La cérémonie d'investiture de l'Association des chefs traditionnels Akouè et Nanafouè dénommée Agoua, placée sous le parrainage du Chef de l'Etat a bel et bien eu lieu. A la Fondation Félix Houphouet-Boigny pour la recherche de la paix. Les mouvements de contestations et d'oppositions parce que placée sous l'autorité du Président de la République n'ont pu dissuader les organisateurs. Mieux, ceux-ci ont plutôt réussi le pari de la mobilisation. Avec une salle de 400 places archi comble; des chefs arrivés un peu tardivement n'ont pas tous eu de places assises. Les trois quarts des chefs que comptent la commune et la Sous-Préfecture de Yamoussoukro ont répondu présent. Certains ont payé de leurs propres poches leur transport afin de ne pas rater l'évènement.
Etaient présents à cette cérémonie, le ministre de la Défense, Amani N'Guessan Michel, représentant le Chef de l'Etat parrain de la fête, Marc Bonzou, représentant M. Tapé Doh, président de la cérémonie, N'Dri Koffi Appolinaire, gouverneur du District de Yamoussoukro, et Gombagueu Georges, représentant le préfet de région. La mairie a brillée par son absence et n'était donc pas représentée à la table officielle.
Présentant la structure à ses hôtes, Koffi Elysé, président de l'association, a rappelé à tous que l'Agoua est un cadre de réflexion et de rencontre entre chefs pour débattre des questions de développement. L'Agoua a été créé pour catalyser l'esprit d'union, préalable au développement. Ce n'est pas l'intronisation d'un chef suprême, au-dessus du chef de canton, a-t-il déclaré. Avant d'en appeler à la compréhension, à la modération et à l'union des uns et des autres. Il a, en prélude, exprimé sa gratitude au Président de la République. A qui, il a traduit le soutien de ses collègues, pour l'intérêt qu'il accorde à la chefferie traditionnelle.
Le ministre Amani N'Guessan Michel s'est, pour sa part réjoui de l'esprit d'union et d'ouverture qui caractérise les membres de l'Agoua. Parce que, dira-t-il, le fait d'avoir choisi deux Bété (Laurent Gbagbo et Tapé Doh) pour parrainer et présider une cérémonie baoulé est un signal fort. Symbole d'une Côte d'Ivoire unie. Il en a profité pour inviter les Ivoiriens à reconnaître que c'est Dieu qui a donné Laurent Gbagbo à la Côte d'Ivoire. Le chef que Dieu nous a donné, c'est Laurent Gbagbo. Même si ton enfant est vilain, c'est Dieu qui te l'a donné. Tu ne peux prendre celui de ton voisin qui est beau. Parce que ce n'est pas lui que Dieu t'a donné, a-t-il soutenu, avant de demander à ceux qui ne veulent pas admettre cela, de s'en prendre à Dieu qui dispose de toute chose.
Le ministre de la Défense a aussi fustigé les querelles de clochers entre cadres baoulé. C'est pourquoi, il a voulu que l'association de ces chefs serve d'exemple aux autres régions du pays. Il a, par la même occasion, commenté la formation du nouveau gouvernement. Pour lui, sa nomination au ministère de la Défense est un proverbe de Gbagbo aux Baoulé. L'on racontait que si Laurent Gbagbo arrivait au pouvoir, il tuerait tous les Baoulé. Ce qui ne fut pas le cas. Aujourd'hui, il va plus loin en confiant l'armée à un Baoulé. Ce qui signifie qu'il n'est pas venu pour faire la guerre aux Baoulé, mais pour faire route avec eux. Que n'a-t-il pas fait d'ailleurs pour le développement du centre?, s'est-il interrogé. Tout en indiquant que ce n'est pas parce que notre fils a échoué qu'il faut refuser les bons offices de celui de notre voisin qui a réussi.
Michel Amani N'Guessan a aussi invité les chefs Akouè et Nanafouè à effectuer des missions de paix dans les zones forestières pour exhorter leurs compatriotes à une coexistence pacifique avec leurs hôtes. Il faut vous rendre dans les zones forestières pour résoudre les problèmes. Plutôt que de rester ici, pour dire qu'on a tué tel nombre de baoulé dans telle région, a-t-il conseillé. Non sans oublier de féliciter les chefs de l'association Agoua, pour l'acte qu'ils viennent de poser.
Signalons que l'Association a reçu une enveloppe de 2 millions de F CFA de la part du Chef de l'Etat et 1 million offert par le ministre Amani. Des prestations artistiques du terroir baoulé ont agrémenté la cérémonie.
Fiasco total pour la dissidence
C'est un véritable revers qu'a connu la dissidence de l'Association des chefs traditionnels de Yamoussoukro. Un fiasco total. Eu égard aux actions entreprises pour faire capoter la cérémonie d'investiture. Des chefs ont invité certains des leurs à se désolidariser de ce mouvement. Ils ont aussi saisi le roi Nanan Anougblé et demandé aux organisateurs de surseoir à la manifestation. Des tours ont été faits dans les villages pour demander aux chefs de ne pas sortir. Cinq banderoles annonçant l'évènement ont été déchirées nuitamment par des inconnus. Le tout, coiffé par une rencontre des chefs au domicile du Premier ministre Charles Konan Banny, le samedi 14 mars à 9 heures. Jour de l'investiture de l'association Agoua à la Fondation Houphouet-Boigny. Il est 9 heures quand nous trouvons au domicile de l'ex-Premier ministre, une quinzaine de chefs traditionnels. Ils sont reçus par Koffi Désiré qui leur a fait savoir que Charles Konan Banny ne pourra être là. Parce que pris par des audiences à Abidjan. En conséquence, une autre date sera fixée pour ce rendez-vous. Le Premier ministre étant absent, la rencontre n'a pu se tenir. Les quelques chefs arrivés se sont retirés après s'être partagés quelques billets de banque.
Pendant ce temps, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny, c'était l'ambiance. La salle faisait son plein de monde. Ce qui a fait dire à un chef que c'est une minorité qui s'excite toujours et qui prend Yamoussoukro en otage.
Koffi Kouamé
Correspondant régional