vendredi 6 avril 2007 par Le Patriote

Qu'est-ce qui vous a motivé une série comme Class A ?
C'est une suite logique dans mon esprit. Martika est connu en Côte d'Ivoire depuis notre installation pour avoir produit les émissions Challenge, Différences. On s'est rendu compte qu'il y avait un autre terrain qui n'était pas assez exploité. Celui des séries télévisées, parce que nous sommes consommateurs des télénovelas brésiliens. Pourquoi ne pas en faire ici. On a déjà ici des séries comme Faut pas fâcher , Ma famille . Je rends hommage à Akissi Delta. Je me dis que c'est parce qu'elle arrive à faire Ma famille qu'on peut faire d'autres séries. Elle a ouvert la voie. Et comme le sitcom est un terrain intéressant pour les producteurs, il faut oser le faire. Martika entre dans les séries télé parce que c'est aujourd'hui le marché le plus important en télévision. Et ça va l'être de plus en plus. Donc, on n'a pas le mérite de le faire. On aurait eu plutôt tort de ne l'avoir pas fait.

Aviez-vous des appréhensions avant de lancer le projet ?
Effectivement quand on veut faire une série, on en a. Cela fait trois ans et demi que nous travaillons sur le projet Class A à Martika. C'est beaucoup d'écriture, de choses démarrées qu'on arrête. Ensuite, nous avons fait un casting qui date de deux ans et demi. Sur les trente-deux acteurs de la série, on n'a que trois comédiens. Tous les comédiens de Class A n'ont jamais crevé les écrans de cinéma, mais quand vous verrez la série, vous n'allez même pas vous en rendre compte parce qu'ils ont été formés par les jeunes de l'Actor's Studio de Sidiki Bakaba. Nous avons pratiquement mis neuf mois à former ces jeunes. Donc, les appréhensions, pour moi c'est, est-ce que je peux le faire ? Martika en tant que maison de production a-t-elle les compétences pour le faire ? La solution, c'est croire en ce qu'on fait. Aller étape par étape et s'arrêter quand il le faut. Le pilote de Class A a été réalisé, en décembre 2005, par Armand Brice Tchikamen. Et nous avons commencé à tourner en septembre 2006. Nous avons donc mis huit mois pour voir dans le pilote, ce qui était bon et surtout ce qui n'était pas bon. Le pilote a été critiqué par plusieurs personnes aussi bien en Côte d'Ivoire qu'à l'extérieur. On s'est rendu compte qu'on n'était pas bon au niveau du son, du cadrage. Ces huit mois ont permis d'évacuer les appréhensions et de trouver des solutions à nos handicaps. La 1ère saison de Class A est potable et nous allons attaquer bientôt la deuxième. Zadi Toh a réalisé toute la première saison. Ensuite, on a trouvé un autre pour la suite. Mais, il reste le socle parce que c'est lui gère le scénario.
Quels ont été les principaux écueils du tournage ?
Moi en tant que producteur, c'est des problèmes de sous. Si je vous facture un reportage ou un documentaire, une partie de ce que je gagne va dans le matériel et à l'équipe technique qui est jeune. Si aujourd'hui, il y a un sponsor, et je l'espère, on pourra rétribuer les gens comme ils le méritent. Mais, ils sont venus parce qu'ils ont envie de travailler sur le projet. Zadi Toh( réalisateur) : On a eu quelques émotions sur le plan de la réalisation. J'ai la chance de travailler avec des techniciens qui avaient pour certains, une expérience des plateaux de tournage. Nous avons eu quelques soucis au niveau de la diction. Mais nous avons pu géré ces problèmes grâce à un garçon comme Michael Danon qui a donné des cours aux acteurs. La formation qu'ils ont suivie nous a permis de gérer sereinement les contraintes de temps.
Combien de pays sont-ils intéressés par la série et quel format de diffusion allez-vous privilégier ?
Huit pays africains dont le Sénégal, le Bénin, le Cameroun, la Côte d'Ivoire désirent diffuser Class A. Et le format c'est des 26 minutes qu'on diffuse pour certains en un bloc, pour d'autres en deux fois 13 minutes. Cela dépend de l'espace disponible sur les programmes des chaînes. Ce n'est pas tellement nous qui décidons. On ne peut pas s'imposer à un directeur des programmes. Mais, on lui fait cas des deux formats. Ce mois d'avril, on finalise avec toutes les chaînes. Pas d'autres contacts en Europe à part 3A Télésud ?
