mardi 24 avril 2007 par Fraternité Matin

La LONACI se plaint de l'empiètement de son domaine d'activité par d'autres opérateurs. On est surpris de voir dans la presse une ordonnance judiciaire condamnant la société Orange pour exploitation illégale de jeu de hasard à la suite d'une plainte de la Lonaci. En quoi cette compagnie vous a-t-elle spoliés ?
La loi qui institue la loterie nationale dit clairement que la loterie est du ressort de l'Etat qui en a le monopole. On désigne par loterie tout jeu dont l'issue est réservée à l'aléa. A partir du moment où un jeu organisé donne lieu au sort, il s'agit tout simplement d'une loterie. Le jeu auquel vous faites allusion correspondait tout à fait à cette définition. C'était des tirages au sort qui donnaient les gagnants. "Tirage au sort", c'est un terme qui est réservé à la loterie. On aurait pu ne pas intervenir. Mais le législateur précise que lorsqu'une loterie est organisée à un niveau restreint et qu'il n'y a aucune publicité autour, elle peut se faire. Pourvu qu'on ait une autorisation du ministère de l'Intérieur. Dans le cas d'espèce, il s'agissait d'un tirage au sort ouvert à tout le monde. Du coup, ce n'était plus une simple tombola, mais plutôt une loterie. Ce n'était quand même pas la première fois qu'un tel jeu était organisé en Côte d'Ivoire par une structure autre que vous. Pourtant on ne vous a jamais entendus Nous avons eu jusque-là une attitude qui a consisté à interpeller et à informer les uns et les autres. Parce que nous nous sommes souvent dit que l'ignorance avait quelque chose à y voir. Même si nul n'est censé ignorer la loi.
Mais nous nous rendons compte qu'il y a une sorte de prolifération aujourd'hui. Dans la quasi totalité des secteurs d'activité, les gens s'adonnent à la loterie. Il était donc temps que nous réagissions pour l'exemple afin que les gens sachent que nous voulons que la loi soit respectée. C'est dans ce sens que nous avons fait cette action. Mais, il est malheureux que ce soit un tel ou tel. Nous avons engagé une action impersonnelle, mais il s'est trouvé que celui qui était en train de faire campagne au même moment, est tombé sous le coup. Ça aurait pu être quelqu'un d'autre. Ce qui nous intéressait était de dire : "c'est interdit. Il faut arrêter de le faire. Je crois que c'est chose faite aujourd'hui. Les tribunaux nous ont donné raison. Ils demandent à ce que tous ceux qui s'adonnent à ces jeux, arrêtent. Maintenant, il s'agit de divulguer cette décision pour qu'elle serve de leçon à tous. Et nous espérons que la raison existant, les uns et les autres devraient se concentrer sur leurs activités, sur leur raison sociale.
Est-ce que le décret 1996 ne désigne pas limitativement les jeux dont vous avez l'exclusivité ?
Non, la liste n'est pas nominative et exhaustive parce que les jeux sont à créer tous les jours. Donc le décret ne donne pas la liste des jeux. C'est vrai qu'au moment où le décret arrivait il y avait des jeux qui existaient et qui sont visés. Mais, plus loin, on dit clairement toutes formes de loteries. Donc il s'agit de bien définir ce qu'est une loterie et à partir du moment où les jeux qui sont organisés s'apparentent à une loterie, alors ces jeux sont visés par le décret de 1996. Il s'agit de l'ensemble des jeux à caractère de loterie. Je voudrais que les uns et les autres sachent que la Loterie nationale de Côte d'Ivoire ne veut empêcher personne de faire son activité. Mais, en même temps, nous invitons les uns et les autres à respecter le domaine d'activité de la Loterie. Nous sommes un démembrement de l'Etat qui nous a concédé son monopole et nous entendons le faire respecter. Nous ne voulons pas arriver à des épreuves de force, nous voulons plutôt faire confiance. On peut faire la compétition économique tout en respectant la loi. Nous invitons les uns et les autres à respecter la loi de Côte d'Ivoire qui interdit à toute société autre que la Loterie nationale d'organiser des loteries sous quelque forme que ce soit. Nous comptons sur la bonne foi des uns et des autres ; mais, en tout état de cause, nous ne permettrons plus jamais que des individus, personnes physiques ou morales, organisent des loteries. Avez-vous les moyens de contrôler de façon permanente le piratage de votre domaine d'activité ?
