mercredi 25 avril 2007 par Nord-Sud






Agé de 52 ans, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé est en lice pour le scrutin présidentiel du 29 avril. L'ancien leader estudiantin et beau-fils du président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Omar Konaré nous parle de son programme pour ?'Un autre Mali'', des raisons qui l'ont poussé à rompre le consensus avec le président sortant Amadou Toumani Touré. Interview.








S'il y avait une candidature que nombre de Maliens n'attendaient pas à l'élection présidentielle du 29 avril, c'est bien la vôtre. Quelles sont les raisons fondamentales qui ont motivé cette candidature ?

Le Mali va mal et il y a lieu de le redresser. Je pense que la République, la démocratie et la morale publique sont en danger ; il y a lieu de se mobiliser pour arrêter cette dérive. Nous sommes dans un contexte politique marqué par l'effacement des partis politiques, l'affaiblissement des institutions de la République, un culte rampant de la personnalité, une mainmise jamais vue au Mali, sur la radio et la télévision publiques qui n'ont rien à envier à la télévision nord-coréenne. Alors, je dis qu'il y a danger et qu'il faut que les forces démocratiques se mobilisent, que l'ensemble du peuple malien se mobilise. Il y a cinq ans nous avons ?uvré tous ensemble pour l'avènement à la tête de l'Etat d'un homme : Amadou Toumani Touré, nous avions en mémoire l'homme de la transition démocratique ; Cinq ans après, force est de constater que les fruits n'ont pas tenu les promesses des fleurs. Et, nous sommes dans un champ de déception et de ruine et, il est nécessaire que le peuple malien se mobilise pour dire un grand merci à Amadou Toumani Touré. Il a fait de son mieux pour le Mali mais il a atteint ses limites, il faut l'aider à aller s'occuper d'autres choses.




Après le premier tour de l'élection présidentielle de 2002, ATT a sollicité votre soutien. Par la suite, vous avez été associé à la gestion dite consensuelle de l'Etat notamment à travers le ministère de la Jeunesse et des Sports dirigé par Moussa Balla Diakité, un de vos proches. Quand êtes-vous rendu compte des dérives que vous dénoncez aujourd'hui ? Et, pourquoi avoir attendu la veille de la présidentielle pour le faire?

Je crois que ATT est venu ici (le siège du Parena sis au Badialan un quartier de Bamako Ndlr), s'entretenir avec les dirigeants du parti, nous nous sommes entendus pour marcher ensemble. Quand est-ce que nous avons commencé à observer ses dérives, je ne peux vous le dire. Depuis janvier 2003 à notre première conférence de rentrée, nous avons dit attention! On ne peut pas construire une démocratie sans partis politiques, quand on veut marginaliser les partis politiques on prépare le lit de la dictature. Depuis janvier 2003, régulièrement, nous avons attiré l'attention du président de la République sur la nécessité d'entreprendre les reformes. Parce que pour nous le consensus de toutes les forces vives du pays, c'est l'occasion de faire les reformes sans lesquelles le pays ne peut pas avancer.




Nombre de Maliens pensent que ce sont les malversations financières qui vous sont reprochées suite au Sommet Afrique-France dont vous avez été le président du comité d'organisation en décembre 2005 qui vous ont poussé à vous venger du régime en place.

Je vous envoie aux mots du candidat Amadou Toumani Touré dans Jeune Afrique paru cette semaine si vous l'avez lu. Il a dit que certaines déclarations l'ont surpris, notamment celles de Tiébilé Dramé par exemple qui affirme être victime d'une cabale orchestrée par mon Premier ministre et moi-même.




Plus loin, il dit que vous avez été le voir. C'était pourquoi donc ?

(rire) ! Il croit que je suis allé le voir ? Justement, ce qu'il m'a reproché, c'est de n'être pas allé le voir pour lui parler de ça à l'avance. A cela j'ai réagi en disant, je me demande pour quelle raison, je vais aller vous voir ? Je ne me reproche absolument rien. Pourquoi je vais vous prévenir de cela?




Après quinze ans d'expérience en politique, vous avez connu l'exil, la prison et été plusieurs fois ministre. Quelles seront vos priorités si vous êtes élu président ?

Vous auriez dû continuer en disant : vous avez connu la tortureSi je suis élu président de la République, à l'issue du scrutin du 29 avril, je ferai en sorte de créer des conditions pour que le Mali puisse renouer avec le développement sans tintamarre, je créerai des conditions de confort de la démocratie malienne pour mettre fin aux dérives auxquelles nous assistons aujourd'hui. Je ferai en sorte que l'école malienne soit une école digne de ce nom, que l'année scolaire au Mali ne dure pas quatre ou cinq mois mais neuf mois. Je ferai en sorte que nous ayons une vraie politique agricole qui mette le paysan malien au centre des préoccupations. () Je pense fondamentalement qu'un autre Mali est possible, c'est ce message que tout au long de cette campagne j'essaie de faire passer à l'opinion malienne.




Vous êtes membre du Front pour la démocratie et la République (Fdr) qui regroupe quatorze partis de l'opposition mais en face de vous il y a l'Alliance pour la démocratie et le progrès qui regroupe une quarantaine de partis acquis à la cause du président sortant. N'avez-vous pas peur d'un fiasco ?

Ce n'est pas une question de nombre, c'est une question de qualité : qualité des hommes, des formations politiques, une qualité du projet j'allais dire la qualité des ambitions que nous nourrissons pour notre pays. Si nous avions peur, nous n'allions pas nous engager dans la course ; ceux qui ont peur ont préféré ne pas se présenter et se sont rangés derrière le président sortant le plus confortablement possible. La peur, nous on ne la connaît pas, surtout quand il s'agit du Mali.







Tiébilé Dramé, président du Mali en 2007, vous y croyez vraiment ?

Oui, la prestation de serment du nouveau candidat c'est le 8 juin.


Pouvez-vous nous donner, en exclusivité ce que vous direz aux Maliens ce jour-là puisque vous êtes convaincu de votre élection ?

Merci au peuple malien d'avoir rendu ce jour possible !




Interview réalisée par Abdoulaye Barry

Correspondant à Bamako

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