jeudi 5 avril 2007 par Fraternité Matin

Depuis l'annonce du report du congrès qui devrait se tenir en avril, des voix discordantes se font entendre.

Question paradoxale: l'après Bédié, président du PDCI-RDA, candidat déclaré du parti à la présidentielle, encore bon pour le service, disent ses plus ardents défenseurs, a-t-il commencé? Apparemment oui, au regard de toutes les agitations qui semblent perturber la marche du parti soixantenaire, et des propos souvent acerbes, aux relents de dissidence qui sapent les fondements du parti, surtout depuis la mort de son fondateur, Félix Houphouet-Boigny. Est-ce pour le bien ou le mal du parti? Difficile de le dire, tant les positions sont tranchées, chaque camp allant de sa propre logique. Quand le mur est lézardé
Comme dans tout phénomène, il y a toujours un déclic, un élément déclencheur, révélateur du malaise et des ambitions souterraines, des uns et des autres. Et, ici, ce sera le report du 12ème congrès.
En effet, le 23 janvier 2007, en sa réunion du Bureau politique, élargie aux membres du Conseil politique, le PDCI-RDA, sous la présidence effective du président du Parti, Henri Konan Bédié, annonçait le report du 12è Congrès, qui devait se tenir en avril prochain. Les raisons avancées, contenues dans ce communiqué, sont les suivantes: Le B.P conscient de la nécessité de la cohésion du parti en cette période de crise, a lancé un appel solennel aux militants, aux militantes, aux femmes et aux jeunes du PDCI-RDA, les invitant à resserrer leur unité autour du président Henri Konan Bédié, candidat investi du parti, pour lui permettre de conduire le PDCI-RDA à la victoire à la prochaine élection présidentielle Dans cette perspective, afin d'éviter la dispersion des forces, le détournement de l'attention des militants de l'objectif fondamental fixé par le XIe congrès ordinaire et de concentrer tous les efforts du parti sur les dossiers nationaux, le Bureau politique a décidé du report de la tenue du XIIe congrès ordinaire après les élections générales, ainsi que la prolongation du mandat des autres organes et structures du parti. Cette décision avait été prise, précise-t-on, à l'unanimité.
Contre toute attente, pourtant, moins d'un mois après, Yéo Tchobon, membre du Grand conseil, porte-parole, précise-t-il, des membres des instances du PDCI, accompagné d'un membre du Bureau politique, Jean Pierre Gueye, et Koné Daouda, président du Comité de base, dans une interview a nous accordée, ruait dans les brancards et menaçait, superbe: Ce serait la catastrophe, si le report est maintenu (Voir Frat-Mat du samedi 10 février 2007, P. 13). Pour corser l'addition: Moi, je vais vous dire que ce Bureau politique ne représente rien Un Bureau politique ne peut pas décider à la place du Congrès. Lui a emboîté le pas, un autre, Kouamé Koffi Symond, membre du Grand conseil, secrétaire général de la jeunesse du Rassemblement démocratique africain (JRDA), créé en novembre 2006: On nous dit que le 11è Congrès a donné mandat au Président Bédié de ramener le PDCI au pouvoir. C'est une façon de faire de Bédié le candidat naturel du PDCI, parce qu'on ne sait pas quand la guerre ( il faut entendre la crise) prendra fin Bédié est le mal du PDCI-RDA et de la Côte d'Ivoire (L'Intelligent d'Abidjan, lundi 19 février 2007, P.5).
Ces discours qui font désordre, disent les gardiens du temple, ont amené la direction à convoquer le 16 février, les membres du Conseil de discipline. D'ailleurs, l'avocat du PDCI, Me Ahoussou Kouadio Jeannot, dans Le nouveau réveil, du mercredi 14 février 2007, dans une longue interview disait, entre autres ceci, à propos des actes d'indiscipline qui se multipliaient contre le PDCI et son président, Henri Konan Bédié: On a laissé l'impunité. Voulant aller dans le sens du rassemblement, le président Bédié a tendu la main à tout le monde au sein du PDCI. On a toujours cru que les gens allaient se ressaisir et se mettre résolument dans le chemin tracé par le président Félix Houphouet-Boigny toute personne qui contreviendrait au statut du PDCI-RDA, sera passible de sanction Ceux qui ne veulent plus faire partie du PDCI, qu'ils s'en aillent.
