samedi 21 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Le département de Gagnoa, tout comme bien d'autres d'ailleurs s'inscrit au nombre des localités à hauts risques lors des échéances électorales. Depuis 1990, date à laquelle le multipartisme a été réinstauré en Côte d'Ivoire, chaque rendez-vous électoral dans cette localité est synonyme de violence, de barbarie de tous ordres. L'hospitalité légendaire qui caractérise le peuple Bété de Gagnoa est alors très vite rangée dans les placards pour laisser place à la haine, à l'ignominie. La cohabitation devient difficile entre les militants du Front populaire ivoirien et ceux des autres formations politiques. Plus particulièrement avec les militants du PDCI. Le boycott actif de 1999 a été sanctionné par plusieurs dégâts dont les effets sont encore visibles aujourd'hui à Gagnoa. La maison du PDCI, les domiciles privés du ministre Guikahué, de Djédjé Bagnon Joachim, sont partis en fumée. Il leur était reproché, à ces natifs de Gagnoa pur sang, de militer au PDCI-RDA. Cette situation délétère a davantage constitué un handicap véritable quand est survenu en décembre 1999 le coup d'Etat militaire qui a chassé injustement le PDCI-RDA du pouvoir. Depuis cette triste date, les militants de Gagnoa n'ont eu leur premier grand rassemblement que le week-end dernier lors de la réunion de la délégation du Bureau politique en mission. Et le dimanche où les jeunes et les femmes ont été officiellement investis. Mais force est de constater que l'absence de manifestations d'envergure durant pratiquement sept ans, n'a nullement ébranlé la foi militante de ceux qui se réclament toujours du PDCI-RDA. Les secrétaires de section de Gagnoa avec qui nous avons eu des entretiens, du moins avec beaucoup d'entre eux, sont tous formels : le PDCI-RDA est bel et bien enraciné dans la localité. Toutefois, ils n'ont pas manqué de relever les difficultés majeures qu'ils rencontrent. Une fois ces difficultés levées, le PDCI-RDA ne pourra que réserver des surprises et non des moindres lors des prochaines consultations populaires.

Les obstacles,
les difficultés vécues
De l'avis des militants rencontrés, les difficultés dans la délégation départementale de Gagnoa sont bien réelles et multiples. Même si tous consentent à dire qu'elles sont moindres en cette période d'accalmie. Les secrétaires de section soutiennent également que c'est quand arrivent les élections que les militants du PDCI sont souvent persécutés. Surtout les militants des campements et petits villages qui sont les plus exposés au dire des secrétaires de section. Quand arrivent les élections, les autochtones Bété FPI, soutiennent toujours les secrétaires de sections, les menacent en leur disant clairement qu'ils ne sont pas chez eux. Et donc qu'ils ne doivent pas prendre part au vote. Les militants PDCI téméraires qui essayent de jouer les braves, sont immédiatement passés à tabac. Les moins chanceux se voient arracher leurs plantations, fruit de durs labeurs. De peur de subir des représailles musclées, bon nombre de militants préfèrent observer le silence et l'anonymat. Cette réalité est connue de tous dans la localité de Gagnoa. Même lorsque les militants optent pour les petites rencontres clandestines, ils sont aussitôt repérés, tenus en respect et menacés par des individus. Certains éléments des Forces de défense et de sécurité ont une part prépondérante dans cette intimidation des militants. En témoignage, un secrétaire de section nous confiait le samedi dernier qu'après une rencontre avec le délégué départemental Pr Maurice Kakou Guikahué, il a été interpellé puis conduit à un poste pour être interrogé cinq heures durant. La preuve de cette pratique de certains éléments des FDS, a été donnée encore le lendemain dimanche, lors de l'investiture du bureau des femmes et des jeunes. Un car parti chercher des militants dans les villages, a été bloqué à Ouragahio par des militaires, nous ont signifié des responsables du PDCI à Gagnoa. Les difficultés sont réelles et multiples pour les militants dans la localité. Aussi importe-t-il que des mesures idoines soient prises afin de permettre à tous d'exercer leur droit fondamental, le droit de vote.
Paul Koffi

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023