Ne voyez pas la loterie nationale de Côte d'Ivoire, voyez plutôt la loi. La loi existe. Et je pense que tout le monde se doit de la respecter. C'est vrai que ma petite personne n'est rien du tout vis-à-vis de tous ceux qui le font. Mais la question est de savoir si les gens sont prêts à respecter la loi dans le pays où ils exercent. Où alors ils décident d'aller contre la loi. S'ils décident d'aller contre la loi, ce n'est plus moi. Nous ferons ce que nous pouvons, mais dans tous les cas, nous ne lésinerons pas sur les moyens d'intervenir chaque fois que nous verrons un opérateur aller dans le sens de ces jeux. Qui, sous le couvert des promotions de vente, s'adonne à la loterie. Aujourd'hui, nous sommes moins durs parce que nous pensons que nous devons expliquer les choses. Mais il est évident qu'à l'avenir les sanctions risquent d'être beaucoup plus sévères. Je pense que la compétition économique doit pouvoir s'opérer dans un cadre sain. De la même façon que certains opérateurs sont protégés et tranquilles pour exercer leurs activités, il faudrait que l'on comprenne que les autres secteurs aussi sont protégés. Il ne faut pas demander d'être protégé pour bien faire son travail et aller empiéter sur le terrain des autres. J'invite tout le monde à la saine compétition sans entraîner la pagaille. Je pense que la Côte d'Ivoire n'en a pas besoin. Nous sortons difficilement d'une crise, il est important que les opérateurs économiques que nous sommes puissent opérer dans un cadre sain pour que chacun, avec ses moyens, puisse se battre pour faire vivre sa société. Votre tâche risque d'être difficile parce qu'il y a maintenant Internet où de plus en plus certains y jouent à la loterie Il faut faire la part des choses, il y a peut-être des gens qui vont jouer à des jeux sur Internet. Je ne veux pas savoir de quoi il s'agit, mais la Loterie nationale de Côte d'Ivoire a lancé un jeu qui s'appelle Cash net et ces jeux ne sont rien d'autre que de la loterie vidéo qui est lancée sur Internet. Nous avons donné notre site. En dehors de ce site qui est le site de la Loterie nationale de Côte d'Ivoire pour organiser des jeux de vidéo de loterie sur Internet, nous n'avons pas connaissance d'un autre jeu. S'il y a d'autres jeux, ce sont certainement des jeux qui sont organisés en dehors de la Côte d'Ivoire. Et je crois que chaque individu qui va jouer à ces jeux-là le fait à ces risques et périls. Nous déconseillons à des gens d'aller jouer à la loterie sur Internet dès lors que ces jeux ne sont pas organisés par la Loterie nationale de Côte d'Ivoire. A propos, comment se porte votre jeu sur Internet lancé l'an dernier ?
Ça commence à bien se comporter. Il fallait dans un premier temps rassurer les uns et les autres pour les raisons que j'évoquais tout à l'heure afin de faire comprendre que c'étaient des jeux sécurisés et qu'ils sont sous la signature de la Loterie nationale de Côte d'Ivoire. A partir de ce moment, les gens peuvent jouer. Etant donné que pas mal de choses se passent sur Internet. Cette période de sensibilisation et d'information était nécessaire et nous l'avons bien vécue. Aujourd'hui, le jeu commence effectivement à être vulgarisé et je pense que d'ici aux mois qui viennent, ce sera un des produits majeurs de la Loterie nationale. Vous avez l'exclusivité de la loterie sur l'ensemble du territoire. Pendant 5 ans vous n'avez pas été au nord. A quand votre retour dans la zone ?
Ces cinq dernières années, nous n'étions pas sur l'ensemble du territoire national, vous en connaissez bien les raisons. C'était un cas de force majeure. La crise nous a obligé, à ne pas y aller, mais aujourd'hui je pense qu'avec le processus de sortie de crise qui est en cours, il est évident que la Loterie nationale va s'y déployer comme l'administration de Côte d'Ivoire va le faire. Donc nous allons attendre l'administration pour reprendre notre place dans toutes les villes où nous étions. Je pense que cela est dans l'ordre normal des choses. Nous avions déjà commencé, sous la houlette du ministère de l'Economie et des Finances, à nous apprêter à déployer nos activités. Certains services du ministère sont déjà déployés à Bouaké. Nous avons pris les dispositions pour le faire. Et je pense que ce n'est plus qu'une question de semaines. Nous n'allons pas tarder à reprendre nos activités dans les zones ex-assiégées. Avez-vous des nouvelles de vos locaux ?
Oui, nous sommes allés jusqu'à Bouaké, nous avons visité nos locaux. Le ministère de l'Economie et des Finances les a réhabilités. Ce n'est plus qu'une question de délai, nous devons pouvoir y retourner. Nous avons également des nouvelles de nos locaux de Korhogo qui, semble-t-il, sont restés dans un état acceptable. Nous allons certainement faire quelques travaux, mais globalement, snos installations sont en place et nous allons reprendre nos activités.

Interview réalisée par Alakagni Hala

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