L'accord de Ouaga fait aujourd'hui ses effets dans la reconstitution du tissu social ivoirien déchiré depuis 2002. Le chef de la délégation de la rébellion aux pourparlers du dialogue direct pourrait profiter de cette nouvelle dynamique pour pacifier ses rapports avec les siens.
Numéro 2 de la rébellion née en 2002, Louis André Dakoury Tabley a été banni depuis le début de la crise politico-armée par les populations de Gagnoa, principalement celles de Kpapékou son village natal. Cette situation, on s'en souvient, avait valu en son temps le refoulement de la dépouille mortelle de feu Dakoury Tabley Benoit, son frère cadet assassiné aux premières heures de la crise. Les populations ce jour-là avaient pris à partie la famille et les amis du défunt, qui accompagnaient le corps dans son village natal, pour y participer aux obsèques. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous le pont. L'homme a beaucoup souffert de ce bannissement mais cette situation pourrait être bientôt un vieux souvenir. En effet, des tractations sont en cours depuis la signature de l'accord de Ouaga en vue de faciliter la réintégration du numéro 2 du MPCI dans sa région natale. Après plus de cinq années d'interdiction dans le village qui l'a vu naître, l'actuel ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre éprouve un réel besoin en effet de revoir ses parents. Il se sent marginalisé et veut mettre fin le plus tôt possible à cette situation pénible à supporter. Pour ce faire, il a suscité un certain nombre d'actions qui ont commencé à porter leurs fruits sur le terrain. Des rencontres ont même été menées au haut niveau, dit-on, pour faciliter son retour parmi les siens. Et selon des informations en notre possession, Laurent Gbagbo qui est lui-même natif de Gagnoa a encouragé les initiatives visant à réconcilier Dakoury Tabley avec les siens. Surtout qu'une telle action peut contribuer à mettre davantage en confiance les rebelles qui continuent de résider à l'hôtel du Golf malgré l'accord de Ouaga et la nomination de Soro Guillaume au poste de premier ministre. A l'instar du président de la République, les cadres de Gagnoa adhérent tous à l'idée et ne manquent pas dans leurs échanges avec les populations d'inviter les uns et les autres au pardon. Dans ce sens, récemment une cérémonie dite de réconciliation des fils de Kpapekou et présidée par le ministre Dano Djédjé a planté le décor. Selon le président de la jeunesse unie du fromager, M. Serges Yirigalé Dimitri, une structure qui a décidé de préparer sur place le retour du ministre Dackoury Tabley parmi les siens, '' si Gagnoa en avait gros sur le c?ur car les populations ont mal apprécié l'appartenance de leur fils à la rébellion qui a défiguré le pays, tout le département est aujourd'hui disposé à l'accueillir''. A l'en croire, les chefs de village et les différents responsables de mouvements de jeunesse locaux, initialement opposés au retour du ministre avant l'accord de Ouaga, y adhèrent pleinement aujourd'hui. Admettant que le temps de la réconciliation est arrivé, tous ont accordé leur pardon à leur frère, selon notre interlocuteur. Mais ils lui demandent de faire en sorte que le ministère des Victimes de guerre dont il est le patron se penche le plus tôt possible sur leur situation, afin de les aider à sortir de la précarité. ''Le ministre Dakoury Tabley a besoin de ses parents qui ont eux aussi envie de le voir certainement. Son retour va accélérer la réconciliation nationale. On ne peut pas renier éternellement son fils et il est normal que Gagnoa ouvre les bras à son fils comme cela se précise'', s'est réjoui le président de la Jeunesse unie du fromager. Pour lui, cette disposition d'esprit des populations a été favorisée par l'accord de Ouaga dont le ministre Dakoury a été l'un des principaux artisans. Mais aussi par la caravane de la paix ''Prends ma main mon frère, prends ma main ma s?ur'' organisée conjointement par le COJEP de Goudé et la jeunesse du grand Nord de Koné Seydou qui a conditionné les esprits à accueillir la paix. Pour finir, il a lancé un appel à tous les fils et filles du fromager résidant dans toutes les régions du pays afin qu'ils se donnent la main et associent les efforts pour le développement de la région.
Emmanuel Akani