mardi 17 novembre 2009 par Le Temps

L'Administrateur provisoire de la chambre des métiers fait le bilan de sa gestion deux ans après sa nomination.

Vous avez été désigné administrateur provisoire de la Chambre nationale des métiers de Côte d'Ivoire depuis octobre 2007, à la suite d'une crise qui a secoué ladite chambre. Pouvez-vous nous rappeler les missions qui vous ont été assignées ?
J'ai été effectivement nommé à la tête de cette chambre en octobre 2007, à la suite d'une crise. Des incompréhensions s'étaient installées entre les élus, donnant lieu à un total désordre. Ce qui a entraîné un dysfonctionnement de la chambre. Et puisque c'est l'Etat de Côte d'Ivoire qui a créé cette chambre consulaire, les autorités compétantes ne pouvaient pas la laisser dans un tel état. Il faut rappeler que la mission principale de la Chambre nationale des métiers de Côte d'Ivoire est de servir d'interface entre les artisans de ce pays et les pouvoirs publics afin d'assurer leur encadrement. Vous comprenez donc qu'il était urgent de mettre fin à la pagaille qui s'était malheureusement installée. C'est pourquoi, l'Etat de Côte d'Ivoire a mis en place un comité provisoire dirigé par l'Administrateur provisoire que nous sommes, pour deux missions essentiellement. La première est de gérer les affaires courantes dans la mesure où il faut encadrer au quotidien les artisans. La seconde est de procéder au renouvellement des organes de la chambre en organisant des élections, car le mandat de l'ancienne équipe était arrivé à expiration.

Cette nomination a été au départ mal interprétée et contestée par les membres de cette organisation.
Je n'ai nullement été associé à cette crise qui opposait les élus dont je ne fais pas partie. Je suis un administrateur du ministère du Tourisme et de l'Artisanat. Et c'est en cette qualité, en tant que Directeur du Tourisme et de l'Artisanat, ou que j'ai une bonne maîtrise de ce dossier, que j'ai été désigné pour cette mission. Sachez que je suis l'un des pionniers qui ont été à l'origine de la création de cette chambre que je connais bien. Déjà, en 2001, j'ai organisé le renouvellement des organes de la Chambre des métiers et j'ai laissé la structure aux élus pour qu'ils en assurent la gestion. Je suis donc au-dessus de cette crise.

Après deux années d'administration provisoire, peut-on dire que la paix est revenue à la maison ?
Je n'ai pas attendu deux ans pour ramener la paix. Une fois arrivé à la tête de la chambre pour cette mission provisoire en octobre 2007, j'ai ?uvré à ramener la paix au bout de deux mois, soit en décembre 2007. L'accalmie est revenue et la crise de confiance a été resorbée. J'ai rencontré les organisations professionnelles et les anciens élus. Je suis allé à l'intérieur pour rencontrer les chambres régionales, pour leur expliquer ma mission. Après cela, nous sommes allés à l'extérieur, en France et en Allemagne, pour y rencontrer les représentants de la chambre et les différents partenaires de l'artisanat ivoirien, à tous les niveaux. Si bien que l'engouement est revenu au niveau des acteurs du secteur.

Aujourd'hui, quel bilan faites-vous de votre mission ?
Le bilan est positif. Nous avons encadré les artisans et les avons aidés, conformément à nos objectifs, à aller aux foires. Nous avons travaillé à rechercher des financements pour eux. Puis nous avons entamé le processus électoral par le recensement des acteurs et leur inscription à la chambre des métiers où nous n'avons trouvé que 3500 artisans inscrits. Il fallait ramener l'engouement. Nous avons donc mis en place un vaste programme d'identification sur toute l'étendue du territoire national, dans un double objectif. Le premier est celui de mettre en place une base de donnée fiable pour l'artisanat en Côte d'Ivoire afin d'élaborer des indicateurs. Pour qu'on puisse apprécier le poids réel de ce secteur dans l'économie ivoirienne, pour permettre aux pouvoirs publics d'élaborer des politiques adéquates quant au secteur de l'artisanat. Nos actions vont en direction des partenaires au développement et des collectivités décentralisées. Le second objectif est électoral. Il s'agit de réaliser la liste électorale qui va permettre d'aller aux élections à la chambre des métiers. De 3500, nous sommes actuellement à plus de 20000 artisans identifiés. Sur cette base, nous pouvons aller aux élections. Mais mous comptons arriver à 35000 inscrits bientôt. Nous avons aussi actualisé tous les textes et établi un chronogramme clair pour les élections. En outre, nous avons aussi signé des partenariats en cours de conclusion avec beaucoup de structures, pour la couverture sociale des acteurs du secteur. Puis, nous avons engagé des réformes pour permettre à la chambre de mobiliser des fonds et des ressources aditionnelles. Car la chambre connaît des difficultés de financement. Les Banques classiques refusant de financer ce secteur. La seconde réforme que nous avons engagée est de mettre en place un registre des métiers. Pour que les 12 chambres régionales des métiers que nous avons puissent accompagner efficacement la décentralisation, il faut les rendre autonomes du point de vue de la gestion. Nous avons consigné tout cela dans un code de l'artisanat qui se trouve sur la table des autorités compétantes.

Le caractère informel de ce secteur n'est-il pas un frein à son financement ?
Qu'entendez-vous par informel ? C'est un terme péjoratif. Tous les secteurs, y compris ceux de l'industrie, des transports et du commerce connaissent, à certains niveaux, des problèmes d'organisation, de structuration et d'installation. On ne doit donc pas s'arrêter à ce faux cliché pour marginaliser un secteur aussi important en termes d'emplois et d'activités génératrices de revenus. Prenez, par exemple, le corps des stylistes modélistes. Vous ne me direz pas qu'ils sont dans l'informel ! Certes, des corps de métiers comme ceux des garagistes et des ferrailleurs, par exemple, ont des soucis d'installation. Et ont essayé de leur trouver des sites adéquats. Nous devons tous ?uvrer à valoriser les secteurs de l'artisanat, dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire. Du moment que les banques ne veulent pas prendre de risque avec ce secteur, il faut trouver des mécanismes de financement adaptés. Nous avons, dans ce sens, tissé des partenariats avec des structures de micro finance. Et les discussions sont encourageantes. Nous avons réussi à distribuer près de 200 millions de Fcfa pour financer divers projets. Nous avons aussi aidé les artisans à aller aux différentes foires au niveau de la sous-région. Par ailleurs, un Fonds de la promotion de l'artisanat a été installé au niveau de l'Etat, sur décret du président de la République, sur présentation de ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Et nous espérons qu'avec la sortie de crise, il sera alimenté pour aider les acteurs et opérateurs du secteur au niveau du fonds de roulement, de l'investissement et l'aménagement.

K. Kouassi Maurice

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