vendredi 23 octobre 2009 par Le Temps

Les Ivoiriens ne finissent pas de connaître leur candidat, le candidat de la Côte d'Ivoire. L'homme qui s'est présenté à eux comme étant leur candidat à l'élection présidentielle de novembre 2009, n'est pas d'une génération spontanée.

Laurent Gbagbo est le fruit du temps, ce temps qu'il qualifie lui-même de "l'autre nom de Dieu". Voici un petit aperçu en quelques actions et chiffres, de ce fruit que le temps a permis de mûrir au fil des épreuves. Le candidat qui se présente aux Ivoiriens ce 14 octobre à la Cei, est d'un courage légendaire. Né en 1945, Laurent Gbagbo va vite s'intéresser aux intérêts de la Nation. Contraint à l'exil en avril 1982, en France après le complot de février de cette même année déclenché par le régime Houphouët-Boigny contre les enseignants. Rentré en Côte d'Ivoire, le 13 septembre 1988 après 6 ans et demi d'exil français, l'actuel candidat des Ivoiriens est reçu par le président Houphouët-Boigny le 29 septembre de la même année, à la résidence présidentielle de Cocody. " Je suis venu continuer la lutte avec abnégation. Sachez en tout cas que mon objectif n'est pas de blesser, ni vous ni la Côte d'Ivoire. C'est peut-être un excès d'amour pour mon pays. Je suis revenu et je voudrais qu'on travaille ensemble pour construire la Côte d'Ivoire", indiqua-t-il à ceux pour qui son retour inspirait l'épouvante. Quelques mois après, le régime Houphouët-Boigny fait courir sur Laurent Gbagbo, une rumeur faisant état de ce qu'il a touché de l'argent représentant son salaire d'enseignant malgré les 6 ans d'absence du pays. " J'ai entendu dire qu'on m'avait versé un rappel de salaire de six ans et demi que j'ai passés en France. Je voudrais dire ici que c'est absolument faux !" (In les 10 principaux atouts de Laurent Gbagbo de Liépo Moïse / Notre Voie n°3413 du jeudi 22 octobre 2009, extrait de Laurent Gbagbo, Histoire d'un retour, Ed Harmattan). Grandeur, humilité et disponibilité pour son pays, des vertus que Laurent Gbagbo continue d'enseigner à ce jour, à ses contemporains.
Le 3 mai 1990, de sa lutte, la Côte d'Ivoire cède au multipartisme, fruit d'un parti politique le Front populaire ivoirien (Fpi) qu'il a réussi à créer en 1982. Une nation, disait Aimé Césaire dans la Tragédie du roi Christophe, se forge " pierre après pierre, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois et année après année ". Elle est à l'image d'une carrière politique à la dimension des hommes d'Etat que le monde continue de citer en exemple. Et quand Laurent Gbagbo accède à la magistrature suprême de son pays, c'est sans surprise que les Ivoiriens l'accueillent et l'accompagnent au Palais présidentiel, le 22 octobre 2000. Deux (2) ans après, les ennemis de la Côte d'Ivoire déclenchent une rébellion, le 19 septembre 2002 précisément, alors que le Président Gbagbo est en visite d'Etat en Italie. Courageux et intrépide, là aussi, c'est sans surprise, que le peuple le voit écourter son séjour italien, le 21 septembre 2002, c'est-à-dire trois (3) jours après le déclenchement des hostilités. Courant janvier (du 15 au 24) 2003, il est convié à une table de négociation en France à Linas-Marcoussis. La table ronde tourne vite en un grossier piège dont le prolongement se résume à une abyssale lugubre réunion de Kléber le 25 et 26 janvier. Laurent Gbagbo restera coincé dans le pétrin français pendant trois (3) ans de 2003 à 2006. Il en sort ni pétri ni flétri. Mais ragaillardi. Le dernier souffle du chat finit par le sauver. Le 19 décembre 2006, Gbagbo fait un discours dans lequel il fait cinq (5) propositions de sortie de crise dans lesquelles il tend la main à la rébellion. Là où les ennemis lui