lundi 23 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

Les jeunes patriotes ont communié avec des représentants et non des moindres de la rébellion. Tous ont pris le monde entier à témoin de leur engagement sincère à aller à la paix.

Annoncés au stade municipal de Yopougon, ils s'y sont bel et bien rendus. Pour l'apothéose de la caravane de la paix qui a silloné 48 villes de la zone gouvernementale. Ils, ce sont Konaté Sidiki et Kamaraté Souleymane dit Soul to Soul. Le premier est ministre du Tourisme et de l'Artisanat ; le second, chargé du protocole du secrétaire général du MPCI rébellion. Il était un peu plus de 16 h quand ces personnalités, accompagnées de Charles Blé Goudé, ont fait leur entrée dans l'enceinte du complexe sportif. Tous étaient à bord du même véhicule. Question certainement de mettre en confiance les représentants de la rébellion. A 16 h, le complexe est pratiquement inaccessible. Des milliers de jeunes venus des localités du District d'Abidjan et de l'intérieur du pays fourmillaient autour et dans l'enceinte du stade. C'est donc une foule qui exprime sa joie par des cris et des pas de danse qui apprend l'arrivée de tous les officiels annoncés. A savoir la Première Dame, Mme Simone Ehivet Gbagbo ; le président de l'Assemblée nationale, le Prof. Mamadou Koulibaly ; le ministre de la Réconciliation, M. Sébastien Danon Djédjé. Députés, anciens ministres, représentants de la société civile, et des leaders de groupements patriotiques les ont précédés sur la place publique.

Les ex-rebelles accueillis en triomphe
S'en est suivi un bain de foule inattendu dans un stade où les barrières de sécurité résistaient difficilement aux bousculades. La pression est vive sur les agents des Forces de défense et de sécurité jusqu'à ce que les officiels prennent place. Mais, bien avant, c'est main dans la main que Konaté Sidiki, Charles Blé Goudé, Soul to Soul, Mamadou Koulibaly et Danon Djédjé, montés sur le podium, ont posé sous les objectifs des photographes et des cameramen. Dans un tonnerre d'acclamations du public qui n'a cessé de manifester sa joie surtout avec la présence très remarquée de la Première Dame. Des prestations d'artistes tels les Galliets, Paul Madis et les Djiz, parmi une cinquantaine annoncée, a suffi pour ''enflammer'' le complexe avant les allocutions dit.

L'émotion de Konaté Sidiki
Ouvrant la série des discours, Koné Seydou a remercié et félicité les Ivoiriens pour leur engagement à la réussite de la caravane de la paix. Celui qui a été durant le long périple l'interlocuteur privilégié des peuples du nord du pays a appelé à consolider la paix. " Je voudrais que nous saluions ici la présence de la Côte d'Ivoire unie et indivisible ", a-t-il dit, avant de céder le parloir à Kima Emile, pour le compte de la communauté burkinabé. Ce ressortissant du pays voisin, dont le président fut le facilitateur du dialogue direct, a tenu à faire comprendre que " la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso sont unis pour le meilleur et pour le pire ". En effet, Kima Emile a aussi parcouru la Côte d'Ivoire dans le cadre d'une campagne de sensibilisation de ses compatriotes. Quant au ministre de la Réconciliation, il a surtout confié ses regrets d'avoir fait chemin seul jusque là et invité les jeunes à l'accompagner dans sa mission. " Vous vous êtes engagés volontairement dans le processus de réconciliation, j'en suis fier. A ce niveau-là, nous avons des défis à relever ensemble. Il s'agit du défi de l'unité, de la cohésion nationale, de la démocratie, de la fraternité et de la solidarité. Chers amis, vous avez à relever le défi de la consolidation de la paix ; la paix a été signée sur l'initiative du Président de la République Laurent Gbagbo et avec l'acceptation de Soro Guillaume. Cette paix mérite d'être sécurisée par notre comportement, notre amour, par ce que nous allons faire pour la Côte d'Ivoire. " A son tour de parole, Konaté Sidiki n'a pas caché son émotion. C'est à juste titre qu'il a demandé au président Cojep de se tenir à ses côtés. " Zouzou viens ", l'a-t-on entendu dire, tirant Charles Blé Goudé par la main. Malgré un discours préparé, le bouillant porte-parole de Bouaké a bégayé. Et même tremblé, avant de retrouver ses marques. Puis de se souvenir de Yopougon, la commune où il a vécu alors qu'il était locataire du ''Koizoulou'' la cité universitaire, au quartier Toit rouge. Etudiant, il a également animé des meetings dans le même complexe sportif avec Charles Blé Goudé et bien d'autres leaders de la FESCI. Konaté Sidiki a ensuite pris le monde entier à témoin de la volonté de ses amis du MPCI et lui de ne pas ruser avec le processus de paix. Il a soutenu que les forces nouvelles sont prêtes à recevoir les jeunes patriotes à Bouaké. Pourvu que la " tantie Simone " mobilise suffisamment de cars. Charles Blé Goudé qui a parlé avant son ancien compagnon est pour sa part revenu sur les motivations de son initiative. La caravane a servi à montrer à la face du monde entier que les Ivoiriens sont capables de régler leur propre crise. Le faisant, a-t-il poursuivi, ils ont mis fin au tutorat, au bibéronnisme. Ce soir en nous retrouvant dans le même stade avec nos frères, nous venons de prouver que la réconciliation est en marche ", dira-t-il, avant de démontrer en quoi la Côte d'Ivoire a retrouvé sa souveraineté. " Seydou Diarra, premier ministre de la France. Charles Konan Banny, Premier ministre par la volonté de la France, Soro Guillaume, Premier ministre par la volonté de Gbagbo. Donc le Président de la République de Côte d'Ivoire a nommé le Premier ministre. Et suite à l' accord de Ouagadougou, hier (le vendredi dernier) il y a eu un conseil des ministres. Le président a délégué ses pouvoirs au Premier ministre pour présider le conseil des ministres. C'est une marque de confiance ". En outre, il a dit des remerciements à l'endroit des jeunes qui ont facilité les changements survenus dans le processus de paix. La Première Dame, elle, a saisi l'occasion pour conjurer le mal. Elle a évoqué pour ce faire la grâce du Tout Puissant, mais elle a surtout souhaité que les Ivoiriens se pardonnent. Le départ pour Bouaké sera effectif, a-t-elle fait savoir, saluant la volonté des rebelles de recevoir leurs frères. Notons qu'au cours de cette fête qui duré jusqu'à la tombée de la nuit on a vu des images fortes. Membres de la rébellion et jeunes patriotes chantant l'hymne national de Côte d'Ivoire, la première Dame tenait les mains de Konaté Sidiki et dansant avec lui dansant sur un air religieux. Ou encore et bien souvent, Charles Blé Goudé et Soul to Soul se donnant des tapes amicales.

