lundi 16 avril 2007 par Fraternité Matin

Le Premier ministre, Guillaume Soro s'est adressé vendredi dernier à la nation.

Anaky Kobena (MFA) :
Soro a réussi son examen de passage

Le Premier ministre Soro, pour ce premier grand message à la nation, a réussi son examen de passage. Je pense que dans cette adresse, je pouvais même dire dans cet échange (car c'est un échange avec le peule de Côte d'Ivoire, même si la population ivoirienne ne parlait pas), le plus important était le symbole. La population ivoirienne a pris sur elle une très grande responsabilité. A savoir que sans qu'il ait une grande manifestation de mécontentement mais surtout avec une approbation quasi généralisée, cette population a accepté qu'arrive à la Primature, donc à la tête du gouvernement, le Secrétaire général des Forces nouvelles, le premier responsable de ce groupe armé qui a investi l'Etat de Côte d'Ivoire dans ses frontières Nord, le 19 septembre 2002 au petit matin. Beaucoup même attendaient qu'il vienne à la tête du gouvernement pour qu'avec le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, qui est l'autre partie belligérante dans ce conflit, il contribue à sortir le pays rapidement de la crise. Il faut le souligner, c'est un grand geste que le peuple de Côte d'Ivoire a fait. Car il y a beaucoup de pays au monde où il est totalement inconcevable que le chef de la rébellion soit à la tête du gouvernement, sans qu'il y ait une manifestation généralisée de rejet, de mécontentement. La population ivoirienne a donc fait un grand pari. Je crois que le Premier ministre Guillaume Soro a tellement bien compris cela qu'il a adopté, lors de son message, le ton de l'humilité pour s'adresser à ce peuple. Il invite au pardon, à la réunification et à l'unité. C'est cela qui, à mon avis, est le plus fort dans cette adresse. Il dit qu'il demande pardon pour tous et au nom de tous. Mais on comprend que d'abord et avant tout, c'est le responsable des Forces nouvelles qui parle à son pays, qui parle à ses frères, qui parle à son peuple en lui disant : Nous sommes certainement arrivés à cette insanité, à savoir prendre les armes, pour un certain nombre de raisons, mais rien ne justifie quand même ce qui a pu arriver. Nous vous demandons pardon. Je pense que le peuple ivoirien a compris, a pardonné et c'est de loin le plus important dans ce premier message. Pour le reste, nous attendons et nous pouvons déjà, a priori, lui faire confiance pour qu'avec le Chef de l'Etat, ils arrivent, dans la bonne foi, dans la transparence et la droiture, à nous amener à la réunification et aux élections.

Propos recueillis par
Pascal Soro

Kahé Eric (AIRD)
Cette déclaration manque de courage

L'auteur de cette demande de pardon précise bien qu'il la formule en sa qualité de Premier ministre de tous les Ivoiriens et au nom de l'institution qu'il incarne. C'est donc l'Etat de Côte d'Ivoire qui demande pardon pour tous et au nom de tous. Cette déclaration reste dans la logique de ceux qui pensent que cette crise est un colis venu de nulle part et mal réceptionné par les politiques ou l'Etat.
Cette démarche tant attendue perd un peu de son impact sur le processus de paix. Elle manque de courage et le Secrétaire général des Forces nouvelles aurait pu franchir un cran d'humilité. Cela aurait mis du baume au c?ur de ceux qui sont encore torturés par le cauchemar vécu. C'est dommage et nous attendons que la symphonie de Ouaga ne soit pas inachevée d'autant plus que le Premier ministre doit son poste non pas à un processus républicain, mais à notre histoire que nous devons assumer.

Kahé Eric Kplohourou
Président de l'AIRD

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