mercredi 16 décembre 2009 par Le Temps

Le président du Rjr, Karamoko Yayoro parle, dans cet entretien, des problèmes qui minent le Rhdp, le retour de la paix, le rôle de la jeunesse dans le processus de paix

Cela fait un an que vous êtes à la tête de la jeunesse du Rdr. Quel bilan pouvez-vous faire succinctement de cette période ?
Je voudrais remercier le journal Le Temps. Il faut dire que c'est l'un des rares journaux proches du parti au pouvoir qui nous ouvre chaque fois que besoin est, ses pages. Le bilan, nous le laissons à votre appréciation de nos militants, de l'opposition nationale et peut- être même internationale. Ce qui était important, c'était de remettre à flot le Rjr, parce qu'il faut l'avouer, nous étions traversés par beaucoup de problèmes. Aujourd'hui nous avons réussi à le faire. Nous avons donné une capacité d'action et de réaction au Rjr. Nous travaillons d'arrache- pied pour faire de notre structure, la première force politique au niveau du pays dans l'asphère de la jeunesse.

Vous avez également assuré récemment la présidence de la jeunesse du Rhdp. A ce titre, quelle appréhension faites- vous du retour de vos députés à l'Assemblée nationale ?
Je pense que la question des députés est un faux problème, parce qu'au niveau de l'opinion nationale et international, on a fait le constat que depuis décembre 2005, le mandat des parlementaires a pris fin. Et donc le Parlement, dans sa forme actuelle, n'est plus légal. Pour nous, il se pose simplement une question de paiement indemnités des députés. Parce qu'il a été demandé au Premier ministre de constater la fin du mandat des députés et leur confier des missions ponctuelles et précises. Je crois que c'est ce qui a commencé à être fait, puisque avant- hier (ndlr : jeudi 22 juin) le Premier ministre a lancé des missions de paix qui vont parcourir toute la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui les députés reviennent, nous dit-on, à l'Assemblée nationale, mais en réalité le gouvernement ne va pas les consulter. Et je pense que les lois seront adoptées certainement pas ordonnance ou bien par toutes formes juridiques.

Le problème de la candidature unique aurait également jeté un froid au sein du Rhdp ?
Pour ce qui est de la candidature unique au Rhdp, il n'y a pas de problème, parce qu'il a été dit, lors de la signature de la plate- forme des Houphouëtistes, que chaque parti politique peut présenter un candidat à la présidentielle et que les accords pour les candidatures seraient au niveau des élections locales. Il n'y a donc pas de crise quand à une candidature unique.
N'empêche qu'il se murmure qu'une nouvelle plate- forme de partis politiques sera bientôt mise sur pied, à l'initiative du Rdr qui veut séparer de certains partis au sein du Rhdp ?
Je n'ai pas souvenance d'un tel projet. Je ne sais pas à quelle instance du parti cela a été discuté. Je n'ai pas encore assisté à une réunion, ni du secrétariat général, ni du bureau politique du comité central qui a planché sur la question. Le président nous a plutôt donné des instructions pour que nous puissions renforcer l'alliance au niveau du Rhdp et c'est ce à quoi nous attelons. Et nous, au Rjr, nous prenons toute notre part aux actions du Rhdp.

Comment avez- vous accueilli l'arrivé du Premier ministre Charles Konan Banny ?
Puisque la direction était favorable à sa nomination, le Rjr lui a emboîté le pas. Nous avons exprimé notre position au niveau du Rjr et du Rjdp pour dire que nous soutenons politiquement le Premier ministre tant qu'il est en conformité avec la Résolution 1833.

