samedi 14 avril 2007 par Le Front

Avec l'accord de Ouaga, signé le 4 mars dernier, la Côte d'Ivoire, tel le sphinx, renaît de ses cendres. Mais ce qui conforte doublement tous les Ivoiriens épris de paix, conscients de l'avenir de leur pays c'est la configuration du gouvernement Soro. Qui l'eût cru. Soro, Premier ministre et Gbagbo, président de la république. Vraiment la Côte d'Ivoire nouvelle is back ! Pour jouer son rôle d'antan. Celui de la locomotive économique de la sous-région.
Mais pour mieux consolider cette paix, la cohésion sociale, nous devons nous approprier le concept Mémoire de guerre forgé par M.Dacoury-Tabley Louis André, ministre de la Solidarité et des victimes de guerre ; c'était le 26 février 2005 lors de l'émission ?'l'invité de la rédaction'' de Radio-Côte d'Ivoire. Ce concept est un véritable réquisitoire aboutissant à un sursaut de conscience. Car il opère une double rupture : celle de se jurer de ne plus se faire la guerre d'une part et celle d'avoir un pays où la paix est une culture, un savoir-vivre, d'autre part. Il est des concepts qui choquent. Il est des concepts qui remettent en cause notre façon de penser, notre façon de concevoir le monde. Il est aussi des concepts dont les schèmes a priori montrent que tout acte n'a de valeur morale que s'il est fait par devoir. Le devoir s'adresse à la raison en chaque homme, au-dessus de l'intérêt et de la passion. Une contre-histoire : l'histoire contemporaine des Ivoiriens. Mémoire de guerre est un concept qui montre comment la conscience humaine se constitue dans le concret des rapports sociaux. Ces rapports sont fonction des modes économiques de production, qui définissent, au fil du temps, les formations sociales, ethniques, claniques et politiques. Mémoire de guerre, il faut l'avouer, ce concept fait du chemin. La preuve, Guillaume Soro Premier ministre de transition. Même s'il n'est pas douteux que l'historiographie relève de l'art de guerre et que la façon dont on fait l'histoire, résulte de rapports de forces, de stratégies, de feintes, d'affrontements réels ou symboliques, ce concept doit être une ?'contre-histoire''. Une contre-histoire qui récupère sous les décombres le discours des différents belligérants, des exclus, des dominants et dominés, des minoritaires, des oubliés C'est cette exigence politique et morale qui doit nous permettre de recoller les morceaux, aplanir les crevasses, rabouter des cordages et renouveler l'historiographie contemporaine de la Côte d'Ivoire en intégrant l'histoire de tous ceux qui se disent exclus de la gestion du pays, l'histoire des minorités, l'histoire des ?'enfants d'immigrés, l'histoire des autochtones A bien des égards, Mémoire de guerre, dans ce cas de figure, échappera évidemment à la règle selon laquelle l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Car ici, il n'y a pas eu de vainqueurs, ni de vaincus. Mémoire de guerre doit être écrit en vue de se jurer de ne plus recommencer et de rechercher les mécanismes qui feront qu'on n'aboutisse pas à ces extrémismes qui ont endeuillé depuis le 19 septembre 2002 doublement la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi, nous nous accordons avec le secrétaire général adjoint des Forces nouvelles que la construction de la cohésion nationale est une ?uvre constante qui devra à terme fonder l'émergence de la Nation. C'est donc le processus d'intégration de nos cultures et ethnies diverses dans un ensemble spatial et politique identifié comme tel que la république de Côte d'Ivoire peut prendre forme . Dès lors, pour que le gouvernement Soro puisse atteindre ses objectifs, ses priorités, il faut une contre-histoire de l'histoire officielle de la Côte d'Ivoire Gouvernement Soro : une pédagogie pour déconstruire toute idéologie des évènements douloureux de septembre 2002. D'ailleurs, pour une meilleure compréhension du 19 septembre 2002, les historiographes doivent être les parties belligérantes. D'où la nécessité d'étudier en profondeur les conditions historiques et sociologiques de production de tel ou tel discours et de dresser une contre-histoire. Parce que, dans le cas d'espèce, quand on se range du côté des refondateurs ou des Forces nouvelles, devrait-on utiliser le mépris envers ceux dont on dénonce le mépris ? Ne risque-t-on pas de destituer son propre discours anti-haine et ses propres ?'anti-bondieuseries'' si on se plaît à se situer dans tel ou tel camp ? Cela dit, le gouvernement Soro qui respecte et la lettre et l'esprit Mémoire de guerre est un instrument de réconciliation, une sorte de catharsis, un pacte de non agression Pour qu'on n'ait plus à s'entredéchirer, pour qu'on ait plus à se battre, il est bon que quelque chose vienne nous rappeler déjà ce que ça a causé , et le gouvernement Soro en est un. A y réfléchir, ce gouvernement est censé nous conduire à la case départ en ayant pris conscience de ce qui nous a séparés . Au total, l'accord de Ouaga suivi du gouvernement Soro est une démarche, une méthodologie, une pédagogie pour déconstruire toute idéologie d'exclusion, d'ivoirité et de contre ivoirité pour construire un Etat où il fera bon vivre, où la paix devient une culture, un savoir-vivre et savoir-être. Car ce sont des idéologies mêmes les plus généreuses qui ont entraîné ces extrémismes que nous vivons tous depuis le 19 septembre 2002. Alors, que Mémoire de guerre que nous sommes en train d'écrire à travers le gouvernement Soro, ne soit ni l'idéologie de la victimisation, ni l'idéologie de la ?'résistance patriotique''. Qu'elle soit notre bréviaire pour ne plus tomber dans cette folie meurtrière qui s'est emparée de tous les fils et filles de la Côte d'Ivoire. A l'aube d'un 19 septembre



Auguste Gnaléhi (augustegnalehi@hotmail.com)

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