mercredi 2 décembre 2009 par Le Temps

L`élection présidentielle en Côte d`Ivoire, initialement prévue à la date du 29 novembre, a été reportée. Sans surprise d`ailleurs. Au regard du retard accusé dans la publication de la liste électorale. Un report qui profite à ceux qui font beaucoup de bruits de casseroles. Décryptage!

A qui profite le report de l`élection présidentielle en Côte d`Ivoire ? Pertinente question au regard du folklore auquel s`adonnent les partis d`opposition. " Laurent Gbagbo n`ira pas aux élections tant qu`on l`y oblige pas ", s`est récemment fendu dans les colonnes d`un confrère, le truculent président des jeunes du Pdci-Rda, Kouadio Konan Bertin, dit Kkb. Cette déclaration, ajoutée à celle de Ouattara Dramane qui demandait, à mots voilés et avec une légèreté déconcertante, à l`Onu de prendre des sanctions, résiste difficilement à l`analyse. Pour les partis d`opposition, cet énième report, disons-le comme cela, profite à l`actuel chef de l`Etat et aux forces politiques qui le soutiennent. Pourtant. Même s`ils n`y accordent pas un crédit, les résultats des trois sondages de l`institut Sofres sont sans ambages : Laurent Gbagbo l`emporte dans tous les cas de figure. Certains pourraient se demander pourquoi Laurent Gbagbo qui porte les faveurs des suffrages des Ivoiriens n`a-t-il pas montré un empressement à aller à cette joute électorale. La réponse est simple. D`abord, Laurent Gbagbo n`est pas la cheville ouvrière des élections en Côte d`Ivoire. Il est candidat comme les autres. Ce n`est pas à lui, mais plutôt à la Cei qu`il appartient de donner le coup d`envoi. Ensuite, Laurent est historien de formation. Comme tel, les faits de sociétés n`ont pas de secret pour lui. Il sait qu`une élection de sortie de crise n`est pas une élection ordinaire. Il faut désagréger, particule par particule, les écueils. Petits soient-ils. Savimbi, avant sa disparition, n`a pas hésité à reprendre le maquis après l`élection de sortie de crise en Angola. Un exemple parmi tant d`autres. Enfin, Laurent Gbagbo n`a cessé de dire qu`il a reçu 322 463 Km2 de son prédécesseur, qu`il rendra 322 463 Km2 à son successeur. Ce qui suppose la réduction en vestiges des velléités de création de proto-Etat au Nord. Pour cela, il faut désarmer les ex-combattants, 2 mois avant les élections comme le veulent les accords complémentaires IV de l`Accord politique de Ouaga. Or, l`argent manque cruellement. Dans ces conditions, il faut se donner le temps d`en avoir pour régler les nombreux problèmes qui entravent la tenue de l`élection. Donc, en homme d`Etat, comme il l`a fait durant cette crise, Laurent Gbagbo, s`est une fois de plus effacé devant l`intérêt de la Nation. Que vaut une victoire si la Nation pour laquelle on est élu se morcelle au lendemain de cette élection. C`est cette lecture de sagesse qui a poussé le candidat de la majorité présidentielle à ne pas montrer un certain frémissement à aller à l`élection présidentielle. Son ego ne profite en rien de ce report. Bien au contraire, il a offert sa victoire annoncée en sacrifice pour la Nation. En revanche, contrairement aux propos à charge de Ouattara, Bédié et leurs affidés à l`endroit de Laurent Gbagbo, vis-à-vis de ce report, ils sont vite trahis par leurs errements. Les caisses de leurs partis ne pouvaient résister aux tensions inhérentes à ce rendez-vous électoral. Le report est vu comme un bol d`oxygène pour mettre à contribution les militants. Le Rdr n`a pas perdu de temps. Trois jours après le report, le secrétariat aux finances a pondu un communiqué pour inviter les militants à se procurer leurs cartes à la rue Lepic. " Acheter une carte, c`est contribuer à la victoire d`Ado ", peut-on lire. Wari bana (l`argent est fini) ! Le report permettra de renflouer les caisses. Mieux, Bédié et Ouattara jouent au quitte ou double. Or, doubler s`annonce comme une utopie pour eux. Ce qui revient à dire que l`heure de la retraite a sonné. Que ce crépuscule soit repoussé, cela continuera de donner l`illusion qu`on est quelqu`un dans ce pays où nos bilans d`exercice du pouvoir se résume pour l`un à un concept controversé, l`Ivoirité, qui a fissuré le tissu social, et pour l`autre en la paternité de la première (la dernière, on l`espère vivement) rébellion armée en Côte d`Ivoire. Bientôt, ils seront au Cadre permanent de concertation (Cpc), sous les projecteurs des cameras. Mais quelle que soit la longueur du " pipi ", la dernière goutte finit toujours par tomber entre les jambes du " pisseur ", a dit le vieil homme. Tôt ou tard, Bédié et Ouattara seront battus à plate couture. Le report n`est qu`un sursis. La bérézina se profile à l`horizon.

Tché Bi Tché
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