Il y a pourtant un responsable du Rdr qui s'est élevé contre l'attitude du Premier ministre dans l'affaire du non paiement des indemnités des députés du Rhdp ?
Dans un parti politique c'est la liberté et la démocratie. Il n'y a encore pas eu une position officielle du parti jusqu'à ce jour, le parti continue de soutenir le Premier ministre. En tant que citoyen, nous avons le droit de d'exprimer des sentiments. Et je pense que le Secrétaire général adjoint n'a fait qu'exprimer un sentiment sans pour autant remettre en cause les actions et les activités du Premier ministre et sans pour autant remettre en cause le soutient que le Rdr qui lui apporte. Il n'y a donc pas de quoi s'alarmer. C'est juste pour dire qu'à son avis, il aurait aimé certainement que le Premier ministre encore plus ses députés Rhdp.

Croyez-vous que les élections auront lieu en octobre?
Nous travaillons dans ce sens. Pour nous il ne s'agit pas de dire que les élections n'auront pas lieu en octobre, il s'agit de dite à nos militants d'être prêts, quelle que soit la date. Qu'ils s'inscrivent sur le listing électoral. Maintenant si les élections n'ont pas eu lieu en octobre, nous aurons un peu plus de temps pour continuer la sensibilisation.

Le Gti vient de faire une injonction au Premier ministre pour qu'il accélère le désarmement. Qu'est- ce que cela vous inspire- t-il ?
Ce n'est pas un fait nouveau, puisque le Premier ministre avait déjà lancé la concomitance du désarmement et de l'identification. Il s'agit pour l'identification de passer à la phase grandeur nature après la phase pilote. Et je crois qu'il faut expliquer à la population ivoirienne et aux habitants de la Côte d'Ivoire ce que c'est que les audiences foraines. Parce que certains se disent qu'on veut faire les audiences foraines pour distribuer des pièces d'identités aux gens. Non, juste pour que chaque habitant de ce pays ait un papier qui l'identifie. Qu'on ne croit pas que identifie un grand nombre d''Ivoiriens, c'est favoriser tel ou tel parti. Que les politiques jouent leur rôle et qu'ils ne prennent pas en otage la question de nationalité. Il faut permettre aux habitants de ce pays d'avoir enfin leurs papiers. Il faut que tous les partis politiques s'engagent et travaillent en direction des différentes populations pour que celles- ci adhèrent à leur politique.

On ne peut pas dire que c'est à tort que certains crient à la fraude, puisqu'il y a eu effectivement des fraudes, justement dans des maires tenues par le Rdr
Je pense que c'est la manipulation politicienne. Quand on parle de fraude, ou dès qu'un évènement est balancé en Côte d'Ivoire, on ne cherche jamais. Mais ce sont des gens qui remplissent les conditions. Quand on a un des parents qui est Ivoirien, on est Ivoirien. Et puis une fraude sur l'attestation d'identité ce n'est pas la mairie qui produit cette pièce jusqu'à preuve du contraire. Il faut éviter que nous les politiciens, nous prenions en otage la question de l'identité en Côte d'Ivoire. Je pense qu'il faut arrêter la régionalisation des partis politiques, proposer un projet de société crédible et faire en sorte que tous les Ivoiriens adhèrent à ce projet. A preuve, en 1990, ceux qui ont donné la force au Fpi, ce n'étaient pas ceux du Sud- Ouest et autres. C'étaient les gens du Nord, parce qu'au niveau de la gauche, la première grande réunion qu'il y a eu, ce qu'on a appelé la Coordination de la gauche, qui regroupait le Fpi, le Pit, et le Psi (avant que ce ne soit le Pps), s'est déroulé à Korhogo. C'est dire que ce n'est pas du Sud- Ouest que le Fpi a vraiment eu à prendre racine.

Revenons au désarmement qui tarde à être effectif
Je pense qu'il faut aller au désarmement. Tous ceux qui aiment ce pays sont pour le désarmement. Le Rdr s'est prononcé en faveur du désarmement. Il faut le dire, il y a ceux qui ont pris les armes mais aujourd'hui encore il y a du côté gouvernemental, les milices qui doivent aussi être démantelées sinon désarmées. Si la phase du désarmement est ratée, ce sera un problème grave pour le pays. C'est pourquoi je dis qu'il faut prendre le temps pour expliquer aux combattants, aux milices qu'il y va de notre intérêt à tous qu'ils retourner à la vie civile. Que le minimum de jeunes ait leur les armes. C'est pourquoi, il est important que nous puissions nous réunir, nous parler et faire en sorte que le pays recommence à travailler afin qu'il ait des emplois.

