mercredi 25 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

Que d'attentes déçues. Les adversaires du chef de l'Etat n'en peuvent plus de voir la communauté internationale lâcher du lest. Le temps où le GTI distribuait des cartons rouges à tour de bras au camp républicain est révolu.

De Linas Marcoussis à Ouagadougou, que d'espoirs entretenus mais déçus ! Au moment où le nouveau cadre institutionnel prend son envol, le RHDP doit sans doute regretter d'avoir tout misé sur la communauté internationale. La France cherche ses marques dans la crise ivoirienne, et l'ONU n'a plus la même emprise sur ce dossier. Pire, pour les houphouëtistes, New York n'en finit pas de lâcher du lest, laissant libre champ aux belligérants de trouver les mécanismes de sortie de crise. Ainsi, la résolution 1721 qui a constitué un tournant décisif après l'accord de Marcoussis, dans leur lutte contre Gbagbo, est reléguée aux calendes grecques. En 2003, le PDCI, le RDR et leurs satellites, au plus fort de leur idylle avec la rébellion, n'ont pu dépouiller le chef de l'Etat de ses prérogatives. Pas plus que sous Banny, pourtant auréolé de la 1721. Le texte d'inspiration française faisait du Premier ministre, sinon le véritable patron de l'exécutif, à tout le moins l'égal du chef de l'Etat. Selon le document, Banny devra avoir tous les pouvoirs nécessaires, toutes les ressources financières, matérielles et humaines voulues et une autorité totale et sans entraves () . De quoi faire jubiler les adversatives de Laurent Gbagbo. A terme, ce fut un leurre. Les appels du pied à l'ONU n'ont pu changer la donne constitutionnelle maintenue en vigueur. Et moins d'un an après la reconduction du prince des ?'Morofê'', les ténors du RHDP font l'amère expérience des limites de la communauté internationale. Encore que leur allié, Kofi Annan, a cédé son fauteuil. Même la suspension de l'Assemblée nationale exigée par la France, s'est avérée au finish un coup d'épée dans l'eau. Les parlementaires RHDP ont fait feu de tout bois, pour ensuite lâcher prise, face à l'intransigeance du président du Parlement. Conséquence, la ?'reine d'angleterrisation'' de Gbagbo n'a pas eu lieu. Aussi, lorsque le chef de l'Etat annonce le dialogue direct en fin d'année dernière, c'est le branle-bas. Bédié, ADO et leurs partisans s'offusquent, à l'idée d'être écartés du processus de résolution de la crise. Ils ont fait des gorges chaudes, appelé la France et l'ONU à la rescousse, en vain. La rébellion et la présidence de la République ont engagé des discussions sans eux. Les pressions sur le secrétaire général du MPCI n'y ont rien pu. De guerre lasse, le PDCI et le RDR ont exhorté le facilitateur burkinabé à les inviter à la table de négociations.

Le nouveau combat de Bédié et ADO
Le dialogue inclusif prôné par le RHDP n'a pas reçu d'écho. Et la communauté internationale, n'a pas bougé le petit doigt. Un énième coup asséné aux relais locaux de la Françafrique. Et le 4 mars dernier, le RHDP a découvert comme tous les Ivoiriens, le contenu de l'accord de paix de Ouaga. Les poids lourds des partis politiques coalisés, consultés par intermittence, n'ont pu peser sur la teneur des arrangements politiques. Tout au plus, les débatteurs ont-ils concédé à les intégrer dans un ?'Cadre permanent de concertation'' (CPC), et les élever à titre presque honorifique au rang de présidents d'institution. Depuis quelques jours, Bédié et ADO engagent une nouvelle bataille. Appuyés par la cellule africaine de l'Elysée, ils entreprennent de maintenir les dispositions prises par la résolution 1721, s'agissant de l'organisation des élections. Jeudi dernier, à l'issue d'une concertation informelle entre Bédié et Ouattara, ils décident de saisir Blaise Compaoré et les instances internationales afin de maintenir la haute représentation de l'ONU pour les élections. Une attitude commandée par la volonté des signataires de l'accord de Ouaga de se passer des experts onusiens, lors des prochaines joutes électorales. Une tâche que la 1721 a confiée à Gerard Stoudman, la seule autorité habilitée à rendre les arbitrages, en vue de prévenir ou résoudre toutes difficultés ou contentieux liés au processus électoral avec le médiateur , selon la résolution. Or, selon des sources, le départ de ?'M élections'' de l'ONU est imminent. Le mandat de Stoudman arrive à expiration et il ne sera pas renouvelé. Le chapitre portant élection dans l'accord facilité par Compaoré supprime cette ingérence internationale. Désormais, seuls la CEI, l'INS et un opérateur technique désigné par le gouvernement vont régir les compétitions électorales. Cela, en phase avec un décret pris en conseil des ministres (qui) précisera les modalités de cette collaboration. En clair, une affaire de l'administration ivoirienne. Plus qu'il n'en faut pour provoquer l'ire du RHDP. Les alliés battent le rappel de leurs amis de l'extérieur pour convaincre le chef de l'Etat de maintenir la formule de la 1721. Il y a fort à parier que cette autre requête aura le même destin que les précédentes. Les émissaires de Ban Ki moon qui viennent de séjourner dix jours durant à Abidjan, sont formels. L'organisation et la conduite des élections reviennent aux institutions ivoiriennes , a conclu Hedi Hannabi, à la suite de ses rencontres avec la présidence de la République, la Primature et le RHDP. Certes, souligne-t-il, les nations unies ont le mandat d'accompagner ce processus, de veiller à ce qu'il se déroule dans de bonnes conditions (). Mais, ressasse Hedi Hannabi, le processus doit être fondamentalement mené par les institutions ivoiriennes créées à cet effet. Constat, l'on est bien loin de la toute puissance du haut représentant des élections que réclame le RHDP. Un véritable coup de poignard qui devrait instruire les houphouëtistes. Sales temps pour les alliés. Le GTI, le ?'gardien du temple'' ,a perdu de sa superbe. En attendant qu'il soit rendu en état de reliques. Si ce n'est déjà fait

Guillaume N'Guettia

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