mercredi 25 avril 2007 par Le Temps

Le Président Laurent Gbagbo et les peuples Akouè et Nanafouè ont communié hier, au Palais de la Présidence. Intégralité du discours du Président. Je suis fier de recevoir l'association Agoua. Je suis fier de recevoir autant de chefs Akouè. Je suis fier de recevoir autant d'amis venant de Yamoussoukro. Je suis fier tout simplement d'être ensemble dans la République de Côte d'Ivoire. Hier encore, j'étais à Yamoussoukro. J'ai fait un aller-retour parce que l'architecte qui construit les bâtiments est venu et il fallait qu'il m'explique un certain nombre de chose, pour que nous puissions continuer le travail. On va aller à Yamoussoukro. Aujourd'hui, je mesure bien l'inquiétude de certains opérateurs économiques. Ceux qui ont les restaurants, les hôtels, les maquis... Et qui sont heureux quand je me déplace à Yamoussoukro, parce que je me déplace avec beaucoup de gens ce qui fait que leurs commerces marchent. Quand je ne suis pas là, ils sont inquiets. Dites-leur que nous allons arriver. Aujourd'hui, vous savez, je suis en train de chercher des petites maisons pour les chauffeurs, les secrétaires, les dactylos, pour tout le petit personnel. Dès que j'ai ça, l'Assemblée nationale va déménager à Yamoussoukro. Parce qu'à Yamoussoukro, il y a des maisons pour les grands, il n'y a pas de maisons pour les petits. Or, quand les grands sont quelque part, les petits doivent être là. Si les petits ne sont pas là, les grands ne peuvent pas travailler. Donc, notre seul problème aujourd'hui, avant de commencer le démarrage, le transfert de la capitale, c'est la maison des petits ( les chauffeurs, dactylos, secrétaires). Et cette semaine, j'aurai une réunion avec le maire, le Gouverneur, le Préfet de Yamoussoukro, le premier vice-président du Conseil économique et social pour qu'on règle cette question une fois pour toute. On va chercher un lieu, nous allons désigner un opérateur, nous allons dégager un peu d'argent, il va commencer à nous construire des logements économiques. Parce qu'aujourd'hui, tous les députés peuvent être logés. Je pense que les députés originaires de Yamoussoukro n'ont pas besoin d'aller à l'hôtel. Mais, il y a la place pour tous les députés. Je pense que les députés originaires de Toumodi, de Tiébissou, d'Oumé, de Sinfra, de Didiévi, ils n'ont pas besoin d'aller à l'hôtel mais s'ils veulent, il y a de la place pour eux. Ils vont payer. Ils peuvent travailler en tant que députés pour le moment, dans les amphis de la Fondation Houphouët-Boigny. Mais, nous cherchons des logements pour les petites personnes qui conduisent les députés, les présidents des Institutions, les ministres, des secrétaires, les dactylographes etc. Nous cherchons la place pour eux. Dès que cela est fait, vous allez avoir en permanence 200 députés et leur personnel. On avance petit à petit. Après ça, les députés vont emménager dans leur Parlement et puis la Présidence va venir petit à petit. Pour le moment, la présidence peut rester à la fondation Houphouët-boigny, il y a 300 bureaux dans ce bâtiment. Donc, apprêtez-vous à nous recevoir, on arrive. Chers amis, vous savez, dans la vie d'une nation, il y a des moments difficiles comme ceux que nous traversons. Ce n'est pas bien. Personne n'aime la guerre, personne ne veut voir la guerre. Mais, quand la guerre arrive, il faut en tirer les leçons. Il n'y a pas eu assez d'amour, il n'y a pas eu assez de solidarité entre les ivoiriens. Il n'y a pas eu assez de solidarité, avant la guerre, pendant la guerre. Nous n'avons pas été assez solidaires. Il faut que tout le monde comprenne que nous sommes dans une pirogue. Si tu es dans une pirogue et que tu veux renverser la pirogue, mais, les autres ne vont pas mourir pour te laisser sur la terre. Vous allez tous mourir ensemble. Vous allez couler ensemble. Nous sommes dans une pirogue et il y en a qui s'agitent dans la pirogue. Il faut leur dire que la pirogue, c'est nous tous qui sommes dedans. Ce sont nos vies qui sont dedans. Et que si la pirogue se renverse, nous tous, nous serons au fond de l'eau. Je ne veux pas que nous soyons au fond de l'eau. C'est pourquoi, je veux que la pirogue traverse tranquillement.Chers amis, chers parents, je vous le dis. Les anciens temps sont passés. Aujourd'hui, nous sommes dans les