vendredi 30 mars 2007 par Le Nouveau Réveil

La République, la belle solution à tous les systèmes avilissants des citoyens dans la vie politique d'un Etat et d'une Nation est au banc des accusés de sa régression et de son abaissement. La République est comme la Démocratie, le système politique auquel tous les peuples aspirent. En Afrique en général et en Côte d'Ivoire en particulier, la République et la Démocratie n'ont de valeurs que lorsque les futurs dirigeants de nos Etats sont dans l'opposition. Une fois au pouvoir, ils foulent aux pieds toutes les vertus de la République et de la Démocratie et instaurent un système hybride à leur goût. Ce système n'est ni républicain ni démocratique. Il est purement tyrannique et despotique tournant carrément le dos au républicanisme et à la République, et au meilleur des systèmes politiques ; la Démocratie. Au-delà des dérives totalitaires que nous avons constatées ici et là sous le régime cynique de la refondation ; le procès du Président de la République Laurent Gbagbo contre son Ministre de la Production animale et des Ressources Halieutiques, Adjoumani Kouassi, est des plus régressif et des plus indigne, et fera date dans l'histoire de toutes les Républiques modernes et démocratiques. En ce sens que, jamais, un Chef de l'Etat de surcroît Président de la république et un de ses Ministres (les deux en fonction) ne sont rentrés en conflits ouverts sur la place publique et ne sont allés jusque devant le tribunal de droit commun. C'est en Côte d'Ivoire, pays de toutes les exceptions et de toutes les bizarreries politiques que nous vivons cela. Un Ministre de la République en procès contre son Président de la République et ce procès se déroule de report en report sans que honte ne soit sur son initiateur qui n'a pas conscience qu'il est en train de réduire le minimum de crédit qui restait à la RépubLique de Côte d'Ivoire. Ce procès rentrera dans les annales des procès de la honte de la République.
Dans le fonctionnement normal de la République, un Président de la République ou un Chef de l'Etat forme son Gouvernement en nommant ses Ministres sur proposition de son Premier Ministre. Et les Ministres en même temps qu'ils sont responsables devant le Chef du Gouvernement, le sont plus devant le Président de la République dans le cas d'un régime présidentiel comme c'est le cas chez nous en Côte d'Ivoire depuis l'indépendance et depuis l'avènement d'un Premier Ministre au lendemain du retour au multipartisme. Les Ministres ont tous obligation de solidarité gouvernementale entre eux, avec le Chef du Gouvernement et avec le Président de la République. Dans le cadre de la solidarité gouvernementale, tous les Ministres, le Chef du Gouvernement et le Président de la République forment une équipe solide, solidaire et unie face aux affaires de l'Etat et face aux intérêts supérieurs de la Nation. Lorsqu'un Ministre fait une fredaine qui n'est pas du goût du Président de la République ou du Chef du Gouvernement, il s'en débarrasse sans coup férir et sans rendre compte à qui que ce soit. Mais il ne le traduit pas devant les tribunaux pour si peu. Que n'avons-nous pas entendu dans ce pays depuis l'avènement du multipartisme ? Des propos indignes de la Démocratie et d'une République Démocratique sérieuse, responsable et respectueuse du pouvoir et de l'opposition significative ont été tenus ; et le ciel n'est pas tombé sur la tête ni de ceux qui incarnaient les institutions républicaines ni des opposants démocrates ( ?) et républicains ( ?). Le Député, le Président de Conseil Général et Ministre Adjoumani a tenu des propos en Italie, hors de la Côte d'Ivoire ; et à cause des propos tenus à l'étranger ; comme un vulgaire nazi, le Ministre alors en mission d'Etat est traduit devant le tribunal de droit commun. Quelquefois, nous nous interrogeons si c'est parce que ces propos sus de tous ici et