tendent une couronne d'épine, les deux bras chargés, il brandit dans l'un, un bouquet de roses, dans l'autre, un rameau d'olivier et le c?ur plein d'amour. Le 4 mars 2007, il parvient sagement à signer un accord avec ses agresseurs, toujours avec la même sagesse, il nomme le Secrétaire général de la rébellion des Forces nouvelles au poste de Premier ministre d'un gouvernement de réconciliation nationale. Voici comment le candidat de la Côte d'Ivoire a pu s'extraire de la nasse des ennemis d'ici et d'aileurs de son pays. Mais avant d'y arriver, que de résolutions le Conseil de sécurité de l'Onu n'a-t-elle pas adoptées ? 21 résolutions des Nations unies adoptés sur la Côte d'Ivoire avant la conclusion de l'Accord politique de Ouagadougou. Dont les plus mal illustrées sont assurément les fameuses 1633 prévoyant la dissolution des Institutions ivoiriennes y compris l'Assemblée nationale et la Constitution et la 1721 sur l'embargo sur les armes pour empêcher au pouvoir de se rééquiper après l'attaque brutale de l'armée française les 4, 5, 6, 7 et 8 novembre 2004. Des attaques violentes qui font des dizaines de morts parmi les populations civiles non armées et avec pour objectif principal l'enlèvement du Président Gbagbo du pouvoir au profit de ses adversaires politiques locaux. Le philosophe Elie Wiesel invitant la jeunesse mondiale à se forger un caractère de travailleur infatigable, lui recommandait de prendre exemple sur le soleil. Qui renouvèle son énergie en puisant en son propre sein sans jamais cesser de briller et de réchauffer la terre même si les terriens ont par moments, l'impression qu'il se coucherait - à l'ouest. Il en est de même du candidat de la Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo a été vilipendé à travers le monde, déclaré " infréquentable " par les dirigeants français, son pays abonné au banc des accusés du Conseil de Sécurité des Nations unies. Mais jamais le chef de l'Etat ivoirien n'a baissé les bras. Bien au contraire, il a ce slogan en direction de ses partisans : " le temps des récriminations est passé ! " Une force de caractère qui paye toujours. En effet, c'est encore sans surprise que la Cedeao qui avait à l'issue d'une réunion à Abuja - suite aux événements tragiques de novembre 2004-, tracé les sillons et avalisé l'embargo de l'Onu sur les armes et les dirigeants réapprend à connaître le chef de l'Etat ivoirien. L'institution sous-régionale lui a confié les travaux de réflexion sur l'énergie et les transports. L'Onu qui a dû finalement abandonner sa posture impérialiste, réapprend à connaitre elle aussi la psychologie du peuple et du dirigeant ivoirien. A la dernière Assemblée générale du Conseil de sécurité, le 23 septembre 2009, à la tribune de l'Onu, le Président Gbagbo est longuement écouté pendant qu'il expose sur les problèmes qui minent l'Afrique. Il en a profité pour décliner quelques esquisses de solutions. La veille, le 22, le président des Etats-Unis d'Amérique, Barack Obama, le convie à son déjeuner de travail. Objectif de cette rencontre, entendre les dirigeants africains dont Gbagbo, pour permettre à la première puissance du monde de mieux calibrer son aide au continent noir. Les Ivoiriens qui vont passer au vote le 29 novembre prochain, devront ouvrir grand les yeux. Car, ils auront deux produits dans les rayons. D'un côté, le candidat qui se réclame des leurs, c'est-à-dire le candidat de la Côte d'Ivoire qu'ils connaissent pour avoir vécu ensemble. De l'autre, des candidats "des hommes et des femmes en Côte d'Ivoire dont l'existence politique ne repose que sur les liens qu'ils ont avec l'étranger".

Simplice Allard
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