jeudi 3 décembre 2009 par Le Nouveau Réveil

Laurent Gbagbo a été clair à sa descente mardi à Ouaga. Il ne s`est pas rendu à cette réunion du Cpc pour parler de nouvelle date de la présidentielle en Côte d`Ivoire après l`échec du 29 novembre mais plutôt pour évaluer la masse de travail à faire avant les élections. Or, les présidents Bédié et Ouattara qui ont tenu une réunion préparatoire avant ce 6ème Cpc avec leurs collègues du Rhdp n`entendent pas les choses de cette oreille. Pour eux, cette réunion du Cpc, après l`exposé du président de la Cei, doit accoucher d`une date définitive, à laquelle la présidentielle maintes fois reportée doit se tenir. Dialogue de sourds à l`horizon ?

Avant même l`ouverture des travaux de la 6ème réunion du Cadre permanent de concertation (Cpc) ce matin dans le luxueux complexe du centre de conférence de Ouaga 2000, les principaux acteurs de la crise ivoirienne semblent parfaitement d`accord sur leur désaccord. Ils ne parviennent pas en effet à accorder leurs violons autour de l`ordre du jour, sinon des objectifs de cette rencontre capitale et décisive.

"Mais ce n`est pas nous qui fixons la date des élections. En la matière, je joue au notaire. C`est la Cei qui fixe une date et la propose au Premier ministre. Et ensemble, ils viennent me la proposer. Evidemment comme je ne suis pas un simple notaire, avant de signer un décret, je les interroge sur la signification de leurs propositions. Mais il ne faut plus raisonner en terme de date mais en terme de masse de travail qu`il reste à faire (). Nous voulons aller à des élections mais sans que la guerre revienne. Mieux vaut aller à des élections tard et ne plus avoir de conflit que d`avoir des élections tôt et des morts" a laissé entendre le père du slogan "allons aux élections vite, vite, vite".

Gbagbo manifestement, n`est plus très pressé d`aller aux élections, il ne veut même pas entendre parler de nouvelle date. Pour lui, il suffit juste d`évaluer la masse de travail à faire et revenir à Abidjan pour faire ce travail. Quel que soit le temps que cela prendra. Sur la question, le Rhdp a une position qui est tout autre. Cette réunion du Cpc doit permettre d`arrêter une date, la dernière, pour la tenue de l`élection présidentielle.

En effet, au sortir de son conclave de mardi dernier, le Pr. Alphonse Djédjé Mady, président du directoire du Rhdp, avait clairement indiqué que les Houphouétistes ne vont pas à Ouaga avec une date des élections dans la poche mais que cette date sortira des discussions que les membres du Cpc auront après l`exposé du président de la Commission électorale indépendante.
Bédié et Ouattara parviendront-ils à arracher cette nouvelle date que, du reste, tous les Ivoiriens attendent de Gbagbo ? Il faut s`attendre en effet à ce que le chef de l`Etat leur a opposé l`argument tiré de la procédure et des usages qui ont jusque-là prévalu dans la fixation des dates des élections. Mais dans la réalité, cette procédure ne procède pas d`une règle écrite, le circuit président de la Cei-Premier ministre-Chef de l`Etat n`est pas adossé à une norme juridique. On peut donc y déroger en permettant au Cpc de statuer sur la nouvelle date après les propositions et simulations de la Cei. Quitte au chef de l`Etat de prendre un décret plus tard pour entériner cette décision de consensus. Cette solution est d`autant plus souhaitable que les Ivoiriens comprendraient mal que l`on puisse sortir de cette réunion du Cpc sans une nouvelle date des élections. Toute chose qui plongerait le pays dans le doute, l`incertitude du lendemain, le désespoir et le spleen. Un terreau fertile pour les désespérés. Pour notre pays que nous aimons tous par-dessus tout, ce n`est vraiment pas la bonne option. Bédié et Ouattara ont le devoir de faire comprendre cela à Gbagbo, leur frère.

AKWABA SAINT-CLAIR

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