vendredi 6 novembre 2009 par Nord-Sud

A l'heure du calcul politique électoral, Henri Konan Bédié sait que les dommages de sa politique d'Ivoirité joueront contre lui. Il plaide non coupable devant le Nord, sa victoire.


Revenir sur l'Ivoirité telle que pensée par Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) n'est guère une volonté de retourner le couteau dans les plaies des victimes de cette politique. Loin de là. Seulement voilà, l'auteur du concept le remet au goût du jour même s'il l'aborde de façon subtile. Depuis le début de la semaine qu'il est en tournée dans la région des Savanes, il dément les faits retenus contre lui, relativement au sujet de sa politique l'Ivoirité. Devant le peuple Sénoufo, et autres ressortissants du Nord qu'il visite, ''Nzuéba'' manie habilement la langue, disant qu'il est blanc comme neige dans ce qui est apparu comme la catégorisation des Ivoiriens sous son régime. On a tenté de faire croire que nous, au Pdci-Rda et en particulier le président de ce parti bâtisseur, sommes contre certains groupes ethniques et certaines confessions religieuses. Or, l'on connaît tous les efforts consentis par le Pdci-Rda et par moi-même, pour la cohésion nationale, pour la formation des jeunes et la promotion des cadres sans discriminations de leurs origines nationales, régionales, sociales, ethniques ou religieuses. Henri Konan Bédié croit si bien dire. Le ''Sphinx de Daoukro'' se dédouane là à moindre frais. Il semble dire qu'il a les mains propres et la conscience libre. Dans sa tentative de s'innocenter, HKB tente de confondre tout le monde. Le concept d'Ivoirité, contredit-il, a été présenté comme une équivoque et exploité pour alimenter tous les quiproquos et préjugés sur les populations ivoiriennes et particulièrement celles du Nord. Tous simplement parce que le débat sur l'interprétation de ce concept a été volontairement biaisé en même temps qu'il a coïncidé avec des volontés de conquête du pouvoir de certains d'entre nous . A l'en croire ici, on lui a prêté des intentions. Mieux, probablement des adversaires politiques qu'il n'identifie pas, ont exploité sa création contre lui. Sinon, lui, Bédié, l'innocent (?), a été de tout temps un pacifiste rassembleur. Il veut pour preuve l'alliance qu'il a aujourd'hui avec le premier martyr de l'Ivoirité, Alassane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des républicains. Aujourd'hui, tente-t-il de tourner la page, grâce au dialogue constructif, les malentendus ont été dissipés dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire. Et l'ancien président de la République (de 1993 à 1999) de clore le débat en ces termes : Tout autre débat est dérisoire, futile et manipulation politicienne . Le tout de cette rhétorique à but persuasive est de gagner la clémence de l'électorat du Nord. C'est utile pour un Bédié frappé du sceau d'ivoiritaire et parfois de tribaliste . On peut donc comprendre qu'il tourne sept fois la langue afin de faire accepter le bagou électoral. Mais est-ce que son plaidoyer passera ? La question reste entière. Et seul le jury du Nord dont HKB négocie les voix tranchera. L'africanité embrasse tout ce qui est africain, les Arabes du Nord comme les Noirs du Sud du Sahara. La négritude englobe tout ce qui se réclame de la culture négro-africaine. L'Ivoirité, elle, concerne en premier les peuples enracinés en Côte d'Ivoire mais aussi ceux qui y vivent et y travaillent en partageant nos valeurs. Voilà la définition, aux contours flous, que l'intéressé en 1999. (Voir page 44 de son livre, Les chemins de ma vie, Entretien avec Eric Laurent, paru aux éditions Plon en 1999). Dans les faits, la distinction de peuples enracinés en Côte d'Ivoire a dérapé, et devenu une arme politique. Laquelle arme a été principalement pointée sur le mentor du Rdr. Conséquence, ceux qui se reconnaissaient en ce dernier, sont tous ou presque du Nord ivoirien.

Bidi Ignace

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