Hormis 3A Télésud, Canal+Horizons va diffuser la série à partir du mois de septembre. Ils reprennent le premier épisode sur une nouvelle chaîne, ce n'est pas à moi de dire le nom. On a un contact également avec la chaîne Direct 8. A Paris, quelqu'un a présenté la série à la télévision belge. Nous attendons la réponse.
Combien a coûté la première saison de Class A ?
(Rires) La structure du budget de Class A, c'est les cachets des acteurs, les moyens qu'on donne en défraiement, le matériel qu'on utilise. Les journaux ont cité 160 millions, ça serait plutôt le budget de deux saisons. Parce que nous avons démarré sur le principe de deux saisons. C'est en chemin que nous avons décidé que la deuxième saison se tournera dans un autre pays. Nous avions également prévu 26 épisodes pour la première saison, mais nous en ferons finalement 40. Ce qui veut dire que la deuxième saison en compte au moins 52. Le budget va donc s'alourdir. Ne prenez pas en cash l'argent que nous utilisons. On pourra parler de budget quand on aura fini la première saison parce que nous finançons au jour le jour. Vous préparez déjà pour juin le tournage d'une seconde série. Peut-on avoir déjà une idée de ce projet ?
C'est une série sur les teenagers qui va concerner la tranche d'âge 11-15 ans. Nous n'avons pas encore arrêté le nom. Vous savez, le nom Class A est venu au bout de quelques épisodes. C'est une proposition de Michael Danon qui est arrivé un jour comme ça et lancé le nom. Moi, j'avais, tout comme Zadi Toh, d'ailleurs pas bien réagi. Mais après on s'est rendu comte que ça tenait. L'important pour MARTIKA, c'est le scénario. Le scénariste a commencé l'écriture du scénario. Quand il aura fini, on pourra choisir le titre après avoir lu ce qu'il a écrit. Lors du lancement de la nouvelle grille des programmes de la RTI, vous avez plaidé pour une collaboration plus étroite entre ce média de service public et les producteurs privés. Que reprochez-vous à la RTI ?
Dans mon plaidoyer, il n' y a pas de reproche. J'ai simplement dit à la RTI que nous sommes là parce qu'elle était là. Le privé a besoin de média pour diffuser ce qu'il fait. Sinon, les cassettes restent dans les tiroirs. Je suis à mon cinquième directeur général de la RTI depuis que je suis venu en Côte d'Ivoire. J'ai eu de bons rapports avec tous. Ce que je voulais dire à la RTI c'est que si l'ambition dans dix ans c'est d'être leader dans la sous-région et au niveau panafricain, il faut miser sur les privés parce que nous ne sommes pas là par hasard. Pour la plus part d'entre nous, nous sommes formés, nous avons une expérience, une vision de l'audiovisuel qui peut être complémentaire à celle d'une télévision. Il s'agit d'être partenaire dans un rapport win-win . Si la télévision entre dans ce partenariat, il y a une complémentarité. Dans ce cas, la télévision ivoirienne peut réaliser dans trois ou quatre ans ce qu'elle projette dans dix ans. Elle ne peut pas le faire seule. Elle entre dans le satellite et beaucoup de privés fournissent déjà les chaînes qui sont sur le satellite. Et la télévision doit savoir que nous sommes bien installés sur tous les plans. Et le privé est motivé. Le tout, c'est que les accords soient clairs. Qu'on n'ait pas l'impression qu'on ne tienne pas compte de nous.
Etes-vous justement de l'avis des producteurs privés qui estiment que la RTI est gourmande ?
Soyons clairs. Si on est là en ayant confiance en nous, on ne doit pas avoir peur d'affronter toutes les négociations. Si la télé est gourmande, c'est parce qu'elle dit aux gens, vous avez pris l'initiative de produire quelque chose dans votre coin, sans nous consulter et quand vous avez fini, vous nous ramenez ça en commençant à nous parler de vos coûts de production. On ne vous a pas commandé ça. Nous sommes une chaîne qui diffuse, nous avons besoin de faire rentrer de l'argent. Par ailleurs, la RTI, contrairement à d'autres télés d'Afrique n'est pas subventionné. Elle négocie pour ses intérêts. A moi aussi de négocier pour les miens. La tentative d'avoir la plus grosse part du gâteau est naturelle.

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