jeudi 26 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Messieurs les Présidents,
Le vendredi 20 avril 2007, après dix-huit audiences, le Tribunal correctionnel du Plateau, en toute illégalité, a condamné le Ministre Kobenan Kouassi Adjoumani. Durant toute la période qu'a duré la procédure, le peuple de Côte d'Ivoire a regardé et tendu ses oreilles dans votre direction, en vain. Un député en écharpe, membre actif de votre coalition politique, a été traîné devant une juridiction incompétente, et traité comme un individu ordinaire, au mépris des dispositions légales en vigueur dans notre pays.
Pour rappel, la configuration du gouvernement du samedi 07 avril 2007, qui octroie les Ministères stratégiques à votre adversaire : l'Intérieur et la Défense. L'Administration du territoire, la police, la gendarmerie et l'armée sont aux ordres du Président Gbagbo. Même si, apparemment, le Ministre en charge des finances ne semble pas être un membre déclaré du FPI, le pouvoir en place a pris le soin de contrôler la quasi-totalité des grosses structures où circulent sous le manteau des masses d'argent considérables. Il s'agit principalement du Ministère de l'Energie et des Mines, important pourvoyeur de ressources financières non déclarées au budget de l'Etat, selon des sources indépendantes concordantes. Par ailleurs, l'actuel locataire du palais présidentiel du Plateau est également assuré du soutien sans faille des Directeurs généraux des deux Ports d'Abidjan et de San Pedro, ainsi que des douanes ivoiriennes qui, pour des raisons évidentes de reconnaissance du ventre, ne font pas de mystère autour de leur préférence pour votre adversaire commun. A cela, il convient d'ajouter l'apport financier non négligeable de la " caisse noire " des filières café-cacao, entièrement contrôlées par des militants avérés du FPI. Les aspects de sécurisation militaire et financière de l'élection présidentielle future étant quasiment cernés, il ne reste plus que la dimension juridique dudit scrutin à tester, et à régler. Voici planté le contexte dans lequel s'est déroulé le procès de votre militant, le Ministre-Député Kobenan Kouassi Adjoumani. Ce qui s'est passé, n'est rien d'autre qu'un ballon d'essai dont l'objet est double. En premier lieu, le Président Gbagbo entend explorer les coins et recoins de notre pouvoir judiciaire pour en avoir une photographie précise. Désormais, il sait qu'il peut compter sur la complicité d'un certains nombre de magistrats, au niveau de ce premier niveau des prises de décisions juridiques. Cette étape initiale étant franchie, le clan présidentiel entend, dans ce même ordre, aller jusqu'au bout de la chaîne de décision de la hiérarchie de notre appareil judiciaire. Chacun sait que le Ministre Adjoumani, Député de la Nation, vient de mandater son Conseil pour faire appel de la décision qui a été rendue le vendredi dernier. Cette démarche, donne au Président Gbagbo l'opportunité d'aller jusqu'au bout de sa logique : avoir la main mise sur les juges et les décisions qu'ils auraient à prendre dans le cadre des élections à venir. Certes, la Commission Electorale Indépendante (CEI) existe, au plan institutionnel. Au demeurant, de quels moyens dispose cette Institution pour s'opposer à une décision de la Cours suprême, contraire à toute disposition légale ? Que pourrait raisonnablement la CEI pour en imposer à la volonté du clan présidentiel de se maintenir au pouvoir à tous prix ? Pour impartiale qu'elle paraisse, la CEI ne peut aller au-delà de son pouvoir d'organisateur et de superviseur des élections. Tout le monde le sait. Avec tout le respect dû à votre rang et à vos responsabilités, je voudrais m'autoriser à vous dire que ce procès et cette condamnation du Ministre Adjoumani ne doivent plus être perçus comme l'affaire d'un individu. Aujourd'hui, il ne me semble pas excessif d'affirmer que le Président Gbagbo a intenté ce procès, pour tester la capacité de réaction de notre opposition politique, en cas de hold-up électoral validé par des magistrats aux ordres. C'est donc votre procès ! A ce titre, le Président Gbagbo aurait investi des centaines de millions dans cette opération qui vis à paralyser l'opposition politique. Tel est le second objectif visé par cette mascarade de procès en cours. Or vous représentez les piliers visibles de cette opposition. Déjà, à travers le " Dialogue direct ", le fils a rejoint le père dans une coalition qui dit son nom. Notre certitude est faite : l'opposition armée vient d'être ligotée et bâillonnée. Au cas où vous en douteriez encore, je vous prierais de vous référer à la récente manifestation organisée par le clan présidentiel et les Forces Nouvelles à Yopougon Le fait de n'avoir pas été conviés à prendre part à ce " bal poussière " des Ouagalais devrait vous interpeller suffisamment... Chers Messieurs, prenez donc vos responsabilités dès à présent. Le Ministre Adjoumani a investi beaucoup d'argent dans ce procès. Ne serait-ce que pour cette raison, il aurait pu s'en tenir à la décision du Tribunal de Première Instance, pour " respirer " moralement et financièrement. Dès lors, sa décision de faire appel n'est pas seulement un acte de courage ; elle traduit la volonté d'un homme de se battre, au risque de se voir humilié et ruiné matériellement, pour affirmer une conviction, défendre un idéal de justice, et promouvoir l'avènement d'une démocratie vraie en Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire plurielle qui souffre vous regarde. Dans le scandale des déchets toxiques, le Président Innocent Anaky Kobenan a été humilié et lynché comme un vulgaire individu. Une cabale a été montée de toute pièce contre M. Adama Bictogo, conseiller du Président du RDR et du Premier Ministre Charles Konan Banny. D'autres militants de votre coalition politique sont traqués au quotidien par la Refondation. Chaque fois, le peuple a regardé et tendu les oreilles dans votre direction, en vain. Messieurs les Présidents du PDCI-RDA, du RDR, du MFA et de l'UDPCI,
Vous avez déjà trop souvent failli, à mon humble avis. Si jusqu'à présent, vous ne semblez pas avoir éprouvé le besoin de réagir promptement, il est temps de le faire de la manière la plus dynamique et appropriée. Vous avez aujourd'hui l'occasion de vous ressaisir avec " l'affaire Adjoumani ". Donnez-nous des signaux forts de votre engagement pour la justice, et de votre détermination à nous sortir de cette situation d'incertitude dans laquelle le régime des refondateurs veut nous maintenir vaille que vaille !

Novy M. Oibom
Citoyen Ivoirien
E-mail : novy2m@hotmail.com

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