mercredi 11 avril 2007 par Le Patriote

La déception ! Quand Mel Eg Théodore fut nommé en décembre 2005 à la tête du ministère de la culture et de la francophonie, certains artistes avaient poussé un ouf de soulagement. Enfin, voici quelqu'un qui connaît le monde de l'art, se réjouissaient ?ils. Mais, quinze mois plus tard, c'est la désillusion totale. Mel Théodore a déçu. Il a plus parlé qu'il n'a agi, fustige un artiste. L'ex-locataire du 22ème étage de la Tour E, cité administrative, n'a fait que déplacer les problèmes sans les régler véritablement. Il largue, en partant en catimini, pour le département de la ville et de la salubrité, à Kouadio Komoé Augustin, des dossiers préoccupants donc quelques-uns sont profondément délicats. A commencer par la question sensible du Burida (bureau ivoirien du droit d'auteur). Lorsque Mel prenait fonction, cette structure était minée par de profondes crises internes entre ses sociétaires. Deux clans se disputaient âprement, parfois avec violence, le contrôle du Burida. Pour ramener le calme dans la maison, Mel Eg Théodore a choisi d'installer une administration provisoire après avoir mené, via Paul Arnaud, une médiation de quelques jours avec chacun des deux belligérants. Bien plus, Mel Théodore enclenchera quelques semaines plus tard, une réforme de l'institution qui, annoncera-t-il, se muerait en un office national du droit d'auteur (Onada). Mais, le projet demeura dans le tiroir jusqu'à son départ. Peut-être échaudé par quelques railleries d'une frange d'artistes, qui, tapis dans l'ombre, attendaient tranquillement que le projet soit porté au grand jour ou entériné, pour faire entendre leur voix. En définitive, Mel n'osera pas pousser le bouchon plus loin jusqu' à son départ. C'est donc le nouveau ministre de la culture et de la francophonie qui hérite de ce dossier délicat. Que va faire Komoé Augustin ? Poursuivre la réforme Mel ou envisager une autre issue. En tout cas, il devra sortir le Burida de cette bulle où elle échappe entièrement au contrôle de ses sociétaires, donc de ses bailleurs de fonds, dont les droits d'auteur et mécanique alimentent allègrement les caisses de la structure.

Beaucoup de dossiers délicats à gérer

Autre casse-tête pour Komoé Augustin, la gestion des nominations fantaisistes de Mel Eg Théodore à la tête des structures sous tutelle du ministère de la culture et de la francophonie (Bibliothèque nationale, Centre technique des arts appliqués de Bingerville). Où il a remplacé tous les anciens responsables par des personnes essentiellement proches de son obédience politique ou de sa personne. Les résultants ne sont finalement pas probants. Seuls le Musée d'art contemporain de Cocody et le Musée des Civilisations, à travers leurs directeurs respectifs, Henri N'koumo et Mme Kassi, ont été, on ne peut plus, dynamiques, initiant pour le premier des expositions, pour une meilleure visibilité de l'institution et pour le second, des travaux de restauration pour un visage plus reluisant. Mais, l'un des dossiers les plus préoccupants que Mel abandonne à Komoé est incontestablement celui de la lutte contre la piraterie. Le second aura fort à faire pour endiguer le fléau, car le premier ne lui a pas du tout facilité la tâche. Mel a en effet, monté de toutes pièces une brigade de lutte contre ce fléau qui n'existe de nom ou donne l'illusion de l'être en s'offrant des coups plus spectaculaires qu'efficaces à Adjamé. Komoé va ?t-il s'accommoder de cette brigade inefficace qui n'a obtenu aucun résultat tangible ? Rien n'est moins sûr d'autant que cette brigade, grassement financée au compte du budget du ministère, pourrait à la longue constituer pour lui un boulet au pied. Enfin, Komoé Augustin hérite d'une autre création de Mel : le très pompeux conseil consultatif de la culture, qui en définitive, n'a servi à grand-chose, sinon de satisfaire l'ego de ses membres par cette appellation ronflante. De toute évidence, le ministre Komoé devrait se débarrasser de cette coquille vide qui n'influe aucunement sur la bonne marche de son département. On le voit, ce dernier, qui a pris fonction hier lundi, n'aura pas de répit. Pourvu qu'il ne commette pas les mêmes erreurs que son prédécesseur dont le passage à la tête du ministère de la culture et de la francophonie, en dépit des espoirs qu'il a suscités, a été un échec.
Y. Sangaré

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