connus du monde de nos contemporains ont été tenus là où le Président était en mission lorsque la rébellion s'est perpétrée en Côte d'Ivoire et rappelant du coup ce mauvais souvenir que l'on traduit le Ministre en fonction devant les tribunaux. Ou bien à défaut de faire payer au Pdci rda, son parti, "le crime" d'avoir, un jour du 18 février 1992, fait arrêter et condamner le Chef de l'opposition significative ( ?) et que l'on veut forcément humilier un de ses bouillants et dérangeants militants en la personne de Adjoumani Kouassi. Pourtant, la République, ce beau et grand système politique pour lequel ses partisans, avant et pendant la révolution française, se sont toujours battus pour son instauration pour réguler la vie de ses citoyens et de ses institutions et de ceux qui les incarnent, ne saurait tomber si bas à travers ces parodies de justice qui la déshonorent. Pourtant, la République pour parer à ce genre de contradictions et de contrastes dans son fonctionnement et dans son développement a prévu tout un arsenal juridique contenu dans la Constitution ivoirienne à travers les immunités qui couvrent les hauts responsables de l'Etat, et des mécanismes pour les traduire devant le tribunal et pas n'importe lequel afin que nul n'abuse de quoi que ce soit pour humilier qui que ce soit surtout sous nos tropiques de mythomanie érigée en règle de gestion de l'Etat et du non respect du serment prêté. Adjoumani est un Député de la Nation, il est détenteur d'un mandat national qui lui confère certaines immunités. Plus, il était un Ministre de la République au moment des faits qui lui sont reprochés et qui ne lui ont même pas valu un limogeage du gouvernement dont il fut membre jusqu'à la formation du Gouvernement Banny I. Alors, nous continuons de nous interroger pourquoi le Président de la République devenu Chef de l'Etat après la fin de son mandat ne l'a-t-il pas limogé pour propos diffamatoires et irrévérencieux envers le chef releveur de tous les défis et a préféré purement et simplement l'assigné en justice. La République s'assigne t-elle en justice contre elle-même ? L'Etat peut-il s'humilier lui-même en portant plainte contre lui-même ? La République des vrais Démocrates Républicains peut-elle se permettre ce genre d'actes honteux en s'humiliant ? Ou bien veut-on faire du Député Ministre Adjoumani un martyr du régime de la refondation ? Pourquoi les régimes successifs s'arrogent-ils le droit inutile de faire des martyrs politiques dans de fausses cabales politico juridiques ? Qu'est ce qu'a dit le Ministre Adjoumani sur les acteurs et auteurs du putsch "meilleur alternateur démocratique de pouvoir" dans "les conditions dramatiques et calamiteuses" du 24 décembre 99 que les contemporains ivoiriens ne savent pas ? Les Ivoiriens savent qui a été le catalyseur de ce coup d'Etat "sans effusion de sang" et dont la prolongation s'est soldée dans le sang et divisant par la suite notre pays en deux pour provoquer ce grand gâchis dans lequel se trouve notre pays depuis bientôt huit ans.
Il est temps, grand temps d'abhorrer la revanche politique dans la République. On ne vient pas à la tête de l'Etat pour apprendre et chercher à s'expérimenter en tatillonnant ou en surfant sur les problèmes sans intérêt pour s'instruire dans la gestion des affaires de l'Etat et s'aguerrir pour leur conduite.
Ce qu'il est convenu d'appeler l'Affaire Gbagbo contre Adjoumani est une honte pour la République et la Justice ivoirienne. Si cette affaire arrivait à son terme dans les conditions que nous connaissons, elle demeura un cas d'école dans les facultés d'enseignement des sciences administratives et juridiques. Un Président de la République et son Ministre devant la justice ? Un Député victime d'une cabale juridico politique dans la République malgré les dispositions constitutionnelles le protégeant contre les abus et les parodies de justice.
