samedi 5 septembre 2009 par Nord-Sud

La transformation de l'anacarde préoccupe les acteurs. Ils attendent une volonté politique plus accentuée.

Au moment où la quatrième conférence annuelle de l'Alliance africaine du cajou (Aca) baisse les rideaux, le volume de transformation locale de la noix de cajou reste très marginal. La capacité théorique d'usinage des quatre unités opérationnelles est seulement de 10.000 tonnes. Soit moins de 5% de la production nationale, évaluée à 330.000 tonnes par an. Presque la moitié de la production continentale. A titre de comparaison, l'Inde dispose de 900 unités de transformation pour une capacité d'usinage de 1.000.000 de tonnes contre une production intérieure de noix brutes estimée à 450.000 tonnes. Selon Raghu Kumar, spécialiste consultant à la Gtz, l'augmentation de la production n'a pas permis de booster les revenus des producteurs. Au contraire, ils ont chuté de 35 à 50 % sur les dix dernières années. Un oligopole, sans cesse grandissant, constitué de sociétés commerciales, regrette-t-il, s'est mis en place malgré l'existence d'autorités de contrôle. Le tableau ainsi présenté n'incite guère à l'optimisme d'autant que la chute des prix liés aux risques de surproduction pourrait démobiliser les paysans. En effet, le paysan ivoirien perçoit moins de 150 Fcfa pour un kilogramme de noix de cajou brute, alors que le produit final coûte 10.000 Fcfa sur le marché international. Or, assure l'expert, si le secteur cajou est bien organisé, c'est un revenu minimum de 95 milliards de Fcfa pour l'économie ivoirienne, 40 milliards Fcfa de recettes fiscales, des prix bord champ plus élevés et environ 100.000 emplois directs potentiels. Les acteurs réfléchissent aux moyens nécessaires pour relancer cette filière en perte de vitesse. Il s'agit, suggère M. Kumar, de quitter le statut de simple exportateur de noix brutes à celui de rival pour les torréfacteurs indiens. Cela nécessite manifestement une certaine volonté politique. Celle-ci demeure encore embryonnaire en dépit de quelques sauts d'humeur exprimés ici et là. Selon Marie Amah Tehoua, ministre de l'Industrie, la transformation locale permettrait d'améliorer les revenus des petits producteurs et les recettes des Etats. Son collègue de l'Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, semble également en faire une préoccupation. Pourtant, sur la transformation locale de la noix de cajou, l'Association pour le développement de la filière cajou africaine (Adefica) a réalisé une étude, véritable sésame pour les difficultés d'accès au crédit. Selon le président Gaoussou Touré, 200 milliards Fcfa d'investissements sont nécessaires pour doter les zones de production de petites unités industrielles de traitement. Malheureusement, s'inquiète Carlos Correa, le président de l'Alliance africaine du cajou (Aca), les ban­ques ne connaissent pas bien la filière. Ce qui explique, les problèmes d'obtention des fonds d'exploitation. Le schéma d'industrialisation adopté par les acteurs préconise entre autres, la construction d'unités manuelles de taille maximum de 3.000 tonnes de noix de cajou brute, l'installation de petites unités d'une capacité de transformation de 150 à 500 tonnes par an autour des unités de traitement de 3.000 tonnes et aussi du choix du matériel de décorticage manuel adapté à l'environnement ivoirien. Mais, il faut que l'environnement soit amélioré afin que les opérateurs n'aient pas d'autres charges que celles liées à leurs activités , recommande le directeur exécutif de l'Areca Mapri Kpolo. Le diagnostic établit que la vente des noix brutes à l'export est économiquement plus rentable, moins pénible et moins risquée que l'industrialisation qui exige des investissements importants dans un contexte de crise financière et de désordre institutionnel. D'où des mesures d'accompa­gnement. Outre la stratégie de démarche qualité systématique dans les plantations et dans les usines, il est question, selon les industriels de la filière, d'élaborer un code cajou à l'instar des codes minier, pétrolier, gazier etc. Il faudra également exonérer les opérateurs potentiels de la totalité des droits et taxes d'entrée y compris la TVA sur le matériel d'usine et le matériel de construction. Il faut aussi une exonération d' impôts sur le bénéfice, de la patente, des impôts fonciers sur 5 à 10 ans. La Côte d'Ivoire doit par ailleurs, accorder un barème spécial de salaire basé sur le paiement des ouvriers au rendement appliqué dans les grands pays industriels. Accorder un crédit à l'exportation de 25 Fcfa par kg de noix brutes usinées sur les amandes exportées. L'administration devrait mettre à la disposition des institutions financières crédibles, des lignes de crédits à des taux réduits à rétrocéder aux opérateurs de la filière. Et enfin conditionner l'octroi des avantages réclamés à un engagement ferme quant à la réalisation des investissements matériels et immobiliers conformes aux normes des usines modernes. Pour l'heure, un v?u pieu.



Lanciné Bakayoko

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