lundi 16 avril 2007 par Le Front

M. Guillaume Soro, le Secrétaire général des Forces nouvelles et nouveau Premier ministre s'est adressé, ès qualité, à la Nation, le vendredi 13 avril dernier. Le tout nouveau locataire de la ?' maison blanche'', du Plateau a parlé au c?ur des Ivoiriens avec son c?ur. Pour la première fois depuis l'attaque du 19 septembre 2002, il a fait son mea culpa. Il a demandé pardon à ses compatriotes pour tous les torts causés. ?'La guerre a fait beaucoup de tort à notre pays Je demande pardon à tous et au nom de tous'', a-t-il plaidé. Humblement. Pour certains, ce pardon peut paraître un peu tardif. Sans doute, mais, aurait-il eu plus de poids hier qu'il n'en a aujourd'hui ? On peut, à raison, en douter. Et pour cause.


Hier, les c?urs étaient aux ressentiments, aux ranc?urs et aux rancunes. La graine du pardon serait, alors, tombée sur une terre aride et desséchée par l'esprit de vengeance. Aurait-elle germé ? Pas sûr.
Aujourd'hui, grâce à la ?' magie'' du dialogue direct, un nouveau vent souffle sur le pays, tout entier. Les c?urs semblent apaisés et les esprits rassérénés. Et ceux qui voulaient la mort des ex-assaillants ou ex-rebelles et qui avaient mis un point d'honneur à ne voir en ceux-ci que des ennemis, semblent désormais, dans de meilleures dispositions. Ils sont prêts à leur pardonner, s'ils ne l'ont déjà fait. A preuve, l'un des ?' journaux bleus'' qui ont pendant longtemps fait monter, comme un levain, la pâte de la diabolisation et de l'extermination des ex-rebelles, n'a pas hésité à les présenter, ô miracle du pardon, comme, tenez-vous bien, les ?' patriotes du Nord''. Y a-t-il plus éloquente manifestation du changement de mentalités ?
L'appel au pardon du Premier ministre Guillaume Soro s'inscrit, donc, dans une dynamique, un mouvement de ?' ré-fraternisation'' induit par le Dialogue Direct. Il est donc clair que le successeur de Charles Konan Banny a prêché des convertis. Mais, il ne s'est pas arrêté-là. Heureusement. Soro a, également, mis le doigt sur quelques dysfonctionnements qui tirent la société ivoirienne vers le bas. ?' Aucune nation ne peut prospérer dans l'incivisme, l'indiscipline, le laxisme, le désordre et l'injustice'', a-t-il rappelé. Et d'ajouter que ?' l'Etat doit être fort et respecté. Il doit avoir le pouvoir de se faire respecter par les citoyens dont il est l'émanation''. On est là au c?ur de la question du délitement de l'autorité de l'Etat. Car, les moyens de coercition de l'Etat sont une chose et la volonté politique de faire respecter l'Etat en est une autre. Or, la volonté politique pour mettre un terme à l'indiscipline, au laxisme, à l'injustice, ne s'est pas toujours manifestée. D'où le règne de l'impunité qui a été la grande oubliée de la déclaration de politique générale du Premier ministre. Pourtant, chacun sait la part de ce fléau dans la déliquescence de l'Etat et la dégradation de la cohésion nationale. Les maux dénoncés par le Premier ministre Soro, sont, pour partie, fils de la grande impunité qui a étendu son noir manteau sur la Côte d'Ivoire comme une voûte oppressante et intolérable. La lutte contre cet ?' autre nom du diable'' devrait, sans délai, être mise au rang des priorités du chef du gouvernement de la troisième transition. Cela pourrait être l'une des conditions de la réussite de sa difficile et délicate mission.
Il a une obligation de résultats. Qu'il ne l'oublie pas ! Alors, sus à la complaisance et au favoritisme dont s'est, jusqu'à présent, nourri l'impunité.



Honoré Sépé

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