jeudi 17 décembre 2009 par Le Temps

Pour son dixième Invité de la rédaction, Fraternité-Matin a reçu, hier, le chef de l'Etat. Morceaux choisis d'une rencontre qui a tenu hier, toutes ses promesses. Avec des journalistes de la sous-région et des pays européens.
Vous m'avez invité, j'ai tenu à être présent. Je suis heureux d'être là et c'est avec bonheur que je suis là pour répondre à toutes les questions que les journalistes se posent et sont en droit de nous poser. Donc, je suis prêt à répondre à toutes les questions que les journalistes vont me poser, je n'ai pas de problème, je suis à vous.
Privatisation de Fraternité- Matin
J'étais élève quand Fraternité- Matin est né. Il y a eu au lancement de fraternité-matin une tombola, je n'ai plus en tête le nom de celui qui a gagné, mais c'était un de nos amis qui avait gagné 1 million. Mais à l'époque, 1 million, c'était faramineux. Mais celui-là qui avait gagné cette somme, nous paraissait immensément riche. C'est la deuxième fois que vous parlez de la privatisation de Frat-Mat, mais quand je regarde les pays où la presse est développée, je ne vois pas de journal papier qui appartienne à l'Etat. Que ce soit en Europe occidentale ou en Amérique du nord. Donc, il était effectivement à l'ordre du jour, lors d'un Conseil des ministres, la privation de fraternité Matin, je pense que ce n'est pas un débat. C'était un acte de modernité. Et un acte de modernisation de l'Etat. Mais je n'ai pas eu de majorité au conseil des ministres pour appliquer cette décision, on est passé dessus et on a continué.
Liberté de la presse
Je n'en ai pas beaucoup en direction des pays francophones. Mais la meilleure manière de communiquer une idée, c'est de l'appliquer soit même. Nous n'avons pas dépénalisé le délit de presse mais nous avons supprimé la peine d'emprisonnement parce que les sanctions pénales sont des peines et je regrette que les magistrats ne l'utilisent pas très souvent pour décourager certains journaux qui écrivent toujours n'importe quoi. Mais moi, j'ai estimé que ce n'est pas la peine de mettre quelqu'un en prison à cause de ce qu'il pense. Moi-même j'ai été en prison à cause de ce que je pense, mon ami Aboudramane Sangaré a été 2 fois en prison parce qu'il était directeur de publication du Nouvel Horizon et de La Voie. C'était sale pour la Côte d'Ivoire.J'ai pas aimé ça, donc nous avons décidé qu'on ne va pas condamner un journaliste à des peines d'emprisonnement pour les idées qu'il émet. Nous l'avons fait, mais au moment où nous le faisions, beaucoup de chefs d'Etat m'ont dit que ce n'était pas bon de le faire. Et beaucoup d'ivoiriens et des responsables politiques ivoiriens m'ont dit que ce n'était pas bon de le faire. Et que les journalistes allaient prendre cette liberté pour la licence, et qu'ils n'allaient plus avoir de limites. J'ai tenu bon, parce que c'est ma conviction profonde que ça ne sert à rien de mettre quelqu'un en prison à cause de ce qu'il dit. Vous devez me donner raison ou vous devez me donner tort. Aujourd'hui, beaucoup d'hommes politiques ivoiriens, ceux qui me disaient hier, de ne pas faire voter cette loi, viennent me dire: on te l'avait dit, tu ne nous as pas écouté. Tu vois tous ceux-là qui écrivent n'importe quoi sur ton compte. Donc, dans cette bataille, moi j'ai fait ma part. C'est aux journalistes de faire leur part. En faisant ma part, j'ai cru que les journalistes auraient un sursaut de responsabilité. Hier encore, j'ai vu des choses qui ne sont pas, il suffit de se former et on peut se former. Sans faire la publicité, le journal que j'aime le plus au monde, c'est le Canard enchainé pour les méthodes de travail qu'il utilise. Il peut passer 1 an à faire une enquête mais quand il voit que l'information est juste et confirmée, avec des recoupements partout. Je vous en prie, ne me donnez pas tort. Parce que, si vous me donnez tort, quand un autre président viendra, il va remettre les peines d'emprisonnement et on va recommencer les mêmes. Donc, pour vous-mêmes, ne me donnez pas tort. Confortons la liberté de la presse au lieu de la mettre en péril.
Son rêve pour la Côte d'Ivoire
Quand j'étais étudiant, il faut vous en souvenir, il y avait le parti unique, mais ce n'est pas parce qu'il y a le parti unique qu'il n' y a pas plusieurs pensées. C'est pour cela, je disais toujours et ça je l'ai écrit dans un livre à paraître bientôt que la Côte d'Ivoire dont je rêve, ce n'est pas la Côte d'Ivoire d'hier. Parce que j'entends les gens souvent dire qu'il faut qu'on revienne à la Côte d'Ivoire d'avant, moi je ne rêve pas à la Côte d'Ivoire d'avant et je ne veux pas qu'on revienne à la Côte d'Ivoire d'avant. Je veux qu'on rêve à une Côte d'Ivoire pacifiée et démocratique. Je veux qu'on atteigne une Côte d'Ivoire démocratique et prospère. Parce que dans la Côte d'Ivoire d'avant, c'est nous qui étions en prison à cause de ce que nous pensions. Je ne veux pas de la Côte d'Ivoire où celui qui pense différemment de celui qui est au pouvoir va en prison. Je ne suis pas parmi ceux qui regrettent la Côte d'Ivoire d'autrefois. Je veux qu'on avance et pour avancer, il faut une Côte d'Ivoire prospère, démocratique, il faut bâtir la paix sur la démocratie et la prospérité. Il ne faut pas donner aux gens, le sentiment que c'était bon avant. Depuis que j'étais étudiant, moi j'étais opposant.
Guerre en Côte d'Ivoire
Aujourd'hui, des langues se délient petit à petit. Des gens comme Pasqua cite des noms, je pense que d'ici 10 ans à 15 ans, on aura fait le tour de la question et on saura tous ceux qui ont effectivement planifié cette guerre. Je voudrais sur ce point, présenter des excuses aux ivoiriens. Ils m'ont confié leur destin et j'ai été assez naïf pour être surpris par une guerre. Je ne pensais pas que certains pouvaient faire une guerre civile pour le pouvoir. Mais ça ne sert à rien, ni avec moi, ni avec quelqu'un d'autre parce que toutes les dispositions seront prises pour que la Côte d'Ivoire ne soit plus surprise par une guerre civile d'où qu'elle vienne. Et toutes les dispositions sont entrain d'être prises pour cela. Je n'avais pas compris celui "qui veut la paix prépare la guerre", des latins. Or, ils avaient raison. Je comprends aujourd'hui pourquoi les pays développés ont des armées aussi puissantes. La défense doit être au niveau du développement qu'on a et la Côte d'Ivoire est en Afrique, une référence et sa défense doit être une défense de référence.
Nous y reviendrons, demain
Propos recueillis par
Roger Kassé

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