samedi 7 avril 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Pour les uns, il a échoué. Pour les autres, il n'a pas démérité. En Côte d'Ivoire, après quinze mois de cohabitation difficile avec Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny vient de céder son poste de Premier ministre à Guillaume Soro. Il a accordé vendredi dans la matinée une interview à Radio France internationale (RFI).

Est-ce que ce n'est pas frustrant de ne pas terminer ce qu'on a commencé ?
Oui un peu, il faut être franc, surtout quand on a la foi. Mais comment voulez-vous organiser des élections dans un pays où il n'y a pas de confiance. J'ai beaucoup travaillé sur le retour de la confiance avec les heurts et malheurs que vous savez du fait des hésitations, les blocages des uns et des autres .Voila pourquoi nous n'avons pas réussi à organiser ces élections, mais ce n'est que partie remise.

Alors, les heurts et malheurs comme vous dites, les premiers mois de votre mandat, vous disiez, je vais faire tandem avec Laurent Gbagbo, est-ce que le tandem a-t-il fait une sortie de route ?
(Rires) ! Il a fait une sortie de route parce que peut-être, nous n'étions pas de bons cyclistes, l'un et l'autre, (je me souviens qu'un jour sur Rfi vous m'avez demandé qui est devant.)

Et qui va tenir le guidon? ?
Bien voilà (vous vous souvenez). Le président Gbagbo et moi avions une différence : lui, était candidat aux prochaines élections, et moi je ne le suis pas. Il peut avoir des malentendus et je crois que cela n'a pas manqué entre lui et moi puisque à un moment donné, la suspicion a envahi la classe politique dans l'idée que Banny est un candidat potentiel donc devient un adversaire. Il faut par conséquent le combattre. Alors que moi je me considérais comme un homme de mission. (Je sais que je ne tenais pas le guidon)

Est-ce que vos relations avec Laurent Gbagbo ne se sont pas envenimées un peu plus lorsque l'Onu, le 1er novembre 2006 a voulu vous donner le pouvoir de signer des décrets ?
Mais c'est un peu ça, C'est la preuve multipliée par neuf, d'après certaines personnes que je voulais parachever au plan constitutionnel un coup d'Etat qui n'avait pas réussi alors que vous savez que moi, j'ai toujours recherché le compromis.

Est-ce que la communauté internationale ne vous a pas lâché ?
Elle s'est lâchée elle-même, qu'est-ce que c'est un pouvoir sans moyens ?

Et vous-même, n'avez-vous pas commis une erreur, celle de surestimer le poids de la communauté internationale face à celui du Président Laurent Gbagbo ?
Je suis quelqu'un qui est ouvert sur l'extérieur mais qui considère que sur toutes les questions, les africains doivent d'abord se prendre en charge. Vous avez déjà oublié tout ce que nous avons fait pour que les différents acteurs se parlent et en Côte d'Ivoire plutôt que de se parler à l'étranger ? Vous avez oublié "Yamoussoukro 1, 2, 3, 4 "? N'ayons pas la mémoire sélective et courte !

Est-ce que vous n'avez pas trop tergiversé quelque fois ?
Certainement, mais nous sommes dans un processus de recherche de consensus. Les tergiversations n'étaient pas du temps perdu. Ma mission, c'était de réconcilier les principaux protagonistes aujourd'hui. Ces protagonistes se sont réunis dans une même salle, ce n'est-il pas l'essence même de ma mission ?.
Le Président Gbagbo et Guillaume Soro se partagent le pouvoir et qui se retrouvent dans une même salle pour discuter. Je considère donc que mon devoir est accompli, que ma mission n'est pas terminée.

Au début de votre mandat, vous avez pris vos distances avec messieurs Bédié, Ouattara et Soro. Du coup, ils ne vous ont pas beaucoup aidé dans l'adversité. Ne regrettez-vous pas aujourd'hui d'avoir fait cavalier seul ?
Je n'ai jamais pris de distance avec qui que ce soit, j'ai été à équidistance des différentes parties en conflit.

Le nouveau Premier ministre, lui, n'est pas du tout à équidistance. C'est l'un des acteurs comme vous le dites, est-ce que ce nouvel attelage peut marcher ?
Dès lors que les deux protagonistes sont passés aux commandes, j'ai tendance à croire qu'ils ont plus de moyens que moi, par exemple tout pour sécuriser les opérations des audiences foraines, ce que je n'avais pas.

Est-ce qu'en faisant venir Soro Guillaume à la primature, Laurent Gbagbo ne cherche pas à affaiblir l'opposant du Nord, Alassane Ouattara ?
C'est possible en politique, affaiblir l'adversaire fait aussi parti du jeu. Pour moi, on n'a pas besoin de ces calculs politiques ou politiciens, on a besoin de sortir de la crise et pour en sortir, il faut être sincère et déterminé.

Charles Konan Banny, vous avez dit récemment je ne suis plus gouverneur, je ne suis plus Premier ministre mais personne ne pourra m'enlever ma citoyenneté ivoirienne?. Est-ce que ça veut dire vous serez candidat à la prochaine élection présidentielle ?
Franchement, je n'en sais strictement rien. Moi, mon combat n'est pas pour un poste. Mon combat c'est de faire triompher des valeurs. Quelles sont ces valeurs là ? Celles que je voulais voir disparaître : tout ce qui est autour de la haine, de la division, des mensonges , des demi vérités, de la malhonnêteté, de la mauvaise gouvernance.

Alors pour diffuser ces valeurs, est-ce que vous allez créer un parti ?
Non, ça ne fait pas parti de mes projets.

Allez-vous rentrer dans la grande maison PDCI comme vous le dites ?
Quand je suis arrivé, j'ai dit que je suis équidistant mais personne ne pourra me chasser de la maison du père.

Mais, vous n'êtes pas membre en tant que tel du PDCI aujourd'hui ?
On peut toujours devenir membre.

Si vous êtes membres, accepteriez-vous de vous mettre au service du Président Bédié ?
Un parti n'est pas au service de () c'est pas comme ça qu'il faut voir les choses. Un parti défend une cause, le reste vient après.

Et vous serez peut-être candidat à la candidature à l'intérieur du Pdci ?
Non, franchement mes réflexions ne sont pas orientées dans ce sens.

Pouvez-vous soutenir une candidature d'Henri Konan Bédié ?
Mais pourquoi pas ? Il a été ancien Président. Lui aussi pourra soutenir une autre candidature s'il s'avère qu'il y a d'autres candidats en dehors de moi-même. Il y a tellement de personnes qui peuvent prétendre à ce poste au Pdci. Cela ne sera pas une affaire de "Konan-Konan". C'est intéressant, les questions que vous posez devront être tranchées. Est-ce qu'on ne peut pas attendre le moment venu pour les répondre ?
Source : RFI

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