samedi 7 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

48h après son départ de la primature ivoirienne, l'ex premier ministre Charles Konan Banny s'est ouvert à RFI. L'ex chef du gouvernement ivoirien parle de sa mission de réconciliation menée pour tenter de ramener la paix et également de son avenir politique. "Nous avons accompli notre devoir mais la mission n'est pas achevée" dira l'ex premier ministre dans cet entretien.

N'est-ce pas une frustration de ne pas terminer ce qu'on a commencé ?
Un peu, il faut être franc, surtout lorsqu'on à la foi. Comment voulez-vous organiser les élections dans un pays où il n'y a pas de confiance ? Donc, j'ai beaucoup travaillé sur le retour de la confiance. Bon, avec les heurts et malheurs que vous savez. Disons les hésitations, ou les blocages des uns et des autres. Voilà pourquoi on n'a pas réussi à organiser les élections. Mais, ce n'est que partie remise, je l'espère.

Alors les heurts et les malheurs comme vous dites, alors que les premiers mois de votre mandat, vous disiez, je vais faire tandem avec Laurent Gabgbo. Pourquoi le tandem a-t-il fait une sortie de route ?
(Rires). On a fait une sortie de route parce que peut-être qu'on n'était pas bons cyclistes, l'un ou l'autre. Je me souviens qu'un jour, vous m'avez demandé sur RFI, qui est devant ?

RFI : Et qui va tenir le guidon ?
Voilà ! Vous vous souvenez ?

Oui !
Le Président Gbagbo et moi, nous avions une différence. C'est que lui était candidat aux élections et moi, je ne le suis pas. Il peut y avoir des malentendus. Et je crois que ça n'a pas manqué entre lui et moi puisqu'à un moment donné comme une espèce d'obsession a envahi le personnel politique en l'idée que Banny est un candidat potentiel donc il devient un adversaire qu'il faut combattre alors que moi je me considérais comme un homme de mission. Ce qui faisait que je ne tenais pas le guidon.

Est-ce que vos relations avec Laurent Gbagbo ne se sont pas envenimées un peu plus, quand l'ONU le 1er novembre a voulu vous donner le pouvoir de signer des décrets ?
Mais c'est un peu cela. Je crois que c'était la preuve par 9, d'après certains que je voulais parachever au plan constitutionnel un coup d'Etat qui n'avait pas réussi. Alors vous saviez que moi j'ai toujours recherché le compromis.

Est-ce que la communauté internationale ne vous a pas lâché ?
Elle s'est lâchée elle-même. Qu'est-ce que c'est un pouvoir sans moyens.

Navez-vous pas commis une erreur justement, celle de surestimer le poids de la communauté internationale face à celui de Laurent Gbagbo.
Je suis quelqu'un qui est ouvert sur l'extérieur mais qui considère que sur toutes les questions, les Africains doivent d'abord se prendre en charge. Vous avez déjà oublié tout ce que nous avons fait pour que les différents acteurs politiques se parlent en Côte d'Ivoire au lieu de se parler à l'étranger. Vous avez oublié Yamoussoukro 1, 2, 3, 4. N'ayons pas la mémoire sélective et courte.

Alors vous dites vous marquez l'essai et qu'il reste à le transformer. Mais que répondez-vous à ceux qui disent que vous bottez en touche ?
(Rire) D'abord, vous savez qu'en Rugby tout ce qui se rapproche de la ligne de but est bien. Bon alors à la limite, j'accepte ça, je botte à 1 mètre de la ligne de but, je fais une entrée en touche et je marque l'essai.

Est-ce que vous n'avez pas trop tergiversé quelques fois ?
Certainement. Mais nous sommes dans un processus de recherche de consensus, les tergiversations, ce n'étaient pas du temps perdu. Ma mission de réconcilier les principaux protagonistes. Aujourd'hui ces protagonistes sont réunis dans une même salle. Est-ce que ce n'est pas ça le sens même de ma mission ? que le Président Gbagbo et Guillaume Soro se partagent le pouvoir et qu'ils se retrouvent dans une même salle pour discuter. Je considère donc mon devoir est accompli, que ma mission n'est pas terminée et puis voilà. Au début de votre mandat, vous avez pris vos distances avec MM Bédié, Ouattara, Soro. Ils ne vous ont pas beaucoup aidé dans l'adversité. Est-ce que vous ne regrettiez pas aussi d'avoir fait cavalier seul ? J'ai n'ai jamais pris de distance avec qui que se soit. J'étais à équidistance des partis en conflit.

C'est différent. Le nouveau Premier ministre, lui n'est pas du tout à équidistance, c'est un des acteurs comme vous dites. Est-ce que cette nouvelle approche peut marcher ?
Dès lors que les deux protagonistes sont aux commandes, j'ai tendance à croire qu'ils ont plus de moyens que moi par exemple ; ils ont des troupes pour sécuriser les audiences foraines que je n'avais pas.

Est-ce qu'en faisant venir Guillaume Soro à la primature, Laurent Gbagbo ne cherche pas à affaiblir le grand leader du nord qui est Allasane Ouattara ?
C'est possible, en politique, affaiblir l'adversaire fait partie du jeu. Mais avant ce calcul politique ou politicien, on a besoin de sortir de la crise et pour sortir de la crise, il faut être sincère et déterminé.

Alors Konan Banny vous avez dit récemment je ne suis plus Premier ministre, je ne suis gouverneur. Mais personne ne peut m'enlever ma citoyenneté ivoirienne. Est-ce que ça veut dire que vous serez candidat aux prochaines élections présidentielles.
Franchement je n'en sais rien. Et là je ne suis en train de parler de la langue de bois. Je n'en sais strictement rien.
Moi, mon combat n'est pas un combat pour un poste. C'est celui de faire triompher des valeurs. Quelles sont ces valeurs-là ? En tout cas je vais dire ce que je voudrais voir disparaître. Tout ce qui est autour de la haine, du mensonge, des contrevérités. Tout ce qui est autour de la malhonnêteté, de la mauvaise gouvernance.

Pour diffuser ces valeurs, est-ce que vous allez créer un parti ?
Non, ça ne fait pas parti de mes projets.

Allez-vous entrer dans la grande maison PDCI comme vous dites ?
Vous vous souviendrez que quand je suis arrivé, j'ai dit que je suis équidistant mais personne ne pouvait me chasser de la maison du père.

Mais vous n'êtes pas membre en tant que tel du PDCI aujourd'hui ?
On peut toujours devenir membre.

Si vous revenez au PDCI, est-ce que vous allez-vous mettre au service du Président Henri Konan Bédié ?
Un parti n'est pas au service d'unCe n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses. Un parti défend une cause, le reste vient après.

Vous serez peut-être candidat à la candidature à l'intérieur du PDCI ?
Ah ! Qu'est-ce que vous êtes pressé. Franchement mes réflexions ne sont pas orientées dans ce sens.

Mais pensez-vous soutenir une candidature Henri Konan Bédié ?
Mais pourquoi pas ? Il a été président de la République. Et lui aussi peut soutenir une autre candidature s'il s'avère qu'il y a d'autres candidats en dehors de moi-même. Il y a tellement de personnes
Ça ne se ramène pas à une affaire de Konan-Konan. Je sais bien que ces questions que vous posez seront tranchées.
Mais est-ce qu'on ne peut pas attendre le moment venu ?
Propos recueillis par
De Bouaffo
Source RFI

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