mardi 3 avril 2007 par Notre Voie

Gbagbo plus que jamais président?. C'est sous ce titre que le journal français, Le Journal du Dimanche? a récemment présenté à ses lecteurs une analyse fort intéressante de la situation politique en Côte d'Ivoire.

L'accord survenu le 4 mars dernier entre le président Laurent Gbagbo et le chef rebelle Guillaume Soro constitue "une défaite pour Paris", de l'avis des experts. Gbagbo reprend la main et s'apprête à former un nouveau gouvernement, avec le soutien de son homologue sud-africain Thabo Mbeki. Et les troupes francaises commencent leur retrait.
L'accord survenu le 4 mars dernier entre le président Laurent Gbagbo et le chef rebelle Guillaume Soro constitue "une défaite pour Paris", estiment différents spécialistes du dossier ivoirien. Pour eux, la France, présente pourtant en Côte d'Ivoire dès les premières heures de la crise en septembre 2002 et impliquée depuis dans la recherche d'une solution politique, a été cette fois complètement tenue à l'écart. Pis, elle apparaît même comme le seul perdant, alors que le président ivoirien doit former cette semaine son nouveau gouvernement. "La tactique de Jacques Chirac et Brigitte Girardin (la ministre française de la Coopération) qui consistait à écarter définitivement Gbagbo a échoué", estime Gilles Yabi, spécialiste de la région au think tank "Crisis Group". Une analyse largement partagée. Pourtant, le 1er novembre dernier, la France pensait avoir fait le plus dur avec l'adoption de la résolution 1721 par le Conseil de sécurité de l'ONU. Celle-ci prévoyait que Laurent Gbagbo soit progressivement dépossédé de ses pouvoirs, à la faveur du Premier ministre, Charles Konan Banny soutenu par l'Elysée. Mais, signe avant-coureur, les Français qui souhaitaient mentionner le départ de Laurent Gbagbo dans la résolution, avaient dû reculer sur ce point.

La ténacité du président
ivoirien a fait le reste

"Encore une fois, les Français ont sous-estimé sa capacité de résistance et surestimé leur pouvoir d'influence sur les autres chefs d'Etats africains", souligne Gilles Yabi. Car Gbagbo reprend la main en élaborant un plan alternatif, une solution purement africaine qui inclut un dialogue direct avec les ex-rebelles. Son homologue sud-africain Thabo Mbeki l'y encourage, d'autant qu'il n'apprécie pas ce qu'il considère comme une ingérence française dans les affaires ivoiriennes. Il soutient les discussions entre Gbagbo et le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, longtemps accusé par Abidjan de soutenir la rébellion. Le président ghanéen John Kufuor, à la tête de l'Union africaine depuis fin janvier, appuie aussi l'initiative.

Beaucoup de questions
restent encore à régler

Les ultimes tractations, fin février à Ouagadougou (Burkina Faso), se déroulent en comité restreint. Gbagbo a missionné son porte-parole, Désiré Tagro. Côté rebelle, c'est le numéro 2, Louis Dacoury-Tabley, qui négocie. Le tout sous le patronage de Blaise Compaoré et de son ministre de la Sécurité, Djibril Bassolé. "Depuis le début de la crise, c'est Compaoré qui tire les ficelles. Il est l'un des maillons essentiels", confie une source diplomatique. A aucun moment, la France n'est associée aux discussions, même si la ministre Brigitte Girardin multiplie les voyages dans la région. Résultat, l'accord du 4 mars voit se maintenir un Laurent Gbagbo dont Jacques Chirac réclamait la mise à l'écart, allant jusqu'à en faire une question personnelle, et le départ d'un Charles Konan Banny censé pourtant diriger le pays. Jeudi, le "boulanger d'Abidjan" (surnom donné à Laurent Gbagbo en raison de son habileté à rouler ses adversaires dans la farine) a confirmé son ancien ennemi, Guillaume Soro, chef des Forces nouvelles, au poste de Premier ministre. Beaucoup de questions restent encore à régler, comme celle du désarmement des ex-rebelles ou le processus d'identification de la population en vue d'élection, mais pour la première fois depuis 2002, la crise ivoirienne semble trouver un début de solution. Ce dont la France ne peut qu'officiellement se réjouir. Le Quai d'Orsay annonçait ainsi vendredi accueillir "favorablement cette nouvelle étape du processus de paix".
Paris annonce désormais le retour "dans les prochaines semaines" de 500 des 3.500 soldats déployés au centre du pays, aux côtés de 7.000 casques bleus de l'ONU. Ce mouvement devrait s'accélérer à partir de juin, quand le mandat des troupes aura été rediscuté à New York. "Plus vite nous retirerons nos militaires, mieux nous nous sentirons", confie un officiel. Le budget aussi: ce déploiement coûte chaque année 250 millions d'euros (NDLR : 163,9 milliards FCFA) à la France.

Par Antoine MALO
et Gilles DELAFON
Le Journal du Dimanche

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