eu le courage de le faire. Je lui donne le poste de Premier ministre pour nous ramener la paix .
Le Chef de l'Etat, qui se réjouit de la bonne marche du processus de sortie de crise depuis l'Accord de Ouagadougou et la nomination du nouveau Premier ministre, se dit donc surpris de la réaction de ceux qui semblent rejeter ce choix. Je leur ai dit qu'ils avaient tort de ne pas m'écouter. Vous les Patriotes, ce n'est pas juste de dire que pour être désormais Premier ministre, il faut prendre les armes. Si vous êtes vraiment patriotes, vous ne pouvez pas raisonner comme ça .
Aujourd'hui, l'essentiel pour la Côte d'Ivoire, c'est la paix. Je donne le poste de Premier ministre à celui qui peut me donner la paix. Et les résultats me donnent raison. Aujourd'hui, vous êtes libres d'aller à Bouaké, Korhogo, partout. La paix vaut mieux que toute autre considération , ajoutera le Président Gbagbo, avant d'inviter les uns et les autres à accepter ce genre de nomination tant que la paix n'est pas définitivement restaurée en Côte d'Ivoire. Le Chef de l'Etat a expliqué que les postes ne sont pas des bonbons ou des butins de guerre qu'il distribue aux uns et aux autres.
Abel Doualy