Konaté Sidiki : "Nous allons à la paix avec Gbagbo"
Bonsoir à tous ceux et à toutes celles qui ont le fait le déplacement. Chers amis jeunes, c'est avec beaucoup d'émotion que nous sommes sur ce stade. Je suis avec un frère, Soul to Soul. Mme la Première Dame, la chère tantie comme on l'appelle, c'est notre tantie à nous tous, M. le président de l'Assemblée nationale, monsieur le ministre de la Réconciliation, autorités traditionnelles, coutumières et religieuses, chères populations, nous vous remercions sincèrement parce que cet accueil est plus qu'un accueil de paix. Merci beaucoup. Mais avant d'aller plus loin, je voudrais parler particulièrement de la présence de personnes que nous avons découvertes il y a près de deux mois à Ouagadougou. Ce sont des personnalités qui ont été choisies par le Président de la République et que nous avons appelées la délégation présidentielle. Elles sont ici parmi nous parce qu'elles ont promis d'être partout où l'accord de Ouaga va s'applique. Je voudrais saluer comme ça, Béhiri s'il est là, bien entendu l'ambassadeur Djédjé, on l'appelle communauté internationale. Et sans oublier le frère Konaté Navigué. Ce qui nous réunit ici ce samedi 21 avril 2007, au complexe sportif de Yopougon, c'est la construction de la paix. C'est la volonté ferme, définitive d'aller à la paix ; c'est la paix tout court. Ce qui nous réunit ici ce soir, c'est notre engagement commun, notre détermination, notre volonté inébranlable de rendre le processus de la paix totalement irréversible. Je voudrais ici solennellement au nom du secrétaire général des Forces nouvelles, du premier ministre Guillaume Soro, au nom des autorités politiques et militaires des Forces nouvelles et au nom de toutes nos s?urs et tous nos frères qui sont à Bouaké, à Korhogo, à Man, à Odienné, partout dans les zones Centre Nord et Ouest, je voudrais sincèrement vous remercier et saluer particulièrement les initiateurs de cette grande invitation. Qui est un grand honneur pour les Forces nouvelles. Cher frère Blé Goudé, " Zouzou " comme nous t'appelons, ah vous ne saviez pas ça ? Bon il s'appelle " Zouzou ", je vais vous l'expliquer un autre jour. Pendant que nous étions à Ouaga, tu as décidé de parcourir les ruelles des villes, de parcourir les routes du pays, les sentiers des villages et des campements afin de préparer d'avance les esprits à cette nouvelle donne. C'est dire que tu as décidé de faire en sorte que les populations qui sont ici accueille en paix l'accord de paix de Ouagadougou. Merci pour cette mission délicate. Inspiré par le président de la République, le Président Laurent Gbagbo (clameurs) accepté par le secrétaire général des forces nouvelles, le Premier ministre Soro Guillaume, et mis en route par le facilitateur le Président Blaise Compaoré, président du Burkina Faso l'accord de Ouagadougou est avant tout un et surtout le fruit de la volonté politique d'aller à la paix et de se retrouver. Cet accord traite dans le fond de façon franche, efficace et pragmatique, les questions de l'identification générale de toutes les populations vivant en Côte d'Ivoire. Cet accord traite dans le fond la question de la refonte des forces de défense et de sécurité. Cet accord traite dans le fond, bien entendu, l'organisation dans six mois d'élections libres démocratiques, transparentes et ouvertes à tous. Cet accord marque un nouveau cadre où des ex-belligérants qui hier se sont tirés dessus ont décidé de façon libre et confiante de quitter la position initiale de face-à-face pour être ensemble aujourd'hui ,côte à côte afin de bâtir la paix par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Chers frères, chères s?urs, c'est donc un partenariat pour la paix, de renforcer la justice et de rechercher ensemble main dans la main la paix. Il ne faut pas voir dans ce partenariat un deal caché, une compromission sournoise d'un camp ou d'un autre. Il ne faut pas voir dans cet accord, une feinte, un dribble, une roublardise. Que dis-je une volonté de ruser avec la paix. Il n'en est