jeudi 17 décembre 2009 par Nord-Sud

Effimbra Nicolas, directeur régional de l'éducation nationale Abidjan 1, explique la journée de prières éclatées de demain en faveur de l'école ivoirienne.


Que visez-vous à travers la journée de prière que vous organisez vendredi pour l'école ivoirienne?

Nous organisons une prière pour soutenir l'école ivoirienne. A la réunion de rentrée, le ministre de l'Education nationale a diagnostiqué les maux de l'école. L'école est gravement malade. Les résultats de fin d'année illustrent bien cette réalité. Les 20% d'admis au bac le démontrent. La demande faite à Dieu pour soutenir l'école permettra à nos autorités, aux élèves, aux parents et aux enseignants de se mettre ensemble pour ramener la paix dans l'école, afin qu'il y ait des résultats. Pour nous, la prière est un moyen. Car, celui qui construit la maison sans le Seigneur, le fait en vain. La prière est le ferment qui va nous permettre de remettre l'école sur les rails. Le ministre a déjà mis en marche des réformes pour que l'éducation nationale aille mieux. Mais, nous avons besoin du soutien de Dieu.


Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de demander des prières pour l'école ?

Il y a toujours un début pour toute chose. C'est Dieu qui apporte l'inspiration. Il a voulu que se soit maintenant. Mieux vaut tard que jamais. Nous ne voulons pas faire des prières groupées de toutes les religions dans un stade. Nous avons voulu que le peuple de Dieu, constitué par les fidèles de toutes les sensibilités religieuses, prie en même temps le même jour. Mais cela, de façon éclatée, chacun sur son lieu de prière habituel. Si je suis chrétien catholique, je vais à l'église catholique, si je suis musulman, je vais à la mosquée. Nous avons choisi le vendredi 18 à 10 heures pour les chrétiens et à 13 heures pour les musulmans. Autant à Abidjan qu'à l'intérieur du pays. Les directeurs régionaux de l'éducation nationale d'Abidjan s'activent en même temps que ceux des villes de l'intérieur.


Selon vous, qu'est-ce qui est à l'origine des échecs scolaires ?

Quand vous avez une année scolaire de neuf mois et qu'il y a des perturbations pendant trois mois, vous convenez avec nous qu'en moins de cinq mois, on ne peut pas donner la formation idoine aux enfants. Les conflits à l'école jouent sur le rendement. Notre but est que la paix revienne à l'école. Ainsi, nous aurons le temps nécessaire pour travailler. Il n'y aura plus de conflit et il y aura de bons résultats.


Pensez-vous que les prières constituent le moyen le mieux indiqué pour résoudre les problèmes fonctionnels que connaissent l'école ivoirienne ?

La prière de vendredi n'est que le début d'un ensemble d'activité. Nous avons dit aux différents responsables religieux, à savoir, l'archevêque d'Abidjan, le Bishop de l'église protestante, le Cheick Fofana de la communauté musulmane et le Révérend Ediémou, que cette journée de prière est un début. Nous voulons une coalition de toutes ces personnes autour de l'école. Nous allons faire une campagne de lutte contre la fraude. Avant les examens, il y aura une séance de prière en impliquant de nouveau les religieux. Nous voulons aboutir à une autre vision de l'éducation et de la formation : la formation de l'enfant au niveau spirituel, intellectuel, physique et moral.


Des prières spéciales sont prévues pour les élèves, les parents d'élèves, les enseignants, le gouvernement etc. Est-ce à dire que ces acteurs sont responsables des maux de l'école ?

Chacun d'eux est une composante essentielle de la communauté éducative. Ils ont un rôle à jouer. Il faut prier pour que la sagesse de Dieu les habite afin qu'ils se mettent au service de l'éducation. Nous prions pour toute la Côte d'Ivoire afin que chacun fasse ce qu'il doit faire pour sauver l'école. Les responsabilités sont partagées. Le ministre nous a demandé de faire des matrices d'actions pour rassembler tout le monde autour de l'école. Nous avons besoin du Seigneur pour que toutes ces idées au service de l'école puissent emmener la performance.


Que comportent ces matrices d'action ?

Elles sont disponibles dans toutes les directions régionales de l'éducation nationale. Nous commençons l'application sur le terrain. Notre action doit être axée sur le résultat. Les matrices se résument par une claire vision de notre action sur le terrain.


Au cours d'une assemblée générale récente, un syndicat de l'enseignement primaire a laissé entendre que le gouvernement re­connaît les faiblesses de la formation par compétence. Qu'en est-il exactement ? Les prières vont-elles tenir compte de cette réalité ?

Ce n'est pas la formation par compétence qui est mise en cause. C'est la mise en ?uvre qui est mise en cause. Il y a de cela quelques semaines, un séminaire a parlé du recadrage de la mise en ?uvre. Nous faisons en sorte que cette formation par compétence conduise aux résultats escomptés. Ce n'est pas un rejet de cette approche pédagogique. Il y a eu un diagnostic et nous avons compris qu'il fallait la recadrer. C'est une action pédagogique. Lorsqu'on amorce un processus et qu'il y a des difficultés, on fait un recadrage. Il n'y a pas d'échec de cette approche. Toutefois, nous appelons tous les croyants et les non croyants à se mettre à genoux le vendredi 18 pour implorer le Seigneur en faveur de l'école.

Interview réalisée par N.D

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