mardi 24 novembre 2009 par Le Temps

Suite à la reconduction de son mot d'ordre de grève, votre quotidien a rencontré Traoré Flavien, porte-parole de la Cnec pour avoir sa position.

Pouvez-nous donner les raisons de la poursuite de votre grève dans les établissements supérieurs ?
Il faut remonter dans le temps pour dire que le 15 octobre, nous avions adressé un courrier au Premier ministre afin qu'il nous reçoive pour nous dire quand le reste de notre salaire qui devait nous être versé au titre de la grille particulière depuis le 1e janvier 2009, nous sera payé. Et nous avons indiqué dans ce courrier, que si à la mi-septembre, nous n'avons pas de réponse, nous allons déposer un préavis de grève pour que la rentrée prévue pour le 5 octobre n'ait pas lieu dans l'ensemble des écoles de l'enseignement supérieur et dans les centres de recherches publics. Nous n'avons été reçus que par les conseillers du premier ministre et le ministre de l'enseignement supérieur juste pour nous entendre et pour expliquer les raisons de notre envie d'observer un arrêt de travail. Nous avons tenu une assemblée générale le 9 octobre pour nous rassurer que les collègues voudraient encore qu'on dépose encore un préavis. Ils ont confirmé cette volonté et donc depuis le 2 novembre, nous sommes rentrés en grève. Nous avons observé la grève pour une semaine reconductible et nous l'avons reconduite successivement 3 fois sans jamais être reçus par les autorités compétentes de ce pays. A partir de là, les collègues ont estimé que c'était du mépris de la part du gouvernement que depuis 3 semaines que les établissements de l'enseignement supérieur sont fermés, on ne puisse pas être reçu par les plus hautes autorités de ce pays pour donner une réponse à nos revendications, ce d'autant plus que ce ne sont pas des revendications nouvelles. Ce sont des décrets qui ont été signés et qui devraient entrer en application depuis le 1e janvier 2009, pour les autres, depuis le 14 mai 2007. Donc, nous ne comprenons pas qu'alors que nous exigeons que les décrets d'application signés par le président de la république, nous ne puissions pas être reçus par ces mêmes personnalités pour donner des réponses à nos préoccupations. Voilà pourquoi la grève a été reconduite pour 2 semaines.

Etant entendu que la grève est votre arme ultime, et que depuis 3 semaines, vous utilisez ce moyen sans avoir gain de cause, qu'est-ce que vous envisagez pour la suite ?
On ne peut pas préjuger de la décision d'une assemblée générale. Nous avons reconduit la grève pour 2 semaines et le vendredi 4 décembre, à 9 h, nous allons nous réunir à l'amphi Léon Robert pour analyser la situation et dégager la conduite à tenir. S'il faut continuer la grève, nous la continuerons, s'il faut en plus de la grève mener des actions pour nous faire entendre, tout cela est à voir. D'ores et déjà ce que je peux vous dire, c'est que l'ag nous a donné mandat pour nous joindre aux syndicats du secondaire qui sont déjà en grève et le week-end dernier, nous avons travaillé sur une déclaration commune qui sera publiée très bientôt, lorsque tous les syndicats auront apposé leurs signatures. La Cnec a pour sa part signé et apposé son cachet sur cette déclaration.

Doit-on s'attendre alors à une grève illimitée à l'université et les centres de recherche de l'enseignement supérieur ?
Nous ne sommes pas pour la grève illimitée. Lorsqu'on dit par exemple, que nous reconduisons la grève pour 2 semaines, on dit également que si on nous reçoit pour donner une réponse à nos problèmes nous convoquerons immédiatement une ag pour informer nos collègues et attendre leurs appréciations de la situation. Nous n'allons pas épuiser les 2 semaines avant de les appeler.

Que déplorez-vous donc de la part des autorités si tel est que vous n'êtes pas pour une grève illimitée ?
C'est le dialogue de sourd que nos autorités ont installé entre eux et nous. Souvent, on place les responsables syndicaux dans des situations difficiles. Je tiens à vous dire que la grille particulière devrait être appliquée depuis janvier 2009. Au lieu de cela, depuis cette date, sans nous consulter, on nous a payé la moitié de la somme due. A cette période, on aurait dû rentrer en grève et on aurait raison ? Mais on nous dit que des efforts ont été faits à des moments difficiles de l'histoire de la Côte d'Ivoire et donc, il n'était pas question pour nous d'exagérer et nous avons décidé d'attendre qu'on nous dise quand l'autre moitié nous sera versée. On est au 10e mois et personne ne nous dit rien. A partir de ce moment, vous voyez qu'il nous reste la grève comme moyen de pression pour qu'on nous donne une date précise. On va bientôt aller aux élections, on ne sait pas ce qui va sortir de là. Et même si le parti au pouvoir est reconduit, le temps de mettre en place un nouveau gouvernement et le temps que ce gouvernement se panche sur nos problèmes, on en a encore pour une autre année. Voilà pourquoi, maintenant-là, nous faisons la pression pour pouvoir obtenir quelque chose de la part du gouvernement. Notre préoccupation n'est pas d'aller à une année blanche, nous voulons que l'Etat puisse satisfaire nos revendications pour que nous reprenions le chemin de l'école. Nous estimons que le fait de ne pas nous recevoir dénote d'un mépris constant de la part de nos dirigeants, puisqu'il y a des corporations qui ont fait la grève après nous, elles ont été reçues et leurs revendications satisfaites.
Roger Kassé

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