jeudi 26 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

Invité hier à soutenir la nouvelle transition, les députés ivoiriens ont répondu par des acclamations marquant ainsi leur adhésion au processus de paix.

Après quatre mois de vacances parlementaires, les députés ont repris du service hier. Ils étaient nombreux à prendre part à la 1ère session ordinaire de l'année en cours. L'appel nominatif a permis d'enregistrer " 24 excusés, 136 présents " sur 204 siègeants. C'est donc un " quorum de 103, atteint " qui a donné lieu aux premiers travaux de cette session ordinaire. Mme Marthe Amon Agoh, 1ère vice-présidente, a présidé cette rentrée solennelle qui aura duré moins d'une heure. Contrairement à la tradition, il n'y a pas eu d'invités d'institutions nationales et étrangères encore moins d'honneurs militaires pour des raisons expliquées par la présidente de séance.

Marthe Amon Agoh demande une trêve
" Toute la Côte d'Ivoire est regardée par le monde entier comme un exemple de maturité, un exemple de souveraineté, puisque vous savez tous comme moi que c'est l'heure du dialogue direct, l'heure de l'apaisement social. Certainement nous allons nous demander pourquoi alors une cérémonie aussi sobre sans invitations extérieures. Nous pensons que c'est tout un symbole. Nous avons voulu à notre tour nous retrouver entre nous pour dialoguer directement sans regard de l'Exécutif, sans regard des autres institutions, des diplomates, de tous nos invités habituels ". Après cette adresse acclamée du reste de la vice-présidente, celle-ci a émis un v?u en ces termes à l'endroit des députés : " Nous espérons seulement que nous n'allons pas parler beaucoup ; ce sera une trêve de paroles mais c'est par nos actions, notre manière de faire, de travailler que nous allons prouver à toute la Côte d'Ivoire et au monde entier que les députés de Côte d'Ivoire prennent leurs responsabilités face à leur pays ". Suite à ce discours engageant les parlementaires à accompagner l'accord de Ouagadougou, Mme Marthe Amon Agoh a énoncé le calendrier des travaux. " Adopté " par l'assemblée, ledit calendrier est entré en vigueur hier et se referme le mercredi 25 juillet prochain. Il n'est " pas figé " et pourrait donc connaître quelques modifications. En attendant, il comporte " 25 projets de lois 17 projets de conventions, 5 projets de loisi ordinaires, 1 projet de loi organique et 2 projets de lois ". Des suggestions ont été enregistrées au titre des observations requises selon l'usage
.
Les résultats des enquêtes antérieures exigés
L'honorable Dié Mamadou a souhaité que les résultats des enquêtes sur les déchets toxiques soient connus. " La Commission de l'environnement a travaillé pendant trois mois. Les conclusions de ses travaux ont été remises aux groupes parlementaires afin de faire une déclaration au nom du Parlement ivoirien. Les groupes parlementaires se sont mis d'accord sur une déclaration commune et le temps imparti pour aller en vacances est arrivé. Que devient la déclaration du Parlement ivoirien sur l'affaire des déchets toxiques ", a interpellé le député. Son collègue Dacouri a, quant à lui, abordé la question de " l'indemnisation des victimes de guerre ". " Il fut un moment, dira-t-il, où nous avons discuté d'un projet de loi sur l'indemnisation des victimes de guerre. Cette loi-là a fait même l'objet de travaux en groupes parlementaires, des commissions ont travaillé dessus. Et comme le moment s'y prête, je voudrais savoir pourquoi ce projet de loi n'est pas inscrit à l'ordre du jour ? ". Pour sa part, le député Diané ne comprend pas pourquoi le budget 2007 n'est pas au menu. Sa seconde préoccupation est relative aux évènements des 18 et 19 septembre 2002 jusqu'à 2006. " Des commissions ont travaillé, ça fait près de deux ans et jusqu'à présent nous n'avons pas de résultats malgré des sessions ordinaires, extraordinaires. Je voudrais savoir exactement à quel niveau se trouve ce travail des commissions", a interrogé le député. Réagissant à ces observations, la vice-présidente a rassuré que l'assemblée en tiendra compte dans des séances à venir. Mais qu'il fallait respecter la méthode de travail du Parlement, méthode selon laquelle les préoccupations sont adressées aux groupes parlementaires puis aux commissions et les présidents les transmettent à la conférence de présidents. Et c'est cette instance qui, en élaborant le calendrier des travaux, propose les sujets recueillis en aval. La séance a pris fin sur cette précision sur le coup de 11h30.


