samedi 7 avril 2007 par Nord-Sud

Après son départ de la primature, Charles Konan Banny s'est confié vendredi à RFI. Il a défendu son bilan et parlé de son avenir immédiat.


(...)
J'ai dit que je ne comptais pas du tout retourner à la Bceao. Il faut bien que les gens comprennent que n'importe qui ne peut pas faire n'importe quoi. Pourtant il y a beaucoup d'Ivoiriens qui peuvent assumer le poste. J'espère qu'on prendra parmi ceux-là.

Vous savez que beaucoup de pays membres souhaitent que ce ne soit plus la Côte d'Ivoire ?
Mais la Côte d'Ivoire souhaite aussi que ce soit elle. Il faut obtenir un consensus avec les autres chefs d'Etat, sans agressivité. Il faut convaincre. C'est dans l'intérêt de tous puis que ce schéma n'a pas si mal marché dans les trente dernières années. Si on trouve quelqu'un de compétent et que de plus il est un Ivoirien, qui peut assumer la tâche, je considère que pour la stabilité institutionnelle dans une matière aussi importante que la monnaie on peut trouver ce compromis là. Ce compromis-là qui est gagnant, qui a gagné dans le passé, il faut le reconduire pour le futur.

Est-ce que ce n'est pas frustrant de ne pas terminer ce qu'on a commencé ?
Surtout pas quand on a la foi. Comment voulez-vous organiser des élections dans un pays où il n' y a pas de confiance. Donc j'ai beaucoup travaillé sur le retour de la confiance avec les heurts et malheurs que vous savez : les hésitations, les blocages des uns et des autres. Voilà pourquoi je n'ai pu arriver aux élections mais ce n'est que partie remise, je l'espère.

Alors heurts et malheurs comme vous dites. Les premiers mois de votre mandat, vous disiez je vais faire tandem avec Laurent Gbagbo . Pourquoi le tandem a-t-il fait une sortie de route ?
Rire. Il fait une sortie de route parce que peut-être on n'était pas bons cyclistes. Je me souviens qu'un jour sur RFI vous m'avez demandé qui est devant.

Qui tenait le guidon
Voilà, vous vous souvenez ! Le président Gbagbo et moi, nous avions un différend. C'est que lui, il était candidat aux prochaines élections. Moi, je ne le suis pas. Il peut y avoir des malentendus et je crois que ça n'a pas manqué. Puisque à un moment donné, une sorte d'obsession a envahi le personnel politique à l'idée qu'en fait Banny est un candidat potentiel donc un adversaire. Donc il faut le combattre. Alors que je me considérais comme un homme de mission. Donc je sais que je ne tenais pas le guidon.

Est-ce que vos relations avec Laurent Gbagbo ne se sont pas envenimées un peu plus quand l'ONU le premier novembre 2006 a voulu vous donner le pouvoir de signer des décrets ?
Je crois c'est un peu ça. C'est la preuve par neuf d'après certains que je voulais parachever au plan constitutionnel un coup d'Etat qui n'avait pas réussi. Alors que moi, j'ai toujours recherché le compromis.

Est-ce que la communauté internationale ne vous a pas lâché ?
Elle s'est lâchée elle-même. Qu'est ce que c'est un pouvoir sans moyens ?

Et vous-même n'aviez-vous pas commis une erreur ? Justement celle de surestimer le poids de la communauté internationale face au président Gbagbo ?
Je suis quelqu'un de très ouvert mais qui considère que sur toutes les questions les Africains doivent d'abord se prendre en charge. Vous avez oublié tout ce que nous avons fait pour que les différents acteurs se parlent ? Et en Côte d'Ivoire plutôt que de se parler à l'étranger. Vous avez oublié Yamoussoukro 1, 2, 3 et 4. N'ayons pas la mémoire sélective et courte.

Alors vous dites que vous avez marqué un essai et il reste à le transformer mais que répondez-vous à ceux qui pensent que vous en faites botter en touche ?
Rire. D'abord vous savez qu'au rugby tout ce qui se rapproche de la ligne de touche est bien. A la limite, j'accepte ça. Je botte en touche à un mètre de la ligne de but, je fais la touche et je marque.

Est-ce que vous n'avez trop tergiversé quelques fois ?
Certainement. En fait, nous sommes dans un processus de recherche du consensus. Les tergiversations ne sont pas du temps perdu. Ma mission était de réconcilier les principaux protagonistes. Aujourd'hui, ces protagonistes sont réunis dans une même salle. Est-ce que ce n'est pas ça l'essence même de ma mission ? Le président Gbagbo et Guillaume Soro se partagent le pouvoir. Ils se retrouvent dans une même salle pour discuter, je considère donc que mon devoir est accompli, que ma mission n'est pas terminée. Et puis voilà.

Au début de votre mandat vous avez pris vos distances avec MM. Bédié, Ouattara, Soro et ils ne vous ont beaucoup aidé dans l'adversité. Est-ce que vous ne regrettez pas aujourd'hui d'avoir fait cavalier seul ?
Je n'ai jamais pris de distance avec qui que ce soit. J'ai été à équidistance des partis en conflits

Le nouveau Premier ministre n'est pas à équidistance des acteurs que vous venez citer. Est-ce que vous pensez que cette nouvelle affaire peut marcher.
Je commence à croire qu'ils ont plus de moyens que moi. Par exemple ils ont des troupes pour sécuriser les audiences foraines. Ce que moi je n'avais pas.

En faisant venir Guillaume Soro a la primature, est-ce que Gbagbo ne cherche pas à affaiblir le candidat du Nord Alassane Ouattara ?
C'est possible. En politique, affaiblir l'adversaire fait partie du jeu (.).

Charles Konan Banny, vous avez dit récemment je ne suis plus gouverneur, je ne suis plus Premier ministre, mais personne ne peut m'enlever ma citoyenneté ivoirienne . Est-ce que cela veut dire que vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle ?
Franchement, je n'en sais rien. Et là, je ne parle pas la langue de bois. Je n'en sais strictement rien. Mon combat, ce n'est pas pour un poste. Mon combat, c'est pour faire triompher des valeurs. Quelles sont ces valeurs-là ? Je veux voir disparaître la haine, le mensonge, la division, les iniquités, la malhonnêteté, la mauvaise gouvernance.

Allez-vous créer un parti politique autour de ces valeurs?
Non, cela ne fait pas partie de mes projets.

Allez-vous rentrer dans la grande maison Pdci ?
Vous vous souvenez que lorsque je suis arrivé, j'ai dit que j'étais à équidistance mais personne ne peut m'écarter de la maison du père.

Mais vous n'êtes pas membre en tant que tel du Pdci, aujourd'hui ?
Mais on peut redevenir membre

Si vous revenez au Pdci, est-ce que vous allez vous mettre au service du candidat Henri Konan Bédié ?
Un parti n'est pas au service de quelqu'un. Ce n'est pas comme cela qu'il faut voir les choses. Un parti défend une cause

Et vous serez peut- être candidat à la candidature à l'intérieur du Pdci ?
Qu'est-ce que vous êtes pressé ! Non, franchement, mes réflexions ne sont pas orientées dans ce sens

Allez-vous alors soutenir une candidature d'Henri Konan Bédié ?
Pourquoi pas ? () S'il y avait d'autres candidatures, en dehors de la mienne, on verra le moment venu. Vous savez, il y a tellement de compétentes au Pdci. Il ne s'agit pas d'une affaire de Konan Konan. Je crois qu'il faut attendre le moment venu

Propos retranscrits par Koffi Serges (Stagiaire)

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