samedi 28 avril 2007 par Le Front

Les monstres ne supportent pas la lumière. Tel est le titre du roman de Sylvestre Konin, directeur de publication du quotidien ivoirien Le courrier d'Abidjan. Une ?uvre hautement politique mais truffée de fautes et de coquilles. Dommage !

Sylvestre Konin a ramassé en quelque 158 pages d'écriture une tranche de l'histoire de la crise ivoirienne (19 septembre 2002). Mais aussi celle de sa propre vie et d'un groupe de patriotards qui se font appeler extrémistes en réponse à ceux qui les considèrent comme des xénophobes.

De l'illusion de peindre la vérité

Ce texte se présente avec l'intention de peindre la vérité, la réalité. Le narrateur s'est porté à donner à ce pamphlet qui pue la haine une valeur convaincante. D'où son ancrage socio-politique. L'histoire se déroule à Abidjan. La référence à des espaces tels que les ponts de Gaulle et Houphouet-Boigny, Marcory, les Rosiers, Cocody des faits, des pratiques, des noms de personnes : parlement de Cocody, wôrô- wôrô, Mamadou Koulibaly, Alassane Ouattara, Konan Bédié, Jacques Chirac, Djédjé Mady, Laurent Gbagbo finit de donner l'illusion au lecteur du réalisme de l'?uvre. Ces évocations ont, à la vérité, pour le narrateur, une lourdeur pénible.
Le 19 septembre 2002, une tentative de coup d'Etat se mue en une rébellion avec son corollaire d'horreurs, d'escadrons de la mort, et la partition de la Côte d'Ivoire en deux. Les rebelles occupent plus de 60% du territoire national. Les soldats français à la demande de Laurent Gbagbo s'interposent entre les deux belligérants. C'est à partir de là que vont naître le sentiment anti-français et la diabolisation de ceux qui ont pris les armes pour un ordre nouveau.
Ici la fiction prend le pas sur la réalité en transformant les faits en vue de provoquer chez le lecteur ce sentiment de vide du mensonge. Parce que comme le souligne Yves Reuters dans l'Analyse du récit Tout discours, tout texte, tout récit renvoie au monde. () On ne peut construire un univers fictionnel et le comprendre sans en référer à nos catégories de saisie du monde . En d'autres termes, l'imagination d'un artiste ne travaille pas dans le vide, mais dans un monde historiquement concret.

Le viol, un prétexte

Ce roman, c'est l'histoire de Christine, une bonniche, violée par son patron, directeur financier d'une grande entreprise. Philippe, le frère aîné de Christine, un patriotard, décide de porter plainte. Du coup, le viol devient la problématique de l'?uvre. Quelle attitude la victime de viol doit-elle avoir devant son bourreau ? L'auteur fait donc un parallèle entre ce viol et le rapport entre les nations. Christine représente tout naturellement la Côte d'Ivoire et le patron la France. A bien des égards, cette ?uvre présente une double perspective pour le lecteur : d'une part celle de donner le change et d'autre part celle de véhiculer d'une manière douce l'idéologie de la victimisation.
De Théophile Kouamouo avec La France que je combats à Sylvestre Konan en passant par Michel Gbagbo (Côte d'Ivoire, un air de changement ) et Simone Gbagbo (Paroles d'honneur), ces auteurs patriotards fredonnent toujours le même refrain, mais différemment. C'est la France qui fait la guerre à la Côte d'Ivoire à travers une rébellion avec un noyau ivoirien, des satellistes ouest-africains (Mali, Burkina Faso). Mais à y réfléchir, Sylvestre Konan est le porte-voix de ses maîtres : les refondateurs. L'auteur, à travers ce texte, essaie de déconstruire toute idéologie contraire à celle des refondateurs. Les monstres, ce sont les autres et les anges les employeurs de Sylvestre Konin. Quelle vision étriquée ! Et quel ouvrage indigeste !

Un ouvrage indigeste

Ce texte rebute le lecteur parce qu'il est truffé de fautes. On a le sentiment que c'est le brouillon qui a été publié. La preuve. P16 interrogea tout azimut Christine () . L'expression tous azimuts est toujours au pluriel. Elle signifie dans toutes les directions en même temps. On retrouve cette même faute à la page 64. P19 pour relier les deux quartiers distants à peine quelques centaines de mètres . Il y a faute. Car quelque ne doit pas prendre la marque du pluriel. Ici quelque est un adverbe qui marque l'approximation. Cette même faute se retrouve à la page 86. P24 . De toutes façons . Cette locution adverbiale est toujours au singulier. On retrouve cette même faute aux pages 28 et 60. Page 46 sans regret ni remord . Le mot remords qu'il soit au singulier ou au pluriel il y a toujours un S. Page 97 : Ils s'y sentent bien et la plupart ne se s'est pas sentie concernée Quelle énormité ! La plupart est un nom au féminin qui indique le plus grand nombre. Or nous savons que ce nom appelle le pluriel du verbe qui suit. Dans ce cas de figure, selon la règle grammaticale, le participe passé pris comme adjectif s'accorde en genre et en nombre avec le sujet (Ils). D'où Ils s'y sentent bien et la plupart ne s'étaient pas sentis concernés. A utre énormité P. 125 tous les chefs qui s'étaient succédés () . Se succéder est un verbe pronominal. Il signifie venir l'un après l'autre. Dans ce contexte, le participe passé ne s'accorde ni en genre ni en nombre avec le sujet : tous les chefs qui s'étaient succédé () . A noter que la liste des fautes n'est pas exhaustive.



Auguste Gnaléhi (augustegnalehi@hotmail.com)

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