Sans nommer les personnes, deux noms, en dehors des deux illustres inconnus, reviennent: Emile Constant Bombet, ex-ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, sous Bédié, candidat du PDCI (Bédié en exil du fait du coup d'Etat), éliminé pour des raisons discutables sous la transition militaro-civile, à la course à la présidentielle, et Laurent Dona-Fologo.
Le président du Conseil économique et social, Laurent Dona-Fologo, ex-secrétaire général du PDCI, ne s'embarrasse guère, lorsque l'occasion lui est donnée, de critiquer en règle son parti. Comme dans cette interview accordée à Abel Doualy: J'ai eu l'occasion de dire, dans une récente émission à la télévision, que je ne reconnais pas mon parti. On ne sait plus ce qu'est devenu le PDCI. Très tôt, j'ai eu à dire que le PDCI aura du mal à gérer sa position de parti d'opposition. C'est pour cela que, le 10 août 2000, j'ai signé à Yamoussoukro, avec les autres grands partis, l'accord de collaboration.
Il suit donc sa propre logique, surtout qu'il n'entend plus être un suiveur; allusion à ce que le Président Bédié avait dit, alors, au pouvoir, pour dire qu'il n'avait pas d'amis. Aussi pense-t-il qu'aujourd'hui, le PDCI, un vieux parti qui a gouverné pendant 40 ans, se fourvoie et veut faire une opposition mesquine, une opposition indigne d'un grand parti qui est soixantenaire J'ai dénoncé très tôt cela et je continuerai de le dénoncer jusqu'à ce que la direction actuelle quitte le PDCI et le libère, pour que les vrais houphouétistes, dont je fais partie, le reprennent Si aujourd'hui, je suis dur avec mon parti, c'est parce que je suis déçu de la direction actuelle. (Frat-Mat 20 juillet 2005, P. 11).
Laurent Dona-Fologo, président du Conseil économique et social, vient de créer le Rassemblement pour la Paix (RPP). Un parti en gestation? Un simple mouvement? Pour lui-même, demain? Ou alors, pour qui roulera-t-il, en attendant que vienne son heure, au niveau du PDCI?
Certains militants, quant à eux, estiment qu'il joue le jeu du pouvoir (FPI) en place. Et qu'ayant durant toute sa carrière plus reçu qu'il n'a donné, il ne créera jamais un parti. Un parti, n'est-ce pas que ça gaspille de l'argent ! Vrai ou faux? Me Ahoussou Jeannot, à ce propos disait: On ne peut pas être PDCI et être en même temps autre chose Il faut avoir une identité. (Interview précitée. Voir Le nouveau réveil du mercredi 14 février 2007). D'autres mêmes vont jusqu'à dire qu'il rumine son humiliation face à Bédié qui l'avait battu au 11è Congrès ordinaire de 2002, où lui et ses affidés n'ont eu que quelques maigres voix de consolation. Les Yéo Tchobon et autres ne sont que les faces visibles des querelles souterraines au sein du vieux parti.
Pr Niamkey Koffi, porte-parole du président Bédié, répondant dans une mise au point à Yéo Tchobon, ne s'embarrasse guère de fioritures: Il n'est pas question ici d'analyser le fond de ce texte composite et au contenu équivoque (l'interview) dont tout le monde aura compris qu'il procède d'éléments en marge des organes du PDCI-RDA et qui, à l'évidence, paraissent téléguidés et manipulés par quelques aigris tapis dans l'ombre et qui digèrent mal leur déconvenue au dernier congrès ordinaire du parti Le principe du report d'un congrès ordinaire au PDCI n'est pas un phénomène inédit. Que l'on se souvienne que le 11ème Congrès lui-même qui fut le naufrage politique des inspirateurs actuels de M. Yéo, a fait l'objet de plusieurs reports sous la transition militaro-civile de 2000. Ce qui explique sa tenue en 2002. (Frat-Mat du lundi 12 février 2007).
Face donc à ce que de nombreux militants du parti considèrent comme une manière de saborder le parti, des structures du parti se sont mises de la partie, pour porter la contradiction à ceux qui ne voulaient pas s'aligner sur la décision du Bureau politique. Mme Akoun Camille, présidente de l'UFPDCI-France dira: A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle Personne n'est censée ignorer qu'organiser un congrès dans cette situation déjà floue et ambiguë, c'est donner l'occasion à certains trouble-fêtes de l'engeance de Fologo et consorts qui attendent toutes les occasions possibles, de créer des divisions et affaiblir notre parti.