nouveaux temps. Vous avez vu le chef du village qui a lu son discours. Mais avant, on ne trouvait pas un chef de village qui savait parler français. Aujourd'hui, tous les chefs de village parlent français. Que ce soit en pays Baoulé, Bété, Agni, Sénoufo, tous les chefs de villages sont maintenant des gens qui ont été à l'école, qui sont à la retraite. Les temps sont en train de changer. Celui qui ne voit pas que les temps changent, il sera en retard. Vous êtes les Akouè de Yamoussoukro, je voudrais qu'on cause un peu. Parce que souvent, les cadres qui sont à Abidjan, quand ils veulent avoir des voix pour se faire élire en pays Baoulé, il y a aussi des Bété qui font ça en pays Bété, ils racontent n'importe quoi. Aujourd'hui, comme c'est avec vous que je suis, je vais parler de certains de vos cadres et de ce qu'ils disent. " Voilà, on tue vos frères à l'Ouest. Tous les Baoulé qui sont à l'ouest dans les plantations, on est en train de les tuer. Et c'est Gbagbo qui veut qu'on les tue ". Est-ce que ça c'est bien ? Ce n'est pas bien de dire des choses comme ça. Comment on peut tuer des gens et puis ils restent là-bas. Si moi, je suis quelque part et je vois qu'on est en train de me tuer ou bien on tue mon frère, je vais courir pour aller ailleurs. Ça, ce n'est pas vous, ce sont les intellectuels qui viennent raconter n'importe quoi. Je ne suis pas d'accord avec ça. Nous sommes un pays, on est en train de construire une nation, si nous ne nous aimons pas, si nous ne nous acceptons pas, on ne pourra pas avancer. Aujourd'hui, un Baoulé, un Bété, un Gouro, un Sénoufo, un malinké, où est la différence ? On est des Ivoiriens. Quand on va voter, il n'y a pas le bulletin d'un Baoulé à part, celui d'un Bété à part, d'un Sénoufo à part. Aujourd'hui, nous sommes en train de construire et nous sommes les mêmes. Il faut qu'on se souvienne toujours que nous sommes les mêmes. Il y a beaucoup de jeunes Bété qui sont mariés à des filles Baoulé et vice versa. Il y a des jeunes Baoulé qui sont mariés à des filles Malinké, Gouro, Sénoufo et vice versa. Mais c'est ça la Côte d'Ivoire et c'est ça que nous devons encourager. Nous devons encourager tout ce qui nous rapproche. S'il y a un problème, il faut demander à celui qui en est l'auteur. " Mon frère, tu m'as fait ça, je ne suis pas content ". Il va s'expliquer. Mais, si on s'en va la nuit trouver les chefs Baoulé pour leur empoisonner la vie, pour leur raconter des choses qui n'existent pas : " Ah oui, à l'ouest, on va faire ça. A l'ouest, ils sont en train de faire ça ", ce n'est pas bien. A cause de ça, quelquefois, on a peur de se parler. Tu es là, quelqu'un marche sur ton pied. Mais tu dis : " si je lui dis tout de suite qu'il m'a blessé ", il va dire : " oui, comme je suis Baoulé alors, c'est pour cela qu'il parle ". Mais, même quand Dieu nous a créé, la langue et les dents, ça fait des palabres. Qui n'a pas encore mordu sa langue de sa vie ? Quelquefois, tu es en train de manger et puis, tu mords ta langue. Est-ce pour cela que tu coupes ta langue pour la jeter ? Ou bien tu dis: " Comme mes dents ont mordu ma langue que je vais m'arracher toutes les dents pour les jeter ? Quand on est dans un pays, on habite côte à côte, souvent, on fait des palabres. Mais, après, la vie continue. Ne vous laissez pas embarquer par des gens qui cherchent mal les voix. C'est eux-mêmes qui font et puis après, ils ne peuvent pas entrer dans les villages. Parce que si tu dis que les Wobé tuent les Baoulé, demain, tu ne peux plus aller faire campagne dans les villages Wobé. Moi, je vais dans les villages Baoulé. Vous me voyez quelquefois dans les villages Baoulé. Les gens du village de Kossou me voient tous les jours, quand j'arrive, je les salue, on cause et puis je continue mon chemin. Parce que je ne raconte pas des choses mauvaises sur les Baoulé. Donc, mon c?ur est tranquille. Je n'ai pas peur d'aller dans un village Baoulé parce que mon c?ur est tranquille. Mais, quand tu es là et tu dis tous les jours que les Bété sont mauvais, quand tu dois aller dans un village Bété, tu as peur, parce que tu sais ce que tu as dis. Vous comprenez? Mais si moi, je viens dans votre village, c'est parce que je ne raconte rien de mauvais sur les Baoulé. J'ai des amis Baoulé. Si Amani N'Guessan Michel me fait quelque