lundi 2 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Les empoignades auraient déjà commencé entre le chef de l'Etat et son nouveau Premier ministre au sujet de la répartition des portefeuilles dans le gouvernement à naître. Laurent Gbagbo exigerait 15 ministères avec en prime la quasi-totalité des ministères de souveraineté pour le camp présidentiel contre seulement 18 ministères pour les Forces nouvelles. Ce qui ne rend point les choses aisées pour Guillaume Soro qui doit, dans son quota, satisfaire 7 des 10 signataires des partis ou groupements politiques engagés dans le processus de sortie de crise. L'indice de répartition semble en effet renversé. Le FPI, le PIT et l'UDCY vont se partager 15 portefeuilles alors que le G-7 (PDCI, RDR, MPCI, MPIGO, MJP, l'UDPCI et le MFA) n'auront à se partager que 18 ministères. Faut-il le rappeler, dans le gouvernement sortant, le FPI et ses alliés disposaient de 9 postes et le G-7, 17. Dans la nouvelle équipe en gestation, le camp présidentiel arrache 6 portefeuilles supplémentaires là où le G-7 ne rafle qu'un seul de plus. C'est cette injustice que le nouveau Premier ministre conteste. Mais les négociations souterraines qui ont commencé permettront-elles de vite trouver un terrain d'entente, un compromis acceptable par tous ?
Il faut vivement l'espérer car non seulement il y a beaucoup à faire mais tout semble lié à la formation de ce gouvernement. En effet, le chronogramme annexé à la mise en ?uvre de l'accord politique de Ouagadougou indique bien que la suppression de la zone de confiance et la mise en place d'unités mixtes, le démantèlement des milices, le regroupement des ex-combattants en vue du DDR, le redéploiement de l'administration, le début des audiences foraines sont autant d'opérations dont les dates de démarrage ont été fixées en rapport avec la mise en ?uvre du nouveau gouvernement. Cela veut dire que tant que ce gouvernement n'aura pas été mis en place, les tâches essentielles qui doivent nous conduire vers la sortie de crise ne seront pas amorcées. Il y a donc urgence à régler au plus vite ces détails, ces petits malentendus pour s'attaquer très rapidement aux vrais problèmes. La formation d'un nouveau gouvernement a toujours été un sujet de passion, un temps qui suscite beaucoup d'appétit et qui se prête malheureusement à beaucoup de calculs politiciens. Nommé premier ministre de consensus au lendemain de la signature de l'accord de Linas Marcoussis, Seydou Elimane Diarra a mis près de 2 mois pour former un gouvernement au goût de Gbagbo et de ses "patriotes". Cela, après un détour à Accra où s'est tenue du 7 au 8 mars la table ronde dite d'Accra II.
Le Premier ministre Charles Konan Banny lui a mis près d'un mois. Nommé le 4 décembre 2005, c'est le 28 décembre qu'il a pu composer son équipe gouvernementale. Guillaume Soro échappera t-il à l règle ? Fera-t-il figure d'exception ? Il est vrai qu'il est encore dans les délais impartis par l'accord de Ouaga qui fixait la date de la mise en place du nouveau gouvernement à 5 semaines après la signature de cet accord. Ce qui donne jusqu'au 8 avril à Soro pour composer son équipe mais avec les empoignades qui commencent, avec la grosse passion que soulève sa formation, les appétits et les calculs qu'elle suscite, l'on a des raisons légitimes de s'inquiéter. Guillaume Soro et Laurent Gbagbo savent qu'ils jouent gros à compter de maintenant, ils ont pris des initiatives courageuses, les Ivoiriens les ont regardé faire. Ils ont pris des engagements fermes et énormes devant le peuple ivoirien qui les a religieusement écoutés. Maintenant il s'agit d'agir, de traduire en actes concrets leur volonté de paix.
Les deux belligérants qui se sont livré la guerre avant que ne viennent s'interposer entre eux la communauté internationale veulent à présent aller à la paix, sans intermédiaire, sans la communauté internationale. Main dans la main, dans un corps-à-corps fraternel. Ils veulent laisser derrière eux, définitivement, la ranc?ur, la haine, la méfiance, l'esprit de vengeance pour épouser l'esprit du pardon mutuel, de la réconciliation et de la paix. Mais la paix, selon la vérité éternelle du sage de Yamoussoukro, n'est pas un vain mot mais plutôt un comportement. Puissions-nous voir dans les comportements, dans les actes et les propos de Laurent Gbagbo et de son nouveau Premier ministre des hommes de paix, des responsables, des hommes de parole qui ont le désir ardent d'offrir au peuple ivoirien la paix qu'il recherche tant. Les paysans, les écoliers, les étudiants, les travailleurs, les chômeurs, les opérateurs économiques, les déplacés de guerre, les exilés politiques ou militaires. Tous veulent la paix !
Par Akwaba Saint clair

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