Il en a été de même des enseignants PDCI. Pour eux, il faut aller à l'essentiel en entretenant la cohésion et l'unité autour du président Bédié qui est l'homme providentiel à même de ramener la paix et le développement en Côte d'Ivoire Il fait peur à certains candidats ou citoyens Ivoiriens qui réalisent, à leur détriment, qu'ils ne représentent plus rien dans l'arène politique (Le nouveau réveil du 17 février, P.7).
C'est dans ce contexte délétère, d'un parti divisé, que naît le 14 février, à Abidjan, un courant pour appeler au rassemblement, dénommé PDCI-VISION NOUVELLE, avec pour secrétaire général, le Dr Ehoussou Narcisse, membre du Bureau politique. Le discours rejoint ceux des dissidents. Il énuméra les faiblesses structurelles et idéologiques de son parti, que tout invite à une introspection sérieuse, profonde et sans faux-fuyants pour rechercher en son sein, les faiblesses qui ont permis la survenance du coup d'Etat de 1999. En ont témoigné, selon lui, l'appel sans écho du Président du parti, à la résistance civile, témoin sans nul doute de l'apathie (des) militants; la volonté affirmée des jeunes et femmes à défendre vaille que vaille le parti, alors que certains responsables pour qui ils étaient des repères, s'illustraient dans des comportements et actes qui frisaient la trahison; la transhumance politique de certains cadres et dirigeants du parti qui, sitôt le pouvoir d'Etat perdu ont étendu leurs nattes ailleurs sous d'autres abris, etc..
Pour lui, cinq ans après le Congrès, le constat est triste: Le mal de la cohésion au sein du PDCI existe. Et tous ceux qui se réclament sincèrement du Président Houphouet-Boigny doivent réagir pour sauver son ?uvre. Parmi eux, il citera, entre autres, Laurent Dona-Fologo aujourd'hui, selon lui, vilipendé et déçu ( qui) refuse de partir revendiquant sa part d'héritage de l'houphouétisme aujourd'hui galvaudé; Emile Constant Bombet voué, toujours selon lui, aux gémonies, (qui) entend (malgré tout) ?uvrer à l'intérieur du PDCI-RDA pour lui redonner des arguments et moyens nécessaires à la reconquête du pouvoir d'Etat.
On remarquera que le discours est le même, presque, au niveau de tous les dissidents de Bédié et de son équipe, à la tête du PDCI-RDA. De Bombet à Fologo, en passant par PDCI-VISION NOUVELLE, et autres, la distance est bien mince. Qui consacre une nette fracture entre deux camps farouchement opposés. Comme en témoignent les discours des partisans de Bédié, à l'image, entre autres, des jeunesses du PDCI: KKB, président de la JPDCI, au siège du PDCI, battant le rappel des troupes, leur lance ce message: Le combat actuel, c?est le retour au pouvoir de M. Henri Konan Bédié. Et en cela, nous sommes embarqués dans le même bateau que le Bureau politique Qu'on ne détourne donc pas notre attention Je ne veux pas voir un coordonnateur de la JPDCI dans ce vent (PDCI-VISION NOUVELLE). ( in Le Nouveau réveil P.5 19 février 2007). Le discours des jeunes du Forum. de Atsé Jean Claude, même s'il révèle un plaidoyer pour la promotion des jeunes au sein du parti, est aussi de la même veine: se battre pour ramener au pouvoir Bédié.
Alors, sanctionnera, ou ne sanctionnera-t-on pas les trouble-fêtes, les dissidents, à la décision du Bureau politique? Dans un communiqué datant du 16 février, le secrétaire général par intérim, Pr. Kakou Guikahué, convoquait les membres du Conseil de discipline. Le 22 mars, accusé d'avoir pris à partie sans retenue le président du parti et le Bureau politique, pour avoir reporté le 12e congrès, le secrétaire général du RPP, Ouattara Gnonzié a été convoqué à une séance d'audition à la direction du parti. Le concerné a opposé un niet catégorique. Le mardi 3 avril 2007, ne se sont présentés au président du Conseil de discipline du parti, Noël Némin, que Yéo Tchobon, Kouamé Simon et Gueye Jean-Pierre, tous membres du Grand Conseil. Le Conseil a reporté au 10 avril la prochaine rencontre. Comme disent les Anglais, Wait and see.