chose de mal, je vais dire : " Amani, tu n'es pas bien ". Mais Je ne vais pas dire que tous les Baoulé ne sont pas bien. Il y a Amani, et puis il y a les Baoulé. Donc, je vous encourage à ne pas écouter tous ceux qui sèment la division en Côte d'Ivoire. Tous ceux qui sèment la haine, je vous encourage à ne pas les écouter. N'écoutez pas ceux qui prêchent la haine, ceux qui prêchent la division. Retrouvons-nous entre enfants de la Côte d'Ivoire, travaillons ensemble, parce que notre pays est un bijou. La Côte d'Ivoire est un bijou. Parce que si ce pays-là se casse, c'est nous tous qui sommes perdus. Si ce pays-là se casse, c'est l'Afrique de l'ouest qui est perdue. Il ne faut pas laisser les gens faire en sorte que la Côte d'Ivoire se casse. Moi, j'ai été élu Président de la République, mais, en Côte d'Ivoire, on est nombreux. Les voix d'une ethnie ne peuvent pas élire quelqu'un Président de la République. Si tu es Bété, les voix des Bété seuls ne peuvent pas t'élire Président de la République. Il en est de même pour les Baoulé, les Sénoufo etc. Donc, quand tu es élu Président de la République, c'est que dans toutes les autres ethnies, des gens t'ont élu. Ils t'ont fait confiance, donc, il faut travailler pour tout le monde. Si tu es à un petit poste que le Président t'a donné, il faut travailler pour tout le monde. C'est ça qui est la Côte d'Ivoire, c'est ça que j'essaies de faire. Vous croyez que devenu président, je vais envoyer la capitale à Gagnoa ? Mais, ceux qui ont mis la capitale à Yamoussoukro depuis 1983 , ils savent pourquoi ils l'ont fait. La loi existe. Les investissements ont déjà été faits à Yamoussoukro. Des grands bâtiments existent déjà à Yamoussoukro. Si je disais : " Oui, je vais emmener la capitale à Gagnoa ", c'est un crime économique que je commets. Il fallait laisser et compléter le travail qui a déjà été fait. Quand tu es président de la république, tu ne prends pas un bulldozer pour enlever ce que les autres ont fait avant toi, et puis, recommencer. Sinon, les pays n'allaient jamais être développés. On complète ce que son prédécesseur a fait. Celui qui va arriver après toi, va compléter ce que tu auras laisser. Et c'est comme ça que le pays avance. Moi, en 1983 je n'étais pas content quand Houphouët a dit que Yamoussoukro sera la capitale. Pourquoi je n'étais pas content ?
Je n'étais pas content que lui, le dise. Parce qu' un Président de la République en fonction, quand lui-même il le dit, ça fait comme si c'est parce que c'est chez lui. Mais, qu'il nous laisse parler. Aujourd'hui, quand je construis Yamoussoukro, je suis à l'aise, parce que je ne suis pas originaire de Yamoussoukro. Quelqu'un ne peut pas me dire que je fais des combines. Quelqu'un ne peut pas me dire que j'emmène l'argent de la Côte d'Ivoire chez moi. Je suis à l'aise, c'est ça que je veux. Et après moi, tous ceux qui vont venir, vont compléter et terminer Yamoussoukro. Mais, ce que je suis en train de faire, quand j'aurai fini ça, personne ne pourra pas déplacer la capitale. Quand on va finir l'Assemblée Nationale, la Présidence de la République, personne ne peut plus dire : " Allons ailleurs ". Celui qui dira ça sera hué. Donc, regroupons-nous, donnons-nous la main pour bâtir la Côte d'Ivoire. La crise est en train de finir. La crise est finie. Maintenant, c'est nous-mêmes, comme on n'a pas encore fait les élections. Bientôt, on va affecter les préfets partout où il n'y en a plus, les sous-préfets, les secrétaires généraux de préfecture. Bientôt, on va refaire un nouveau découpage, parce que je veux qu'on ait dix régions plus les deux districts. Monsieur le Gouverneur du District de Yamoussoukro, travaillez bien, parce qu'il faut éviter à Yamoussoukro, le problème qui est arrivé à Abidjan. C'est ce que le chef Kouassi Elisée a rappelé tout à l'heure. Quand j'arrivais à Abidjan, on était petit. Il y avait trois quartiers. Il y avait Adjamé, plateau et Treichville. On est là, des quartiers sont nés partout et le gouvernement ne contrôlait plus, parce que tous les gens venaient à Abidjan. Aujourd'hui, on ne peut même pas dire exactement combien d'habitants il y a à Abidjan. C'est ce qu'il faut éviter à Yamoussoukro. Tout ce qui pollue, nous allons l'interdire à Yamoussoukro. On ne va pas mettre des usines à Yamoussoukro. Il faut