mardi 22 septembre 2009 par L'intelligent d'Abidjan

Nommé à la tête de la commission nationale pour le cinquantenaire de l'indépendance depuis le 23 Avril dernier, l'ambassadeur Pierre Kipré a tenu à expliquer, devant les représentants de la presse ivoirienne et internationale, les missions de sa commission. Il a également profité de l'occasion pour manifester son incompréhension face à la volonté de la France d'organiser le cinquantenaire de l'indépendance de ses ex-colonies. C'était au sein de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris le 18 septembre dernier. Pendant un peu plus d'une heure, le responsable de la diplomatie ivoirienne à Paris a, dans son exposé préliminaire, donné les orientations principales de ce cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire et expliqué les enjeux qu'il porte. Pour le Pr Pierre Kipré, la célébration des cinquante ans de l'indépendance de la Côte d'Ivoire sera d'abord une occasion pour les Ivoiriens de se retrouver entre eux et aussi avec les ressortissants des pays voisins autour de manifestations festives, économiques et culturelles. Elle sera aussi l'occasion d'opérer des réflexions majeures sur le sens de l'indépendance. Il faudra qu'à cette occasion du cinquantenaire, nous réfléchissions sur ce que nous avons fait de nos cinquante années d'indépendance et ce que nous comptons faire des cinquante autres années à venir , a dit le Pr. Pierre Kipré. Pour l'historien, ce sera surtout l'occasion pour que les Ivoiriens se réapproprient leur histoire, célèbrent une indépendance politique acquise de haute lutte. Des Ivoiriens ont lutté et beaucoup sont morts pour qu'en 1960, nous soyons admis dans le concert des nations libres , a ajouté l'ambassadeur ivoirien en France pour réaffirmer que c'est malgré et contre la France que la Côte d'Ivoire a acquis le droit d'être le maître de son destin. Le patron de la commission nationale du cinquantenaire s'offusque d'ailleurs d'entendre parler d'indépendance octroyée . La France ne pouvait pas faire autrement que de se désengager de ses colonies comme l'ont fait l'Angleterre et le Portugal , a-t-il dit. Et de poursuivre : Ce n'est plus le temps d'Houphouët. C'était le temps d'une période () Houphouët a obtenu l'indépendance politique, les enfants et petits enfants qu'il a formés exigent autre chose, et c'est ce temps-là qui est arrivé. Le patron de la diplomatie ivoirienne en France a martelé que le processus d'indépendance de la Côte d'Ivoire a été une démarche contre l'oppresseur qu'était la France. Je ne comprends pas pourquoi la France refuse d'assumer son passé d'oppresseur. La France a bien été colonisatrice , a-t-il souligné. Cet agacement du Pr Pierre Kipré fait suite à la volonté de la France d'organiser le cinquantenaire des indépendances de ses anciennes colonies. L'ambassadeur ivoirien en France a affirmé que l'Etat de Côte d'Ivoire et son président ne se sentent en aucune façon concernés par cette démarche franco-française. C'est l'anniversaire de notre cinquantenaire d'indépendance, et personne ne l'organisera à notre place. Et je n'inviterai pas la France à m'aider à organiser mon cinquantenaire. Pian() Le moment est venu pour une plus grande conscience nationale. Si nous loupons ce moment, c'est parti encore pour cinquante ans. Et nos enfants et petits-enfants nous en voudront . Le Pr Pierre Kipré avec son budget prévisionnel de 14 milliards de FCFA espère organiser une fête de la conscience citoyenne et nationale qui devrait s'étaler du 31 décembre 2009 au 31 décembre 2010.Pour lui, la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire sera le départ d'une émancipation nouvelle.

Charles Assadé

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