Michel Koffi


Focus : Le cas Banny...
...et l'équation Bombet

Le 26 mai 2005, à la page 3 de Fraternité Matin, Jean-Baptiste Akrou s'interrogeait ainsi: Le PDCI arrivera-t-il à dégager une candidature de consensus pour aller en rangs serrés à la prochaine élection présidentielle qui s'annonce périlleuse? Difficile pour l'heure de se prononcer sur l'image que pourrait présenter le parti qui a théoriquement la majorité sociologique mais qui peine à offrir une image d'unité, de fraternité et de solidarité.
C'était à la suite d'une séance d'information initiée par Me Jean Konan Banny, qui plaidait pour la cause de son frère Charles Konan Banny, qui n'était pas encore Premier ministre. En est sortie cette phrase parabolique: On n'envoie pas pour une seconde fois, l'enfant qui a cassé le premier canari de bangui, aller chercher le dernier qui reste pour s'abreuver. Une disqualification en règle donc de Bédié. Pour positionner son frère qui avait le meilleur profil. La riposte ne s'est pas fait attendre: Qu'il aille planter son palmier, aurait dit Bédié. Nommé Premier ministre, Charles Konan Banny, de par la résolution 1721, ne pouvait pas être candidat à la présidentielle. L'Accord de paix de Ouaga, signé le 4 mars dans la capitale burkinabé, lui donne la latitude de se mettre dans la course. Cela n'est pas si sûr, mais sait-on jamais. Même si la donne a changé. Le jeudi 25 janvier 2007, en effet, les deux frères ennemis, Bédié et Banny enterraient le passé encombré de trop d'histoires. Banny dira, d'ailleurs: Je ne vous apprends rien si je vous dis que le président Bédié et moi-même sommes des frères Pendant longtemps, les Ivoiriens ont fait comme une chanson: le PDCI est divisé parce que Banny et Bédié ne s'entendent pas. Et du coup, beaucoup se réjouissent, pensant que de la division des membres du PDCI-RDA, ils pourront tirer leurs avantages Ce matin, nous sommes venus pour, comme on le dit, enterrer la hache de guerre et constater notre fraternité. Bédié même dira: La justification en vaut la peine, le jeu en vaut la chandelle Il n'y a plus de nuage sur notre famille, le PDCI.
Cette réconciliation vient quatre ans en retard. D'autant plus que le 3 mai 2003, parlant des 18 plaies à soigner pour sauver le parti, les structures statutaires et les organisations spécialisées du PDCI, à une journée de réflexion, ont recommandé, entre autres, une journée de réconciliation interne au PDCI-RDA. Il n'est jamais trop tard
Dans ce contexte, deux mois après la réconciliation Bédié-Banny, quelle partition jouera Charles Konan Banny, le frère des deux, désormais libre? Entrera-t-il dans l'arène? S'y présentera-t-il en indépendant? Djédjé Mady, secrétaire général du PDCI, à l'issue du séminaire des députés achevé à Bassam le vendredi 26 janvier, mettait déjà en garde contre les candidatures indépendantes. Dans une motion de soutien à Bédié, ils ont même souligné que Bédié apparaît aujourd'hui, en raison de son expérience et de son projet de société pour les Ivoiriens, comme l'homme capable de sortir le pays de la crise qu'il connaît depuis 1999. Ou, alors, regardera-t-il, en spectateur patient, attendant son heure, le combat prochain des titans de la politique nationale?
Sa mission qui s'arrête lui a donné aussi des doses d'expérience du terrain. Il a ses hommes, des moyens, des relations et une base sociologique prête pour lui, pour demain. Reste, pour lui, à se tailler un costume d'homme politique et travailler à avoir l'ardeur machiavélique, qui fait aussi le politiquement correct.
