Le nouveau locataire du 22è étage de la tour E au Plateau se nomme dorénavant Kouadio Komoé Augustin. Il a succédé depuis samedi dernier à Mel Théodore. Mais qu'est-ce qui a suscité le départ de ce dernier qui prétendait jouir des grâces présidentielles ? Selon nos sources, trois raisons fondamentales ont favorisé le débarquement du successeur d'Anne Messou. Il s'agit du problème du Burida, des nominations fantaisistes et du problème de gestion du palais de la culture. Pour, dit-il, restructurer son département, Mel Théodore introduit une requête à un conseil des ministres. Qui lui donne quitus. C'est ainsi qu'il entame le dossier du Burida. Sous prétexte de mettre un terme à la crise (consécutive à l'organisation d'une assemblée générale) qui avait lieu, il débarque Irène Vieira, la directrice générale et met en place une administration provisoire. Dirigée de main de maître par Sess Etienne, un membre de son parti. Allant plus loin dans ses actes, le président de l'Udcy crée une commission tripartite composée de membres des deux conseils en conflit et de représentants de son cabinet. Cette équipe se chargera de proposer des solutions de sortie de crise. Le travail achevé sera remis au ministre, afin qu'il soit mis en application. Mais au grand dam des Affaire Burida créateurs des ?uvres de l'esprit, les résolutions seront classées dans les placards. Très offensif, l'ancien maire de Cocody décide au cours d'une conférence de presse à la salle de conférence de son cabinet de la dissolution du bureau ivoirien du droit d'auteur (Burida). A l'en croire, cette institution serait en cessation de paiement. Séance tenante, il promet traquer tous les débiteurs de la maison. Il annonce la création de l'office national du droit d'auteur et des droits voisins (Onada). Qui, selon lui, permettra aux créateurs des ?uvres de l'esprit de vivre décemment. Le décret portant création et fonctionnement de l'Onada tardera à venir. Un artiste de la place qui a bien suivi le déroulement de la crise au Burida nous en dit plus sur le départ du ministre : Mel Théodore se prenait pour un dieu. Nous pensions qu'il venait pour nous aider à mettre fin à la crise. Alors qu'il ne travaille que pour ses intérêts. L'administrateur provisoire qu'il a nommé ne rend compte qu'à lui. Nous sommes très loin de ce qui se passe dans notre maison. En ce qui concerne le projet portant création de l'Onada, chacun de nous a tout fait pour ne pas que le chef de l'Etat accepte la signature d'un tel projet. Car dans le fond, il ne bénéficie pas aux artistes. Nous avons, à cet effet, fait parvenir une copie du ?'fameux'' projet au président. Le mettant en garde surtout. Voici pourquoi malgré ses acrobaties, Mel Théodore n'a pu obtenir gain de cause, nous avons tout verrouillé. Je pense que son successeur connaît les problèmes des artistes. Donc, il ne viendra pas pour s'enrichir sur leurs dos . Bénéficiant du mutisme des sociétaires dans la gestion opaque et cavalière de leur maison, Mel Théodore s'en tirera à bon compte. Car selon des sources nous parvenant de cette institution, une somme évaluée à des centaines de millions lui est versée tous les mercredis. Nominations fantaisistes
Tout ministre a la latitude de nommer à un poste celui qu'il veut. Pourvu que ce dernier fasse correctement la tâche qui lui a été assignée. Mais ce ne fut pas le cas pour le successeur d'Anne Messou. Qui en un temps record dégommera nombre de directeurs centraux. Ce volet a défrayé la chronique car ses protégés ne connaissaient réellement rien en la matière. Les cas de l'institut national supérieur des arts et de l'action culturelle (Insaac), de la bibliothèque nationale et du musée des civilisations illustrent bien cela. Pour le premier exemple, l'ancien maire de Cocody fera venir Beugré Pierre (un ancien sous-préfet) à la place de M. Gouhéré Lago Antoine. Celui-là même qui grâce à sa vision des arts et de la culture avait donné un nouveau souffle à l'établissement. Son départ sera mal apprécié par les enseignants et les étudiants. Pour se manifester, les derniers cités