Voix express
AmoikonNEdjampan Tiémélé (PDCI) :
" Après l'accord de Ouaga l'Assemblée doit continuer son travail "
Vous savez qu'on a vécu beaucoup de problèmes après l'adoption de la résolution 1633 qui recommandait une transition avec toutes les institutions de la République. Et puis véritablement on a dû se rassembler même s'il elle (l'Assemblée nationale) ne pouvait plus exister. Nous avons réagi et malheureusement ça été très difficile, mais aujourd'hui que nous sommes dans une nouvelle phase, toutes les parties ivoiriennes sont d'accord pour que nous allions à la paix. Après l'accord de Ouagadougou, nous estimons que l'Assemblée nationale doit pouvoir continuer son travail. Tout comme les autres institutions de la république. Nous comptons sur le Président de la République et le Premier ministre pour arriver à cela. Il y a toujours le dialogue direct entre les députés. Quand les positions s'expriment c'est face-à-face, on n'a pas besoin de facilitateur ni de médiateur. Nous allons donc continuer

Séri-Bi N'Guessan Privat (PDCI):
"Nous mettrons l'Assemblée nationale sur les rails de la paix "
Madame la vice-présidente a dit que nous sommes dans un contexte politique nouveau. Et qu'elle souhaiterait qu'à l'image du dialogue direct à l'extérieur, qu'il y ait un dialogue interne. Vous savez en Côte d'Ivoire tout peut se faire sur la base du dialogue. Les positions antagonistes, extrémistes ne sont pas souhaitées par nous. Tout conflit, quelle que soit sa gravité peut se régler sur la base du dialogue. Le bon fonctionnement de l'Assemblée nationale dépend de la volonté, de la bonne foi affichées par les uns et les autres pour que l'Assemblée nationale puisse être en appui au processus de paix. Depuis la résolution 1633, 1721, le rôle qui a été donné à l'Assemblée pour appuyer le processus de paix, nous, nous y avons adhéré. Si cette mission principale est mise en avant et qu'il n'y a pas de volonté d'utiliser l'Assemblée à faire autre chose, nous les députés PDCI, au niveau de la mouvance, sommes tout à fait partants. Vous voyez les projets de loi, des propositions de loi ont été programmées. Nous n'avons pas pris de propositions particulières là-dessus. Mais si la volonté d'aller sincèrement à la paix, si le dialogue interne s'instaure, on fera beaucoup de choses. On mettra l'institution, l'Assemblée nationale sur les rails de la paix.

Daléba Zozoro :
"Il faut bien que nous retrouvions l'unité de la Côte d'Ivoire"
L'Assemblée est la représentation nationale. Aucun député ne peut souhaiter que le pays reste divisé. Mais il faut bien que nous retrouvions l'unité de la Côte d'Ivoire et qu'on puisse aller aux élections. On peut vouloir la paix et toujours engager le débat contradictoire. On n'a jamais voulu l'unanimisme à l'Assemblée, le débat peut être contradictoire mais dans la dynamique de l'unité et de la paix.

VouamaNBernadette (Vavoua) :
"Aujourd'hui il n'est pas trop tard pour bien faire "
Quand on dit que les parlementaires ont été accusés de bloquer le processus de paix, j'avais dit qu'ils avaient échoué. Aujourd'hui, ce sont les lois de Marcoussis qui sont reprises et acceptées. Et qui sont utilisées par le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Soro Guillaume. Si à l'époque nous avions compris ces lois-là, on pouvait aller rapidement à la réconciliation en essayant d'amener toute la population de la Côte d'Ivoire à pardonner, à faire des sacrifices. Mais en son temps, l'esprit de parti politique a beaucoup joué et donc nous n'avons pas voulu faire la lecture de ce qui nous avait été proposé à l'époque. Aujourd'hui, on reconnaît que c'est entre nous Ivoiriens que nous avons trouvé une solution. Mais nous avons mis quatre ans pour trouver cette solution, ce qu'on aurait pu faire à l'époque. Et cela aurait pu redorer le blason du Parlement. Nous élus, aurions été regardés par la population comme étant ceux qui ont sauvé le pays. Nous avons préféré jouer dans le camp des politiques, nous sommes des politiques c'est vrai, mais à un moment donné, il fallait enlever sa veste de politique pour parler sentiment, parler de la situation de crise que vit la population. Et d'évoquer la consolidation du climat social, ce qui n'a pas été fait à l'époque. Aujourd'hui, il n'est pas trop tard pour bien faire. Nous avons été rappelés à l'ordre par la puissance du Saint Esprit, Dieu nous a touché le c?ur et nous sommes aujourd'hui à la normalisation. Notre pays est riche, j'ai foi que nous irons rapidement à un éveil économique qui va nous permettre de rattraper le temps perdu.

Yah Bi Gohi Robert
(Fpi, Bonon)
C'est à nous maintenant de faire la promotion du dialogue direct qui est en train de réussir. Et nous attendons les missions qui nous seront confiées.

Bidi Ignace

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023