Quel rôle va jouer Bombet? Le samedi 24 mars 2007, le Rubicon a été franchi. Des dissidents composés de la JRDA de Gueye Jean-Pierre, du CMI-PDCI de Yéo Tchobon, de Bamba Souleymane (JPDCI NOUVELLE VISION), de l'UMB-PDCI, réunis au siège du courant PDCI-VISION NOUVELLE, comme une sorte de déclaration de guerre ouverte, ont annoncé une nouvelle candidature du PDCI à la future présidentielle: Pour nous, l'ère Bédié est désormais révolue au PDCI. Dans quelques semaines, nous allons mettre sur pied un comité de crise pour préparer le 12ème Congrès de notre parti. Mais déjà, nous vous annonçons que notre candidat à la future présidentielle, c'est Emile Constant Bombet.
Ils étaient sans doute nombreux à croire que la présence de l'ex- ministre d'Etat, Emile Constant Bédié, vice-président du PDCI-RDA, lors de la présentation des v?ux des militants du PDCI à leur président Henri Konan Bédié, le lundi 15 janvier 2007, était un signe d'allégeance. Malgré son appel à l'union Tant de chemins restent à parcourir. Restons unis et confiants. Ensemble nous changerons l'image de notre beau pays, le ver, pourrait-on dire, était dans le fruit.
PDCI-VISION NOUVELLE, en présentant les v?ux de nouvel an à l'ancien ministre d'Etat, actuel vice-président du PDCI-RDA prenait ainsi position. Cela transparaissait déjà dans son discours, dès sa naissance. Et les mots de remerciements de Bombet, à ses filleuls, fidèles ou militants, c'est selon, annonçaient tout un programme: Dans (notre) bas-monde où l'opportunisme et les intrigues constituent hélas, le lot quotidien dans le domaine relationnel, le ministre d'Etat en profitera pour remercier ses amis, frères et s?urs qui à l'unisson, (ont) décidé de lui exprimer de la manière la plus éloquente, leur fraternité agissante. Il magnifiera cet élan du c?ur, l'engagement exceptionnel de ces hauts cadres de la nation hommes et femmes confondus qui, dans ce climat d'incertitude ont, de manière spontanée décidé de soutenir un homme qui, au regard du contexte immédiat, n'a rien assurément à leur offrir!
Parlant des événements de décembre 1999 (coup d'Etat qui ont emporte Bédié) et de septembre 2002 (tentative échoué du coup d'Etat, qui a divisé la Côte d'Ivoire en deux); l'une des grandes victimes de ces périodes sombres précisera, entre autres ceci: A un moment de son évolution, le peuple aspire au changement L'histoire nous enseigne cependant, que les changements, même les plus souhaités ont, hélas, leur mélancolie. C'est pourquoi, il exhortera ses fidèles, à puiser dans le passé et tirer les enseignements du présent, afin de bâtir l'avenir qui doit nous réconcilier, nous rassembler.
C'était le leader de ce courant, dont le repère s'inscrit dans le pragmatisme et la tolérance; une vision, disent les militants, si chère au Président Félix Houphouet-Boigny qui parlait. Et, pour bien préciser la pensée de ce courant, il ajoutera: L'antériorité en matière de gestion de notre entité nationale dont bénéficie le PDCI, doit nous conduire, dans les circonstances actuelles, ce Parti à s'approprier le rôle de conciliateur, d'arbitre, et pourquoi ne pas le dire, de sage, au service de la génération nouvelle, en matière politique. Or, à en croire le secrétaire général, Dr Ehoussou Narcisse, le PDCI a eu une position ambiguë depuis le déclenchement de la crise ivoirienne: Nous ne sommes pas en dehors du PDCI, mais nous ne partageons plus les valeurs que défend l'actuel directoire.

