mardi 3 avril 2007 par Le Temps

J'ai commencé cette chronique juste après le compte rendu de notre envoyé spécial à Yamoussoukro où il est allé couvrir, le samedi 24 mars dernier, les manifestations de soutien du "peuple Baoulé " à " son " fils l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny. Je n'ai pu l'achever à cause d'une méchante fièvre qui m'a éloigné de la rédaction. J'y reviens une neuvaine de jours après. Avec le même sentiment de révolte qui m'animait. "Le peuple Baoulé" - en fait, c'est sous ce vocable que les manifestants se sont désignés - veut se dresser contre le reste de la Côte d'Ivoire. Evoquer la question ne serait pas " mettre en péril la cohésion et l'unité nationale ", il faut donc qu'on en parle. De quoi s'agit-il, au fait ? Voici un peuple, qui dans la multitude que compte la Côte d'Ivoire, estime - sans jamais dire réellement sur quoi il fonde sa conviction - que " le pouvoir " d'Etat ivoirien est " sa chose " (son likê). De telles ignominies ont été entendues le samedi 24 mars, alliant démagogie, irréalisme, et parfois hallucination. Un porte-parole d'un certain roi des Baoulé a dit : " nous peuple du Centre, notamment les Baoulé, avons subi des humiliations à l'Ouest du pays. En 1995 un déplacement massif de Baoulé a été planifié par l'occupant du trône (Laurent Gbagbo : Ndlr) ". Pour bien marquer le coup, il ajoute : "Il faut se garder de mettre dans le cou d'un porc, une chaîne en or, faute de quoi, elle finit par se salir." Un roi des Nziman? enfonce le clou : " le problème de la Côte d'Ivoire est bien plus profond que la question de Premier ministre. Il faut le régler pour le bien de ce pays qui va à la dérive. " Et moi, j' ai envie d'ajouter : "pour qui se prennent-ils ces gens ?" Sommes-nous à l'ère de la " race pure" ? Evitons de fouler aux pieds les valeurs unificatrices de notre Nation. Qu'on soit Baoulé ou d'une autre entité tribale, on ne représente rien dans cette immensité ethnique qui nous entoure et dans laquelle nous baignons. Nous sommes nombreux et nous formons un ensemble cohérent. En quoi le Baoulé ou un non Baoulé au pouvoir d'Etat est-il semblable à un porc qui porte une chaîne en or au cou ? Cette précision s'impose. Le Président Laurent Gbagbo n'est pas ce porc au cou duquel les Baoulé auraient abandonné leur chaîne en or quand les assaillants venus du Nord les en dépossédaient. Et ce Pouvoir ne saurait être cette chaîne en or, propriété exclusive des Baoulé. Laurent Gbagbo n'est pas ce chiffon et l'ethnie Bété encore moins cette serpillière que tout minable en mal de tribalisme doit s'amuser à traîner au sol. A propos des méchants, des pervers, des insensés et des justes, le roi Salomon dit dans Proverbes 11 versets 10 à 12 et verset 22 : Prov 11 à 12 " Quand les justes sont heureux, la ville est dans la joie ; et quand les méchants périssent, on pousse des cris d'allégresse. La ville s'élève par la bénédiction des hommes droits, mais elle est renversée par la bouche des méchants. Celui qui méprise son prochain est dépourvu de sens, mais l'homme qui a de l'intelligence se tait. " Vers 22 : "Un anneau d'or au nez d'un pourceau, c'est une femme belle et dépourvue de sens." Les Ivoiriens sauront, au regard de cette crise finissant, qui de Gbagbo et des autres hommes politiques est semblable au pourceau à la chaîne en or au cou ou au nez. Le Pouvoir est un alliage de sagesse, d'intelligence, de droiture et de science. Nul n'accède au pouvoir s'il manque de sagesse, d'intelligence et de science. Ce n'est point la faute à quelqu'un si d'autres peinent à accéder au pouvoir. " Quand le malheur frappe à la porte, l'insensé s'en fuit par la fenêtre mais le sage se réjouit", dit la sagesse bouddhique. Laurent Gbagbo est celui dont parle cette sagesse orientale. C'est lui qui en septembre 2002, est revenu dans son pays où la vie de son peuple est en péril. Est-ce parce que Houphouët-Boigny est mort après quarante ans de règne sans partage que les Baoulé pensent que la Côte d'Ivoire est leur chose ? Comment en serait-il possible quand des peuples viennent d'horizons divers, finissent par s'accepter et par vivre dans le respect mutuel des us et coutumes des uns et des autres ? Quelle ethnie peut-elle se targuer d'avoir été victime des forces de l'ordre plus qu'une autre ? "Le Baoulé qu'on tue à l'Ouest" est un Ivoirien que toute la Nation pleure. En quoi le Guéré ou le Yacouba de Man est-il moins propriétaire terrien que ce Baoulé venu de sa savane du Centre ? Un Sery, un Yapi, un Damalan, un Bâ est-il plus propriétaire terrien qu'un Kouamé, ou un Amani à Yamoussoukro? Au nom de sa théorie " la terre appartient à celui qui la met en valeur ", Houphouët-Boigny a exproprié des Ivoiriens au profit de "ses frères Baoulé". N'est-ce pas de l'injustice ? Ce dernier ne disait-il pas qu'il préférait l'injustice au désordre ? Le Baoulé n'a pas besoin de toutes ces dérives. Banny est un citoyen ivoirien en mission bien précise. Réussie ou pas, une mission n'est jamais perpétuelle, Banny le sait puisqu'il l'a dit. A mardi prochain!
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