à travers des courriers saisiront la tutelle pour lui expliquer l'ambiance délétère qui prévalait désormais au sein de l'établissement. Ils n'oublient pas de lui demander de s'exécuter de peur de paralyser l'établissement. Le ministre n'accordera aucun crédit à cet appel jusqu'à ce que son poulain (Beugré Pierre) décède le mois dernier des suites d'une crise. En ce qui concerne la direction du musée des civilisations, Mel Théodore mettra en place tout un scénario pour débarquer Mme Zagbayou Bekouan Hortense, la directrice générale. A qui il est reproché sans aucune preuve à l'appui le détournement de l'aide de l'ambassade des Etats-Unis. Cette somme devait servir à la réalisation de projets. Avec la complicité de James Houra, le président de l'Udcy accomplit sa mission. Lors de la passation de charge, Mme Zagbayou Hortense sera traitée de tous les noms. Quelque temps après, l'on se rendra compte de la mise en scène. Mme Kassy Sylvie, la nouvelle directrice ne se connaissant pas véritablement en la matière, aura du mal à poursuivre la mission de celle dont elle a hérité. C'est ainsi que le ministre lui octroiera une subvention de plus de cinquante millions pour relooker le cadre. Chose qu'il refusait de faire au temps de Békouan Zagbayou. Une façon sans doute d'attirer l'attention sur la gestion remarquable de cette dernière. Les jours ont suffi pour que l'on se rende compte de la réalité des faits. Je n'ai pas compris la manière dont a voulu travailler le ministre. Nommer son proche pour lui faire plaisir en sachant qu'il ne peut réellement remplir cette tâche n'est pas une bonne chose. C'est ce à quoi nous a habitués le ministre dans son département. Du musée des costumes au musée des civilisations en passant par l'institut national des arts et de l'action culturelle, Mel a ?'sauté'' les responsables pour placer ses proches qui, en fait, n'ont aucune compétence , confié un agent du musée des civilisations.
Contrôle du palais de la culture. Selon les nouvelles prescriptions, le palais de la culture, autrefois géré par le ministère de la culture, est désormais sous le contrôle du ministre de l'économie et des finances et du palais présidentiel. Où le comité de gestion dirigé par Sarata Ottro a été installé. Informé de la situation, Mel Théodore s'est entêté de dégommer le directeur général de cette institution, Sijiri Bakaba, nommé par décret présidentiel. Pour mauvaise gestion, fait-il croire. Le ministre se propose d'avoir dorénavant la main sur le palais de la culture. Il diligente, sur ce, un audit sur la gestion du directeur général. Le cabinet copté par Mel au terme de son travail félicitera le cinéaste pour sa bonne gestion. L'ancien maire de Cocody vient une fois de plus de subir une cuisante humiliation. Dans un entretien qu'il a accordé à cet effet à nombre d'organes de la place, Sijiri Bakaba n'a pas ménagé le ministre. Il lui a apporté la réplique appropriée en ces termes : Mel ne peut pas me faire partir du palais de la culture. Il se fatigue. Il veut se faire voir. Depuis qu'il a été nommé ministre, on ne peut plus respirer. Il roule avec des girophares comme s'il était le Premier ministre. Irrespectueux et arrogant, il se permet de dire des choses sur mon compte. Qu'il sache que je suis un artiste. Et qu'on ne peut pas destituer un artiste. Par contre, on peut le faire pour un ministre. Il n'a aucune qualité d'un artiste pourtant il veut se considérer comme un artiste. C'est ça la nouvelle Côte d'Ivoire . Durant tout le temps passé à la tête du département culturel, Mel Théodore n'aura brillé que par son incompétence. Le volet de la lutte contre la piraterie n'a pu être résolu. Tous ces facteurs ont suffi pour que le chef de l'Etat perçoive les carences notoires du président de l'Udcy. En guise de remerciements, il lui confie un piètre ministère. C'est le lieu d'attirer l'attention du nouveau ministre. Afin de tout mettre en ?uvre pour mener à bien sa mission. Ainsi, il méritera non seulement la confiance des artistes. Mais surtout de ceux qui l'ont porté à la tête de ce département.
DD