M. K


Repères

CONGRES. Le 10e congrès ordinaire du Pdci-Rda a eu lieu du 28 au 31 octobre 1996. Et le 11e du 5 au 7 avril 2002. Le 12e qui devait se tenir en ce mois d'avril a été reporté.

ELECTIONS. Sur 770 bulletins dépouillés lors de l'élection au poste de président du parti, au 11e congrès, Bédié l'a emporté avec 700 voix, contre 50 pour Fologo et 20 pour Fadika.

COURANT. Au lendemain de la disparition, le 7 décembre 1993 de Félix Houphouet-Boigny, le Rdr qui était un courant, à l'intérieur du Pdci, s'est mué, en 1994, en parti politique. La raison : le refus de la parole à Djéni Kobinan

SANCTIONS. En 1992, Djéni Kobinan, président de la coordination pour la rénovation du Pdci-Rda se désolidarise de son parti dans le procès dit des démocrates. Il sera suspendu par le S/G du parti, Laurent Dona-Fologo. De lui, Le S/G dira: C'est un solitaire perdu dans le désert.

SCHISME. 25 février 2001, création de l'Udpci, composée des Judas du Pdci qui ont suivi le Gl Gueï, auteur du coup d'Etat de décembre 1999.

REMOBILISATION. En 1990, des cadres du parti lancent l'appel à la rénovation du Pdci-Rda. Le 23 juillet, la Coordination des rénovateurs est reçue par le Président Félix Houphouet-Boigny. La lune de miel a été de courte durée. Où sont les rénovateurs, aujour-d'hui?
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Option : Hier comme aujourd'hui

En 1990, dans la fureur des mots du multipartisme, dans le vent fou des mots arrachés au vent comme des ailes de liberté, nombreux sont les militants qui ont très vite déchanté; qui avaient cru que la nouvelle ère s'ouvrirait sur une liberté totale d'expression, surtout à l'intérieur des partis. Que le parti unique, avec son unanimisme triomphant liquidé, l'heure était venue pour que s'affirmassent les libertés individuelles. Erreur de jugement.
Si le multipartisme naissant a consacré le printemps des partis politiques, il a été, en revanche, une sorte de démultiplication de la pensée unique, à l'intérieur des partis. Autrement dit, les partis politiques ont atomisé la pensée, zombifié les mentalités. les militants s'accrochant aux idéaux de leur parti comme à un bréviaire et les guides flambant les c?urs des militants sans aurore. Gare au quidam qui oserait franchir le Rubicon, pour affirmer sa liberté par rapport à la ligne du parti. C'est le propre d'ailleurs des partis, jusqu'à ce qu'on s'en détache. Dans les démocraties naissantes comme anciennes, cela relève d'un péché.
L'histoire du multipartisme en Côte d'Ivoire révèle moult exemples, sur des hommes et femmes qui ont été excommuniés pour n'avoir pas respecté la discipline du parti, c'est-à-dire récité, comme tout le monde, le guide ? on appelle cela Statuts et règlements du parti- élaboré pour sa pérennité. Le sage même, dans la fureur contenue, avait dit, hier, à ceux qui voulaient rénover son parti, le PDCI, ceci: Ce sont ceux qui n'ont rien qui veulent rénoverVous avez créé quoi pour rénover?. On sait où est allée l'aventure de la rénovation. Tout comme celle de ceux qui avaient voulu, en son temps, ramener le FPI à ses origines.
Quand on écoute des militants du PDCI fragiliser leur propre parti, on se demande bien s'ils méritent vraiment d'être encore de ce parti, tant la fracture, si on croit aux mots prononcés, est béante. Il en va du PDCI comme des autres partis. Courant? Ne nous en parlez pas. Les textes ne le disent pas. Et quand ils ne le disent pas, l'interdit non formulé est encore une menace qui plane sur les têtes des militants indisciplinés.

Par Michel Koffi

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