mardi 24 avril 2007 par Le Patriote

Le feu couve sous la cendre entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles. La question de la reprise imminente des opérations d'audiences foraines et d'Identification et de la procédure de leur mise en ?uvre constitue le point d'achoppement principal entre les acteurs du dialogue direct inter ivoirien, depuis quelques jours. A ce sujet, nos sources informent que le ministre de l'intérieur, Désiré Tagro du camp présidentiel et son collègue Garde des sceaux, ministre de la justice Koné Mamadou des Forces nouvelles sont à couteaux tirés sur la question. Leur dernière conversation téléphonique qui a eu lieu lundi sur le sujet a tourné court. Et depuis lors, le ministre Tagro ne cache plus son inquiétude sur les dangers qui guettent la mise en ?uvre de l'accord politique de Ouaga. Il est accusé ici d'être celui là même qui actionne souterrainement l'Office National de l'Identification (ONI) contre le ministère de la justice, maître d'?uvre de l'organisation des audiences foraines telles que préconisées actuellement par le gouvernement et selon les accords en vigueur. L'ONI veut, en effet, s'emparer avec la bénédiction active du ministère de l'Intérieur. C'est Tagro, affirment des sources bien introduites, qui tire les marrons du feu. Un clash se profile à l'horizon . En fait, l'Office se prévaut du décret portant sa création pour exiger du ministre de la justice le droit d'organiser les audiences foraines qui, selon le point 1.1 de l'accord de Ouaga, seront relancées sur l'ensemble du territoire national dès la mise en place du nouveau gouvernement . L'accord va plus loin pour indiquer : Dans le but d'accélérer la délivrance des jugements supplétifs d'acte de naissance, les magistrats appelés à animer les nouvelles juridictions créées pour les besoins des audiences foraines seront nommés par décret présidentiel et dotés de moyens nécessaires pour leur mission . Alors que cette disposition réglementaire n'est pas encore effective, voilà que les querelles pour la prise de contrôle de l'organisation des audiences foraines font jour au plus mauvais moment. Le ministre de la justice qui a une parfaite connaissance du dossier et des textes portant organisation judiciaire en Côte d'Ivoire, en sa qualité de magistrat hors hiérarchie, ne s'est évidemment pas laissé distraire par les agissements des pêcheurs en eau trouble de l'Office et du ministère de l'intérieur. Avec le soutien des experts de la Commission Nationale de Supervision de l'Identification (CNSI), il a rejeté du revers de la main ce projet du camp présidentiel visant, en réalité, à faire une OPA sur les audiences foraines qui relèvent de son département. Le débat devenu malsain a ressurgi, hier, au pré séminaire gouvernemental qui a eu lieu à Grand Bassam. Une fois de plus, les émissaires de l'ONI ont été mis en minorité. Dans la mesure où c'est le gouvernement lui-même qui est à l'initiative de cette opération-ci d'audiences foraines, il va sans dire que le ministère de la justice en est le maître d'?uvre. Le décret d'attribution du ministère fait foi. Même si le décret de création de l'ONI lui donne droit d'organiser, par moments, des audiences foraines, rien ne l'autorise dans le cas d'espèce à vouloir marcher sur les plates bandes du Garde des sceaux. Et les services de celui-ci ne se sont pas fait prier pour ramener l'ONI et le ministère de l'Intérieur à leurs copies. Depuis lors, le malaise est grandissant entre les deux membres du gouvernement. Toutefois, une source proche du ministère de la justice jointe, hier, au téléphone tente de relativiser les faits et de faire croire qu'il s'agit ni plus ni moins d'un incident mineur. Incident né, selon notre interlocuteur, de la confusion expressément créée par une interprétation fantaisiste du décret de création et des attributions de l'ONI par certains fonctionnaires du ministère de l'Intérieur qui veulent, en réalité, tirer profit du clash qu'une telle situation occasionne. Pour lui, l'incident est clos et l'organisation, de bout en bout, des audiences foraines demeure l'affaire du ministre Koné Mamadou et de ses services. Soit ! Mais, des sources non moins crédibles soutiennent le contraire. Et affirment que le blocage politique est inévitable entre le camp présidentiel et les forces nouvelles surtout dans la mise en ?uvre du chronogramme annexé à l'accord global de Ouaga. D'un côté, informent nos sources, le camp présidentiel exige, avant toute chose, le désarmement immédiat et sans conditions des ex combattants rebelles, le redéploiement sans délai de l'administration générale (corps préfectoral, policiers, gendarmes et militaires loyalistes) et des services publics ainsi que la réunification du territoire national. L'objectif du camp Gbagbo ? Percer les zones Centre, Nord et Ouest (CNO) pour y faire pré campagne et espérer, de ce point de vue, y glaner au moins 5% des voix à la prochaine présidentielle. Pour ce faire, le FPI s'apprête à exercer une pression terrible sur les forces nouvelles pour qu'elles aillent au désarmement. De leur côté, les forces nouvelles n'ont pour maître mot que la relance imminente des audiences foraines, du processus d'identification et le démantèlement immédiat des milices et autres groupements para militaires à la solde du régime d'Abidjan. Elles veulent se donner les moyens de leur pari. Et le séminaire gouvernemental annoncé vise justement à doter le premier ministre et son équipe d'une matrice opérationnelle d'exécution efficace de ces dispositions pertinentes de l'accord du 4 mars. Il s'agira de définir les taches, les objectifs, de déterminer les ressources humaines et financières dont il aura besoin. Bref ! D'élaborer un document de travail qui sera une véritable boussole, une feuille de route pour le chef du gouvernement. Et il semble que cette proposition ne semble pas être tombée dans des oreilles de sourds. Le ministre de l'Intérieur a mis de l'eau dans son vin quand il prévient les faucons de son bord en ces termes : L'accord de Ouaga ne sera pas renégocié . Mais, l'ONI n'a pas encore dit son dernier mot. Il attend de revenir à la charge au moment de l'identification et surtout de la confection des cartes d'identité
et de leur distribution. Un programme dont la mise en ?uvre est du ressort exclusif du ministère de l'Intérieur, tutelle technique de l'ONI. En clair, le feu couve sous la cendre. Il faut s'empresser de l'éteindre si l'on ne veut pas que l'accord de Ouaga soit un accord de plusLe facilitateur Blaise Compaoré est donc prévenu.

Khristian Kara

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