vendredi 6 avril 2007 par Le Front

De Seydou Elimane Diarra à Charles Konan Banny les consultations préalables à la formation des gouvernements successifs, ont ceci de particulier qu'elles ont épuisé des semaines. L'accord de Ouaga faisant de Guillaume Soro le nouveau Premier ministre sort de ce schéma sclérosant. Le leader des Forces nouvelles a mis une semaine pour convaincre tout le monde.


Le Premier ministre d'une Côte d'Ivoire en crise a épuisé près de 3 mois pour former enfin son gouvernement. Seydou Elimane Diarra nommé en janvier 2003 à Paris, n'a pu constituer une équipe qu'en mars de la même année. Le contexte de la nomination de Seydou Elimane Diarra couplé à la brèche ouverte dans l'histoire politique de la Côte d'Ivoire a beaucoup pesé dans la durée des consultations engagées par celui-ci en vue de constituer son gouvernement. Pour mémoire, il faut rappeler que c'était, dans la vie institutionnelle ivoirienne, la première fois qu'un chef de gouvernement était nommé à l'extérieur. Fut-ce dans les locaux de l'ambassade de Côte d'Ivoire.
Le fait est alors inédit et explique en partie pourquoi, l'ex-Premier ministre de la junte militaire de Guéi Robert a vu sa souffrance se prolonger pour mettre en place une équipe. En effet, le Fpi, ouvertement hostile aux conclusions du sommet de Marcoussis-Kléber, a vite fait de manipuler les sentiments nationalistes de ses partisans en faisant croire que Diarra, nommé à Paris, n'était pas une émanation saine de l'institution qu'il aura à diriger, la primature. Mieux, pour enraciner dans la ?'mentalité xénophobe'' de ses partisans, cette idée, le clan de Laurent Gbagbo a fait courir le bruit que Diarra aurait des origines ivoiriennes impropres.
Pour le ?'vieux lion'' commence alors le chemin de croix. Non seulement, il devait se faire admettre comme Premier ministre. Mais encore supporter toute la haine, née de la manipulation des ?'jeunes patriotes''.
La pression subie par Seydou Diarra, sur ces deux fronts, lui ont servi de prétexte pour solliciter plus de clémence et de patience de la part des Ivoiriens. Surtout que, pour ne froisser personne, il devrait former une équipe où toutes les opinions et obédiences devraient se retrouver. Ainsi, sur le registre de la durée des consultations Diarra peut plaider non coupable.

Diarra a épuisé 3 mois

Le successeur de Seydou Diarra à la primature n'a pas épuisé autant de temps. Mais bénéficiait d'un contexte politique et institutionnel beaucoup moins hostile. D'un côté, la légitimité de son pouvoir était bâtie sur une résolution de l'Onu, qui le fortifiait. Surtout que le vide juridique et institutionnel ouvert par la fin du mandat de Laurent Gbagbo avait, pour ainsi dire, participé à édicter de nouvelles règles dans la gestion des affaires au sommet de l'Etat. L'on sait par exemple que par le truchement des deux résolutions successives (1633 et 1721) Charles Konan Banny était, en termes d'acquis, à des longueurs d'avance sur Seydou Elimane Diarra. Mieux, son premier gouvernement n'a pas été formé ex-nihilo. Il devait s'appuyer sur la mouture générale issue de Marcoussis. L'évidence est qu'il y avait lors de la première transition ouverte sous son ère, un croquis à adapter aux

Banny a passé quatre (4) semaines

exigences du moment. Mais, faut-il le rappeler, Banny a épuisé près de 4 semaines pour voir naître son gouvernement. Sur la durée des consultations, les opinions divergent. Certains ont, par stratégie politique, accusé Laurent Gbagbo d'avoir empoisonné le climat des tractations qui a abouti, fin décembre 2005 à la formation de la première équipe de Charles Konan Banny. La lutte pour le contrôle du ministère de l'Economie, et des Finances ou de celui de la Défense conforte l'idée que Banny n'a pas totalement bénéficié d'un climat sain dans l'accomplissement de sa tâche. A la guerre larvée avec le chef de l'Etat, le Charles Konan Banny a été victime de certains partis de l'opposition. Ainsi, le Pdci a dû utiliser toutes ses forces pour ne pas perdre le ministère des Infrastructures économiques. Quant au Rdr, son forcing pour récupérer la Construction a davantage compliqué la tâche du gouverneur Banny.

Soro a battu le record

Après quatre interminables semaines, le bout du tunnel. Banny forme son gouvernement, mais sur une architecture qui ne respecte pas forcément celle de Diarra. Il aura au moins eu le mérite d'économiser du temps pour l'ensemble du délai imparti pour organiser des élections. Le nouveau Premier ministre Guillaume Soro, devra sauf incidence majeure former son équipe en cette fin de semaine. Hier, M. Soro harmonisait ses vues avec M. Gbagbo sur le sujet. Si le gouvernement venait à être promulgué, aujourd'hui ou demain, le secrétaire général des Forces nouvelles aura alors battu le record. Le décret qui les confirme comme Premier ministre, le leader de l'ex-rébellion l'a reçu le 29 mars dernier. Ce vendredi, il aura en tout totalisé une semaine de consultations. Un vrai miracle, dans un contexte où la formation des gouvernements précédents ont donné lieu à toutes sortes de crocs-en-jambe.
L'évidence est que M. Soro veut rester dans les délais prescrits par l'accord de Ouaga : ?'la formation du gouvernement se fait (05) semaines après la signature de l'accord'', rappelle le document ? annexe à l'accord politique. Aujourd'hui, après la promulgation du gouvernement, le tout nouveau chef du gouvernement aura réussi son premier test de crédibilité quant à sa célérité à dénoncer les intrigues des consultations.



D.S.

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