Adjoumani est-il Député de la République de Côte d'Ivoire ? A-t-il été pris en flagrant délit de diffamation du Chef de l'Etat ou du Président de la République prorogé ? Adjoumani était-il Ministre de la République au moment des faits ? Que ceux qui comprennent nous répondre si une telle autorité de haut rang de l'Etat peut être traînée devant les tribunaux de droit commun comme un vulgaire bandit ? Peut-on juger l'emblème de la République devant lequel tout citoyen respectueux de la grandeur et du prestige de son pays doit s'incliner ? Car le "prisonnier de droit commun, Adjoumani "en liberté provisoire et en sursis" est toujours paré des attributs de la haute dignité républicaine pendant son jugement? Comme dans l'affaire du capitaine Dreyfus, la justice ivoirienne est en train de s'auto flageller en malmenant un innocent.
La Côte d'Ivoire moderne et républicaine est en train d'emprunter un virage dangereux (contre la Démocratie et le respect de la République) qui le conduit inexorablement vers la tyrannie et le despotisme.
Selon la presse, après les réactions salutaires et encourageables des Députés du Pdci rda, et le soutien républicain franc apporté par ce groupe parlementaire, les autres groupes parlementaires seraient en train de se réveiller pour donner de la voix contre ce qui va devenir une jurisprudence si rien n'est entrepris pour dire que c'est une mauvaise posture pour la République et pour tous ceux qui incarnent ses institutions. Car la roue du pouvoir tourne et ce qui est fait contre le Député et Ministre de la République pourra un jour aussi faire des émules. Quand on sait que dans la vie politique nationale ivoirienne, les rancunes sont tellement tenaces et que les revanches sont aussi faciles ! Un proverbe africain ne dit-il pas que "lorsqu'on est un albinos et que l'on assiste avec complaisance ou complicité au sacrifice d'un des vôtres ; sachez qu'un jour viendra où ce sera votre tour et pour avoir manqué de solidarité à l'endroit d'un des vôtres, vous serez une victime résignée". C'est pourquoi tous les démocrates et tous ceux qui sont épris de la liberté d'expression, des libertés individuelles et collectives, et de justice doivent dire non à cette parodie de justice dans le procès de la honte de la République "Gbagbo contre Adjoumani". Qu'on soit de gauche ou de droite, c'est ce genre d'acte cynique qui rétrograde et dégrade la République qui doit être combattu par tous. Et, sans compter avec ce qui contraste dans la vie nationale, c'est au moment où la République s'oblige au pardon des errements de certains citoyens qui ont fauté contre la République et ses institutions qu'une horde de flics aux visages haineux et répugnants et fortement armés bouclent les alentours du palais de justice pour empêcher les soutiens du Ministre-Député-Président Adjoumani d'approcher le temple de Thémis. Provoquant du coup des embouteillages monstres dans la commune du Plateau. Tout ça avait simplement l'air des agissements de la gestapo ! et rappelant du coup le célèbre procès de Nuremberg des complices et collaborateurs d'Adolf Hitler au cours duquel de telles dispositions sécuritaires drastiques avaient été prises ! En tant qu'adepte de la Démocratie Républicaine et Défenseur de la Dignité Africaine pour le développement de la Démocratie à travers la liberté d'expression et des libertés individuelles et collectives, nous ne saurons accepter et soutenir chez certains soi-disant combattants de la dignité africaine contre le néo impérialisme et l'exploitation abusive des ressources africaines ce genre d'atteinte flagrante au respect des dispositions constitutionnelles librement prises et non imposées par l'intrus-étranger. L'Afrique, pour être digne vis-à-vis d'elle-même et des autres doit être capable de refuser de se discréditer en ne violant pas ou en ne foulant pas aux pieds ses propres principes érigés en règle de gouvernement. L'Afrique et les Africains ne seront pas seulement dignes d'eux-mêmes qu'en dénonçant seulement l'immixtion de l'occident dans ses affaires intérieures mais en demeurant fidèles à ses propres idéaux de Liberté, de Justice et de Respect des engagements librement consentis et des Serments publiquement prêtés. Que cette affaire soit classée sans suite car elle déshonore la République dans ses fondements!
Ange DAGARET DASSAUD
angedagaret@yahoo

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