rien. L'accord de Ouagadougou n'exclut personne, ni les acteurs politiques ivoiriens, ni la société civile, ni la communauté internationale. Cet accord donne une place à chacun, la place pour construire la paix. Déjà, les premiers résultats de cet accord se font sentir dans nos c?urs, dans, nos familles, nos voisinages, nos villages, dans le pays tout entier et même surtout là où nous sommes. Aujourd'hui, cette paix est en marche et cette marche est irréversible. Chers frères, chères soeurs acceptons donc dans nos esprits, dans nos projets cette nouvelle donne politique, sociale, militaire. Car au bout du compte, il y a la paix pour nous tous. Ensemble comme une entité, donnons-nous la main pour former un bloc solide autour du projet politique, social et militaire de Ouagadougou. Nous prenons l'engagement ferme ici et maintenant de former un front social pour la paix en Côte d'Ivoire. Allons au-delà des clivages politiques, ethniques et bien entendu raciaux pour constituer véritablement un bouclier pour la paix à travers nos soutiens indéfectibles à l'application de l'accord politique de Ouagadougou. Aidons le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Soro Guillaume à avancer dans cette mission difficile mais irréversible de construction de la paix. Enfin, cher ami Blé Goudé, je devais annoncer des nouvelles et je vais les annoncer. Chers frères, chères s?urs, nous avons épuisé toutes les cartes. Et cet accord est la dernière alternative de paix qui s'offre à nous. Saisissons-là solidement malgré tous les risques et tous les problèmes qui peuvent survenir. Car la paix doit se construire quel que soit le prix à payer. Cher frère Blé Goudé, les Forces nouvelles, les populations vivant dans les zones Centre, Ouest et Nord ont attendu ton appel. Elles ont décidé pour ne pas te répondre ici. Elles ont décidé de te réserver un message clair quand tu seras à Bouaké et ce sera pour bientôt. Quand tu seras au stade de Bouaké, les populations ont un message pour toi et à travers toi, pour toute cette jeunesse. Pour ma part en tant qu'émissaire de toute une population, je transmettrai fidèlement ce que j'ai vu ici. Ce que j'ai entendu ici, ce que j'ai senti ici. Au nom du secrétaire général des Forces nouvelles, de toutes les entités, je voudrais solennellement devant vous, vous prendre à témoin dans ce stade de Yopougon, en ce 21 avril qui est une date historique, que les forces nouvelles vont tout droit à la paix avec le Président Laurent Gbagbo. Nous demandons à chacun de vous de prendre son stylo et d'être observateur en même temps que le comité de suivi de ce que je viens de dire. Parce que nous allons nous retrouver ici dans un mois pour faire le point pour si ce que j'ai dit est fait ou pas. A partir de ce moment, nous savons que la tâche sera dure mais il n'y pas de repli il faut avancer. Nous allons avancer, vous devez vous aussi, prendre l'engagement que vous devez avancer dans le sentier de la paix. Est-ce que vous êtes prêts à accompagner les accords de paix de Ouaga ? Est-ce vous êtes prêts à accompagner Blé Goudé dans sa mission de paix ? Alors nous aussi nous sommes prêts. Ensemble, tous ceux quoi sont ici, nous nous retrouverons à Bouaké et vous allez pour cette même question aux populations qui y sont. Mais je vous dis déjà oui, nous sommes prêts et c'est pour cela que nous sommes ici. Je voudrais donc solennellement vous dire que je vous attends à Bouaké. Si autant que vous êtes ici, je ne vous vois pas à Bouaké, là il y a un problème. Et la Première dame est là, elle va régler les problèmes de car. Oui, elle va les régler, je vais le lui demander ou le Premier ministre va le lui demander. Mais elle va les régler. Chers amis, chers aînés, chères populations, nous sommes contents d'avoir été invités à cette importante cérémonie, nous voudrons vous assurer que la paix, la vraie paix est possible et elle arrive.
Je vous remercie, que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire

Bidi Ignace

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