samedi 7 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Les justiciables ont-ils des droits en Côte d'Ivoire ? Comment nos honorables magistrats conçoivent-ils ou expliquent-ils ce qui se passe actuellement au tribunal d'Abidjan ? Harcèlement judiciaire, cela fait plus d'un mois que le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani est obligé de se rendre chaque vendredi au tribunal d'Abidjan dans l'espoir de connaître le verdict que cette juridiction lui réserve dans le cadre du procès ouvert contre lui par le chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Et à chaque fois, sans évoquer des raisons particulières, le tribunal reporte sa décision. C'est devenir comme un jeu. Tant pis pour M. Adjoumani s'il a des obligations de voyage ou d'affaires personnelles à honorer. Il doit s'organiser pour se présenter au tribunal à chaque fois que le juge a besoin de le voir pour reporter à nouveau sa sentence. S'il refuse, il commet un autre délit qui peut lui valoir une autre procédure. Et pourtant, tout semblait bien ficelé, les avocats de Gbagbo ont plaidé, le procureur de la République a requis, les avocats de la défense ont plaidé, il ne reste plus au juge que de trancher. Et c'est là que les choses coincent. Tout se passe comme si l'on voulait jouer sur les nerfs, le mental du prévenu, comme si l'on voulait l'humilier davantage, l'obliger à se promener au tribunal. On a surtout l'impression que l'on veut obliger les magistrats à prendre une décision lourde et inacceptable par leur propre conscience. Car nous ne doutons pas que s'il ne s'agissait que de faire appliquer la loi, nos honorables magistrats ne se fatigueraient pas autant les méninges pour trouver la bonne décision légale à appliquer à la situation présente. Ils ont la compétence nécessaire pour le faire. Mais les hésitations et les reports successifs viennent comme pour convaincre tout le monde que le dossier est complexe et qu'il pose un cas de conscience aux magistrats. Le rôle de ces derniers est en effet chargé. Que faut-il décider entre débouter un chef d'Etat de ses prétentions ou condamner un député dont l'immunité parlementaire n'a pas été levée ? Quel magistrat oserait-il trancher en son âme et conscience ? Déclarer la procédure irrégulière, c'est dire que Gbagbo n'a pas raison et c'est un crime de lèse majesté que de désavouer sous nos cieux un prince, c'est s'exposer à des représailles de toutes sortes. En revanche, condamner Adjoumani c'est violer la Constitution et l'immunité parlementaire des députés. Il semble même que dans ce dernier cas, le juge qui s'est rendu coupable d'une telle forfaiture peut encourir lui-même des sanctions pénales. Devant un tel cas, que fait-on ? Procède-t-on par un arrangement comme le suggèrent les députés du groupe parlementaire PDCI ou fonce-t-on tête baissée dans le mur ?
Akwaba Saint Clair

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