lundi 16 avril 2007 par Le Temps

Guillaume Soro a désormais les deux pieds dans la République, au service du peuple. Son premier et véritable ''discours à la Nation'' tranche avec ceux du chef de guerre qu'il a été. Pardon, reconnaissance et réconciliation en sont les maîtres mots.

"Choisir l'inertie aurait été, pour les Ivoiriens synonyme de plus de sang versé, de destruction, de marasme économique et de misère. La raison et l'amour de notre pays nous ont commandé de prendre le seul parti qui vaille : le parti de la vie, le parti de la réconciliation. Ivoiriennes, Ivoiriens, nous avons malheureusement dû faire la guerre. Cependant, il faut convenir que quels que soient ses raisons et ses fondements, la guerre est à proscrire. Pendant cinq du nord au sud, la surenchère a prospéré".
Guillaume Soro désormais débarrassé de ses attributs de chef de guerre ? L'homme s'est adressé au peuple ivoirien et à la communauté internationale avec une nouvelle aptitude. Celle-là épouse l'air républicain. Les vieilles habitudes, on le sait ont la peau dure. Mais Soro fait mentir l'adage. A remarquer. Le ''bon ton'', un discours réajusté pour la cause qui a le mérite d'amoindrir la colère de nombreuses victimes que sa rébellion à lui a dû causer. Ni calomnie, ni irrévérence, ni fugue, ni même encore la demande de " ses " pouvoirs attendue par ses alliés du RHDP. On ne le dira jamais assez, le nouveau Premier ministre s'est présenté aux Ivoiriens comme un chef de gouvernement. Aux antipodes de Seydou Diarra et Konan Banny. Contrairement à ses deux prédécesseurs qui s'étaient jurés de combattre le président Gbagbo jusqu'à lui contester son pouvoir constitutionnel, Guillaume Soro reconnaîtra - à raison - à Laurent Gbagbo que sa rébellion n'a pu dégommer, des pouvoirs constitutionnels. "Le temps est notre meilleur allié (contrairement au G7 et au RHDP). Nous devons en faire bon usage". A révélé Guillaume Soro s'instruisant des expériences peu payantes de ses prédécesseurs à la Cage du Plateau. Le nouveau Premier ministre a déjà fait mieux. Il reconnaît - pour la première fois - la souffrance du peuple après cinq années de crise inutile. Même s'il tente de justifier sa rébellion, le peuple se contente déjà de ce maigre pardon. Il faudra aussi retenir que l'ancien chef de guerre de Bouaké, aujourd'hui Premier ministre s'est découvert l'âme d'un réunificateur, d'un rassembleur, d'un conscientiseur qui goûte à pleines dents aux fruits de la sagesse. " Aucune Nation ne peut prospérer dans l'incivisme, l'indiscipline, le laxisme, le désordre et l'injustice. L'Etat doit être respecté. Il doit avoir le pouvoir se faire respecter par les citoyens dont il est l'émanation. Il est donc temps que la sécurité soit rétablie sur l'ensemble du territoire. Le défaut de sécurité a plongé dans la léthargie des pans entiers de l'économie nationale. " C'est ici le c?ur d'un discours innovant, responsable. Où l'émotion fait la place à la raison. La raison d'Etat. Un Etat n'a pas d'ami mais des intérêts. Guillaume Soro aura compris que les intérêts de sa patrie ont durement été éprouvés de septembre 2002 à aujourd'hui. Que ces intérêts ne se trouvent nulle part ailleurs que dans les mains des seuls Ivoiriens. Le Premier ministre matérialise cette vérité immuable dans son discours. La France, alliée d'hier de la rébellion sera abandonnée sur la banquette. Comme si le régime de Jacques Chirac n'avait jamais existé tout au long de cette crise.

Simplice Allard
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