Vous dites souvent que Alassane Dramane Ouattara va apporter la lumière à la Côte d'Ivoire, qu'il va sortir le pays du gouffre quand il sera au pouvoir. Mais cela paraît paradoxal que pendant la période qu'il a passée à la tête du gouvernement, il n'ait rien fait pour le Nord qui, au contraire depuis son avènement sur la scène politique ivoirienne, se meurt de plus en plus.
Mois je crois qu'il y a tellement d'amalgames et quand j'écoute les Ivoiriens sur cette question je ris. Mais il ne sera pas le président de Kong, du Nord. C'est la première précision que je voudrais faire. Ensuite, il y a un Etat qui existe. Ce n'est pas au citoyen de développer leurs régions. Le pays doit avoir un plan directeur de développement. C'est l'Etat qui doit de façon équitable, répartir les richesses et non une personne qui doit prendre sa richesse pour aller développer chez lui.

Plus précisément, quel est l'apport du cadre Alassane Dramane Ouattara dans le développement de sa région ?
C'est de participer comme tous les cadres, il y a des mutuelles, qu'il cotise. S'il y a des réunions dans son village il participe. S'il y a des projets Frar, il cotise. Mais il ne va pas aller construire des routes, des buildings, construire des Universités parce qu'il a beaucoup d'argent. Que fait donc l'Etat en ce moment. Pourquoi l'Etat prélève les taxes sur les productions agricoles de ses populations, pourquoi va- t- il exploiter les richesses naturelles ? C'est à l'Etat d'élaborer un programme de développement pour chaque région, chaque département et chaque sous- préfecture et non au citoyen.

Est- ce que la jeunesse du Rdr est prête à soutenir le président Bédié au cas où c'est lui qui arrive en tête au premier tour ?
Cela va de soi. Nous avons déjà signé les accords et comme nous sommes respectueux de tous nos engagements, nous serons sur le terrain pour propulser le Président Bédié au pouvoir s'il arrivait au premier tour en tête. Mais nous travaillons chaque jour que Dieu fait pour que le Dr Alassane Ouattara soit élu président de ce pays. Donc pour nous, ce débat même n'aura pas lieu, puisque notre ambition et notre engagement veulent que notre Président du Rdr soit élu dès le premier tour.

Auriez- vous un message à l'endroit des jeunes patriotes ?
Je souhaite que tous mes camarades de la galaxie patriotique qui sont des ancien fescistes puissent laisser de côté l'argument de la force et qu'on engage résolument le dialogue. Et qu'on donne force vraiment aux arguments parce que si nous voulons construire une Côte d'Ivoire harmonieuse demain, ce ne sera pas des débats contradictoires et des débats intellectuels et non par la violence qui ne nous permet pas de construire. Encore une fois de plus je leur tends la main et je leur dis : chers camarades, nous avons souffert ensemble à la Fesci de 1990 jusqu'au moins 1998, pour certains et en 2000 pour d'autres. Il faut que nous nous retrouvions et qu'on laisse de côté la violence, parce qu'on le sait tous, à ce jeu personne ne va reculer. Discutons, rencontrons- nous, échangeons, laissons les a priori de côté et faisons en sorte que la Côte d'Ivoire se retrouve à travers nous, les jeunes. Organisons une grande journée de retrouvailles au niveau de la jeunesse où on aura la jeunesse du Rhdp, les jeunes dits patriotes et ensemble disons à toute la Nation que demain, ce sont les idées qui vont primer et non la force.

In Le Temps N°957 du jeudi 29 juin 2006

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