Décidément les acteurs du dialogue direct veulent aller vite, très vite. Trois jours après la nomination du Premier ministre, une semaine avant l'expiration du délai fixé dans le chronogramme en annexe de l'accord de Ouaga, ils viennent de s'accorder définitivement sur une mouture consensuelle du gouvernement.
Après cette séance de travail, les membres des deux délégations sont retournés sur Abidjan aux environs de 21 h30 mn. Ils sont arrivés au pas de course, dans le même avion sur le coup de 17 h dans la capitale burkinabé en provenance de Bouaké où Désiré Tagro a été reçu en audience par Guillaume Soro. Du côté du camp présidentiel, on notait la présence, outre Désiré Tagro en personne, celles des principaux membres de la délégation qui l'a toujours accompagné dans l'aventure Ouagalaise, notamment de Konaté Navigué, qui lui, s'était rendu deux jours auparavant à Ouaga, porteur d'un message du chef de l'Etat ivoirien à son homologue du Faso. En plus de Sidiki Konaté, on notait la seule présence de Alain Lobognon, le directeur de la Communication. Le Premier ministre lui même se rend ce matin à Daoukro pour informer le président Bédié des derniers développements de la formation du gouvernement. Ensuite, il revient dans sa base à Bouaké avant de repartir aussitôt à Abidjan rencontrer les autres membres du C.P.C. notamment le chef de l'Etat avec qui il a rendez- vous, cet après midi, à 17 heures. Selon nos sources, ce n'est qu'après tout ce périple que le Premier ministre compte rendre publique la composition de son gouvernement dont le premier conseil des ministres est prévu ce jeudi au palais, conformément au chronogramme de l'accord de Ouaga. Mais, la veille mercredi, il sera procédé à la passation des charges entre l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny et son successeur Guillaume Soro, qui pourra aussitôt se mettre au travail sans autre forme de procès. Dès lors, il entend consulter les partis politiques et les informer de la nature, du nombre et de la dénomination exacte des portefeuilles ministériels qui leur ont été en définitive attribués. Selon certains membres de la délégation rencontrés hier à l'hôtel Sofitel Ouaga 2000, les choses semblent effectivement totalement bouclées. Il s'est agi, pour les deux parties, en se rendant à Ouaga, de venir finaliser les choses en présence du facilitateur et surtout d'avoir sa bénédiction active pour la suite du travail à réaliser pour sortir la Côte d'Ivoire de la crise et la conduire d'ici à février 2008 à des élections justes, ouvertes, transparentes et démocratiques. Aucun blocage majeur n'est posé en dehors de quelques détails de forme sur lesquels Tagro et Soro se sont accordés lors de leur entrevue à Bouaké. Ces détails portaient, entre autres, sur le quota de ministères revenant aux partis politiques qui souhaitent voir revus à la hausse leur part du gâteau. Et sur la répartition des porte- feuilles de souveraineté entre les acteurs de la belligérance. Tous ces détails ont été réglés, hier, sous l'égide du facilitateur qui, à en croire nos sources, a prodigué des conseils d'usage aux deux parties, les invitant à s'inscrire dans une logique unitaire de cogestion et de concertation permanente. Et c'est une ambiance d'accord parfait qui a régné tout au long de la rencontre avec le facilitateur qui se rend, ce matin même, à la cérémonie d'investiture de son homologue sénégalais Abdoulaye Wade à Dakar.
Khristian Kara (Envoyé spécial)