vendredi 6 novembre 2009 par Le Patriote

Il faut l'avoir observé ces dernières années, avoir analysé ses actes et agissements, en avoir mesuré l'impact sur ses concitoyens, décrypté ses rapports avec ses adversaires, pour parvenir à la conclusion que Laurent Gbagbo pratique la politique de la terre brûlée. C'est l'attitude d'une personne qui, risquant de perdre face à un adversaire, saccage la place que celui-ci s'apprête à prendre afin de minimiser ses gains et de gêner toute progression ultérieure.
En regardant l'actuel chef de l'Etat gouverner, on a le net sentiment que le Président de la République qu'il est, travaille à ce que celui qui sera éventuellement amené à lui succéder, n'ait aucune chance de le faire avec la sérénité nécessaire à toute entreprise de ce type, qu'il n'ait aucun levier de la machine étatique en main. On devrait croire, si on s'en tient à cette logique, que Gbagbo n'a pas vraiment le sens de la République, cette chose dont la pérennité est censée transcender les individus qui, de façon transitoire, en sont les garants de la gestion.
La question est pourtant de savoir s'il le fait exprès ? c'est-à-dire, s'il saccage volontairement la place de son successeur ? ou si c'est lui-même, Gbagbo, qui n'a pas les aptitudes nécessaires pour gérer de façon convenable les affaires de l'Etat, de sorte que celui qui vient à lui succéder ? l'Etat étant une continuité ? prolonge l'?uvre qu'il aura accomplie sans avoir le sentiment de recommencer tout à zéro. On en est à se demander si le costume présidentiel n'est pas un peu trop grand pour les épaules de l'opposant historique à Houphouët-Boigny. On est curieux de savoir s'il a vraiment mesuré l'étendue de ses charges, la responsabilité, énorme à plus d'un titre, qui est celle d'un Président de la République, avant de prendre possession du fauteuil qui incarne cette fonction.
Laurent Gbagbo donne tellement le sentiment de jouer avec les choses de l'Etat, d'en banaliser les enjeux pour la population, pour son bien-être, qu'on se demande s'il est le chef de la magistrature suprême ou le patron de l'amusement au sommet de l'Etat. Tenez, tout récemment, sans en avoir fait une étude préalable, il lançait l'idée de la suppression du CEPE et de l'entrée en sixième. Quel dérèglement l'abandon de ce goulot d'étranglement va causer ? Comment compte-t-il y remédier ? Rien n'a été expliqué. Il est le chef de l'Etat, il fallait qu'il lance une idée qui lui est venue à la tête. C'est lui, Gbagbo, qui sans étude prospective digne de ce nom, s'est mis à créer, à tour de bras, une pléthore de sous-préfectures, à morceler les régions de la Côte d'Ivoire, à distribuer des préfets et sous-préfets partout où il est passé, dans le cadre de ses visites d'Etat, véritables gouffres à budget, dont les populations ne tirent absolument rien. Mais surtout dont lui-même, Gbagbo, n'a prévu la moindre source budgétaire. C'est lui qui promet routes et autoroutes, érige des usines et autres unités industrielles à tout vent sachant pertinemment que c'est de la poudre de perlimpinpin.
On a l'impression que c'est un jeu pour lui et qu'il n'a pas conscience que de telles professions de foi sont de véritables motifs d'espoir pour des populations en proie à la misère depuis de trop longues années. Il ne se soucie pas du fait que l'enjeu ici relève de l'existence même de chaque citoyen qui l'écoute.
En tout cas, depuis qu'il s'est emparé du pouvoir ? tout vient peut-être des circonstances qu'il a lui-même qualifié de calamiteuses ? Laurent Gbagbo gère la Côte d'Ivoire comme une épicerie, comme un champ de cacao ou de manioc.
On peut admettre qu'il n'en ait pas les capacités intrinsèques, qu'il n'ait pas les rudiments de gestion économique, financière et même humaine. Mais, au moins l'historien qui sommeille en lui doit de temps en temps se réveiller, pour lui faire comprendre que l'histoire des grands peuples, ceux qui régentent le monde, se construit avec le réalisme et l'adaptation à l'ère du temps. On ne peut pas gouverner en ne pensant pas à l'avenir, même lointain. En ne pensant pas que d'autres personnes assumeront les inconséquences qu'on aura créées. On le voit aujourd'hui, avec un Barack Obama qui est obligé de se démener comme un beau diable pour colmater les innombrables brèches, parfois de véritables précipices, que la politique de son prédécesseur a occasionnés dans la vie des Américains et du reste du monde.
Kore Emmanuel

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