vendredi 16 octobre 2009 par Le Temps

La lutte contre les narcotrafiquants et les nombreux contrats miniers signés entre la Guinée et ses partenaires privilégiés, notamment la Chine et la Russie sont l'une des causes de l'agissement des autorités françaises et des opposants guinéens.

Depuis son arrivée au pouvoir au lendemain de la mort du Général Lansana Conté le 23 décembre 2008, le Capitaine Moussa Dadis Camara a mené des actions de grandes envergures qui ont rassuré les populations. Ce n'est pas n'importe quel chef d'Etat qui peut s'attaquer à la lutte contre les narcotrafiquants, encore moins à la moralisation dans l'administration et à la lutte contre la corruption". Ces paroles sont presque prononcées au quotidien par le Guinéen lambda. Qui pense qu'un changement important a été opéré depuis cette date. Les guinéens n'ont pas tort de le dire. Car, avant la venue du Conseil national pour le développement et la démocratie (Cndd) dont le Capitaine Moussa Dadis Camara assure la présidence, la Guinée était le centre d'intérêt des narcotrafiquants des pays du golfe, notamment la guinée Bissau, la Sierra Leone et le Liberia. Mais surtout, ce pays était considéré comme le pays où transitait la drogue en provenance des pays de l'Amérique latine et d'Asie du sud-est. L'homme fort de Conakry ne dit pas autre chose. " C'est un véritable combat que je mène tous les jours contre les narcotrafiquants. En le faisant, je me suis sacrifié. Car, Dieu seul sait comment ces hommes sans foi, ni loi sont organisés pour abattre ceux qui ne veulent pas collaborer avec eux ". A ce niveau, le chef de l'Etat guinéen et Commandant en chef de l'armée indique qu'il faut être un fou comme lui pour refuser la somme de 25 millions de dollars américains, environ 11,25 milliards de Fcfa, soit 112,5 milliards de francs guinéens. Pour les guinéens aujourd'hui, cette lutte a porté ses fruits. En atteste l'arrestation de plusieurs barons du cartel dont le fils aîné de feu, le général Lansana conté et bien autres barons du secteur, dont les ressources sont qualifiés d'argent " sale ". Pour les observateurs à Conakry, cette bataille ne semble pas être du goût des narcotrafiquants et certains barons qui trouvent que ce Capitaine vient de " couper " leur vivre. Autre, action majeure qui ne rencontre pas l'assentiment de l'opposition guinéenne et de leurs parrains, c'est sans nul doute la lutte contre la moralisation des finances publiques. En Guinée, c'est un secret de polichinelle. La corruption avait gagné tout le c?ur de l'appareil de l'Etat. A telle enseigne que le pays ne dispose ni de réseau ferroviaire encore moins d'avions. Les rails ont été vendus à vils prix selon les guinéens par des anciens membres du gouvernement Conté. Il en est de même pour la flotte aérienne. La quasi-totalité des sociétés d'Etat ont également été bradées. Plus grave, c'est que le pays ne dispose pas de réseau électrique et d'adduction d'eau. Et pourtant, plusieurs milliards de dollars, selon les populations, ont été englouties dans ces deux secteurs si importants pour le développement du pays. Comme il fallait s'y attendre, l'homme fort de Conakry a commandité plusieurs audits pour situer les responsabilités des uns et des autres sur ces dérapages. En le faisant, le Capitaine Moussa Dadis Camara qui dit agir pour les futures générations de la guinée, a buté contre certains barons de l'ancien régime, dont MM. Sydia Touré, Cellou Dallein Diallo et bien d'autres hauts fonctionnaires. "La population m'a demandé de faire des audits sur la gestion de ceux qui ont dirigé le pays. Mais, nous avons dû arrêter. Parce que, je n'ai pas l'intention de faire arrêter ces responsables, qui sont tous aujourd'hui de l'opposition. Si je le fais, l'opinion dira que je suis en train de bâillonner les leaders des partis politiques ", a fait savoir récemment Moussa Dadis Camara. Toutes ces actions sont mal vues par les opposants. En dehors de ces actions mal vues, il y a la "non collaboration " du chef de l'Etat guinéen avec Paris, notamment, sur l'exploitation du sous sol du pays. Selon les sources diplomatiques à Conakry, Paris n'apprécie pas les nombreux contrats que Dadis Camara a signés depuis son arrivée au pouvoir avec les partenaires privilégiés du pays, avec comme tête de file la Chine et la Russie. Pour lui, ce sont ces actes qui irritent aujourd'hui, la France dans la crise qui secoue la guinée en ce moment. Car, Paris, selon le diplomate, entend collaborer avec un Président soumis, manipulable à qui elle dicterait sa loi.

Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
Envoyé spécial à Conakry

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