mercredi 16 décembre 2009 par Le Temps

On disait leur expertise avérée. Cela a pesé lourd dans le coût exorbitant de leur prestation. Mais à la pratique, on cherche des explications à autant d'amateurisme de la part du groupe Sagem Sécurité. Et ceux qui insistent, depuis le début de l'opération, sur la thèse du sabotage, naturellement en faveur des protégés de la France engagés dans cette élection, sont certainement les plus perspicaces. En tout cas, les premières analyses des données collectées sur le terrain font état d'anomalies difficiles à justifier. Passe encore que des fiches ne soient signées ni par le pétitionnaire, ni par l'agent recenseur. Quand bien même cela ferait douter de l'origine de la fiche. En revanche, on comprend difficilement qu'il y ait de nombreuses fiches sur lesquelles la nationalité du pétitionnaire n'est pas précisée. Quand on sait les objectifs de cette identification en profondeur initiée par l'Etat de Côte d'Ivoire on ne saurait imputer une telle bourde à un simple oubli. Etant entendu qu'en l'absence de la nationalité, on est bien obligé d'en trouver une au pétitionnaire. Ce qui laisse supposer qu'en fonction du besoin du moment, les techniciens de Sagem peuvent décider de la nationalité des pétitionnaires se trouvant dans un tel cas. Bien plus, certaines fiches font office de chèque en blanc. Ne comportant, soit pas de prénom, soit pas de nom, encore moins de date de naissance, elles donnent la latitude aux techniciens d'ajouter les mentions manquantes. Des mentions qui peuvent faire du pétitionnaire un national en âge de voter ou un mineur à qui, légalement, on refuserait le droit de vote. D'autres anomalies tout aussi incompréhensibles sont susceptibles, à défaut de la plomber, de perturber gravement l'acquisition de la carte nationale d'identité et la carte d'électeur. Le sésame, selon des observateurs avertis, dit on, d'une Côte d' Ivoire pacifiée. Quelles pièces peut-on produire à partir de formulaires sur lesquelles on ne retrouve ni la photo du pétitionnaire ni sa signature ? Certains formulaires ne comportent pas de code. Pourtant, c'est le code qui désigne le centre de collecte ayant accueilli le pétitionnaire. Un centre dans lequel il est censé retirer ses papiers d'identité en tant que citoyen et électeur. En d'autres termes, en l'absence de ce code, il serait difficile de l'affecter dans un centre pour retirer ses pièces ou dans un bureau de vote pour accomplir son devoir de citoyen. Par ailleurs, certains codes ont été affectés à plusieurs centres de collecte. Si bien qu'on court le risque d'entasser les pétitionnaires dans le même centre de collecte. Ce qui pourrait être à l'origine d'un véritable cafouillage lors du retrait des papiers ou la constitution des bureaux de vote. Comme on le constate, on est bien loin du gage de perfection brandi pour justifier le choix de Sagem. Espérons, toutefois, que les opérateurs techniques engagés dans le processus conjuguent leurs expertisent pour juguler ce cafouillage

Emmanuel Fofana
efofana7@yahoo.fr

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