mercredi 4 avril 2007 par L'intelligent d'Abidjan

A l'heure où le nouveau gouvernement pointe à l'horizon, la sérénité n'est pas de mise au sein de la galaxie patriotique. Des palabres internes pour désigner les leaders de mouvement qui doivent entrer dans le gouvernement de Guillaume Soro risquent d'éclater sur la place publique.

Le temps du recyclage n'a pas seulement sonné pour ceux qui dans l'écurie Banny pensaient pouvoir s'éterniser à la primature. Au sein de l'opposition ivoirienne, ce vent du renouveau amène les uns et les autres à s'interroger sur les bases fondamentales des alliances contractées ici et là pour les besoins de la cause. La pression de l'ombre férocement exercée sur Guillaume Soro dans le partage des postes ministériels est la face visible du mur de méfiance qui s'est instauré entre le Rhdp et les Forces nouvelles accusées lors des débats de salon d'avoir "trahi la lutte". Alors que l'on croyait à tort ou à raison que le camp présidentiel surfait sur une vague d'accalmie (beaucoup de partisans de Gbagbo estiment être sortis vainqueurs de Ouaga) au regard de la valse d'hésitation au Rhdp, la question de l'entrée de certains jeunes leaders patriotes dans le gouvernement Soro a réveillé les vieux démons de la division entre eux. Pour ceux qui ne le sauraient pas, la galaxie patriotique n'a jamais été un bloc homogène face à la rébellion. En dépit de la médiation de certains cadres et même parfois du couple présidentiel, Eugène Djué, Blé Goudé, Pickass, Watchard pour ne citer que ceux-là n'ont jamais fait chemin ensemble. Au contraire, leurs querelles intestines ont failli se transformer en affrontements armés. Qui ne se souvient pas des envolées lyriques enflammées du secrétaire général de la Fesci contre Blé Goudé, accusé de vouloir déstabiliser le mouvement estudiantin, des déclarations tonitruantes de la regrettée Conareci avec Watchard Kédjébo qui dénonçait "l'entourage pourri du chef de l'Etat", où encore de la cérémonie de réconciliation organisée à Yopougon entre Damana Pickass, Eugène Djué et Blé Goudé. Ce bref retour dans l'histoire récente de la Côte d'ivoire est assez éloquent pour comprendre que la cohésion vantée autour des jeunes de Gbagbo répondait seulement qu'au souci de rester unis face à l'ennemi d'hier.

Pourquoi la hache de guerre a été déterrée
Si les petites haines au sein des jeunes patriotes n'ont pas atteint l'ampleur de la bataille d'épuration entre les pro-Soro et les pro-Ib en 2003 à Bouaké, c'est parce que Laurent Gbagbo est souvent descendu dans la vallée pour remettre ses "enfants" sur les rails. Mais, cette fois-ci, les différentes factions n'entendent pas se faire de cadeaux. Le mobile de cette levée de boucliers réside dans les tractations souterraines ayant cours en vue de choisir les différents leaders qui doivent entrer dans le futur gouvernement. Selon des leaders de mouvement qui ont requis l'anonymat, les jeunes annoncés au sein de l'équipe de Soro sont principalement Eugène Djué , Blé Goudé et Konaté Navigué. Interrogé sur la question avant la nomination de Soro, le leader de la Jfpi a affirmé ne pas être demandeur et qu'il n'inscrivait pas sa démarche politique dans la recherche de poste. Quant au maréchal Djué, il n'a formellement pas opposé de refus mais a toute fois affirmé qu'il n'avait pas encore été appelé en consultation par le président Gbagbo et le président Affi N'guessan. Blé Goudé, lui joue au chat et à la souris avec ses partisans sur son entrée dans le gouvernement. Et une fois de plus, c'est le nom du leader de l'alliance qui alimente les conflits entre patriotes. Pour des partisans de Djué, Blé Goudé et ses parrains au sein de la présidence ont torpillé la candidature du président de l'Upltci qui devait "figurer dans le gouvernement pour son combat reconnu dans le monde entier par les sanctions de l'Onu". Sous la forme d'une conférence de presse le samedi dernier à Yopougon, ils ont mis les autorités en garde au cas ou Djué était écarté. Pour respecter le politiquement correct, ils ont associé à son nom, ceux de quelques autres leaders de la galaxie. A Blé Goudé, il est reproché le fait de vouloir positionner Anoî Castro comme ministre. "Regardez bien à la présidence, il a fait nommer son ami Castro comme chargé de mission alors que ce monsieur est arrivé dans le combat patriotique comme un cheveu sur la soupe. Mais, cette fois ça ne passera pas", s'est indigné une jeune leader du grand centre Baoulé. Qui n'a pas manqué d'ajouter que cette posture de privilégié dont bénéficie Blé Goudé repose sur des critères simplement ethniques. Qu'à cela ne tienne, Eugène Djué minimise la portée de ces accusations lancées contre son "petit". "C'est vrai qu'il existe en ce moment des informations qui circulent sur de nombreuses tractations. Beaucoup de rumeurs aussi circulent. Mais, je voudrais vous dire que Blé Goudé ne peut pas être consulté si on doit me nommer ministre. Il n'est pas le chef de la galaxie patriotique. Il est le chef de l'alliance ; si un nom est demandé pour son organisation, il désigne qui il veut ; si on veut nommer Djué, on s'adressera à l'organisation qu'il dirige", a répondu l'ex-représentant du Fpi en France sur le sujet. Il donnera sa position officielle sur tout ce qui se trame ce matin.
Valery Foungbé
foungbev@yahoo.fr

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