que Yamoussoukro soit une ville agréable. Il faut que nos parents gardent beaucoup de terres pour cultiver. C'est pourquoi, il faut étudier cette question avec eux. Le pourtour qu'Houphouët avait délimité pour faire le quartier administratif, moi, je prends ça. Mais pour le reste, il faut que tu discutes avec eux. Tu es le Gouverneur du District de tout le département, il faut discuter avec eux, pour que nos parents Akouè, Nananfouè à Yamoussoukro aient toujours de la terre pour cultiver. C'est ça qu'on n'a pas réussi à faire à Abidjan, c'est pourquoi Amondji a des problèmes. Je vous ai nommé ensemble et j'ai dit à Amondji : " Amondji, ton problème, c'est de nettoyer les marmites dans lesquelles tu n'as pas fait la cuisine. Mais, toi Apollinaire, ton problème, c'est de faire en sorte que la marmite reste propre ". Donc, si on ne réussit pas à faire le rapport entre l'urbanisation indispensable d'un village qui devient capitale et l'agriculture, si tu ne réussis pas à faire cela, ils sont perdus. Il faut faire le point, vous avez dans votre région beaucoup de cadres, appelez-les et réunissez-vous en association comme l'association Agoua et travaillez ensemble. Les terres de culture, il faut les dégager pour que eux, ils puissent les cultiver. Et les terres d'urbanisation, il faut les dégager aussi pour que nous puissions travailler. S'il y a des gens à indemniser sur les terres d'urbanisation, il faut le dire pour qu'on puisse le prévoir au budget. Mais, il faut éviter ce qui est arrivé à Abidjan. Je tiens à ça parce que la population de la Côte d'Ivoire augmente. Il ne faut pas que chaque fois qu'elle augmente, ce soit les paysans qui soient les grands perdants. Sinon demain, s'il n'y aura plus de champs d'igname, de riz, de manioc, on va manger quoi ? Si demain, on détruit tout pour faire la ville, et il n'y a plus de plantations de café, de cacao, on va exporter quoi ? Donc, vous les chefs, il est le gouverneur, mais, vous avez aussi les yeux pour le regarder. Toi, tu es le gouverneur, mais, tu as aussi les oreilles pour les écouter. Donc, travaillez ensemble. Si vous ne travaillez pas ensemble, son travail est perdu. Je vous fait confiance. La paix est là, rendez-la dynamique. La rentrée scolaire prochaine sera une rentrée normale. Ce sera bien mais, je compte sur vous. Le vrai problème que je veux souligner, c'est que n'écoutez pas les gens qui viennent vous raconter des histoires. Comment, vous qui avez donné le premier Président de la République à la Côte d'Ivoire, c'est vous qui aujourd'hui, allez vous diviser, aller quitter la Côte d'Ivoire, et allez gâter la Côte d'Ivoire ? Non, je ne peux pas croire à ça. C'est pourquoi, quand on m'a dit les chefs Akouè viennent, j'ai dit : " ils vont venir, et que personne ne peut les détourner de la route". Parce que, quand tu veux adorer ton fétiche tranquillement, quand tu veux que d'autres aussi adorent ton fétiche, quand tu passes et puis tu vois quelqu'un avec un fétiche, tu ne le frappes pas. Parce où si lui, il a son fétiche et que tu le lui arraches et que tu le frappes, le jour que tu adores ton fétiche, il va te frapper aussi. Est- ce que vous comprenez ? Vous qui avez donné le premier président à la Côte d'Ivoire, il y a des comportements que vous ne pouvez pas avoir. Que ceux qui ont des oreilles entendent, et que ceux qui ont des yeux voient. Alors je suis heureux d'être avec vous, et je serai encore plus souvent avec vous, parce que les travaux sont rentrés dans une phase accélérée à Yamoussoukro. Je suis heureux de vous voir et de vous entendre. Vous m'avez demandé une visite d'Etat, j'ai oublié de répondre à ça mais, je viendrai en visite d'Etat à Yamoussoukro. On en avait déjà discuté avec mes amis. Je vais faire une visite dans la région des lacs, à un bon moment, pour que les gens voient la fraternité qui existent entre les ivoiriens. Je veux que ce soit une visite de la fraternité, de la solidarité, une visite de la Côte d'Ivoire naissante et renaissante, de la Côte d'Ivoire debout, de la Côte d'Ivoire qui ne veut pas plier devant quelqu'un. C'est cette Côte d'Ivoire-là que je veux fêter avec vous dans la région des lacs.
Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire !
Je vous remercie.

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