mardi 1 septembre 2009 par Le Temps

Lors de son meeting le samedi dernier, au Parc des sports, Bédié s'est exercé maladroitement au Nouchi. La conquête du pouvoir n'est pas du tout, un exercice aisé pour N'Zuéba, le candidat du Pdci. Le samedi dernier, au Parc des sports, des jeunes l'ayant sûrement senti à bout, ont organisé un concert pour recueillir des fonds destinés à sa campagne. L'objectif a-t-il été atteint ? Là n'est vraiment pas le problème. Ce qui intrigue ici, c'est cet amour subit du vieux Bédié pour le nouchi parlé dans les rues abidjanaises, par les jeunes. Surtout par les laissés-pour-compte. N'Zuéba qu'on ne connaît pas grand amateur de culture est allé à Treichville au concert organisé par les jeunes de la Fondation Espoir du Pdci. Presqu'une première dans ce pays. Puisque Bédié, depuis le temps du pouvoir jusqu'à l'opposition, est allé rarement à un spectacle. Là où Gbagbo est constamment cité comme l'un des grands consommateurs d'art en Côte d'Ivoire. On ne dira pas qu'au crépuscule de sa carrière, Bédié s'est découvert des qualités d'homme de culture. Mais on ne devient pas aussi homme de culture sur un coup de tête. Le samedi dernier, il ne s'est pas posé de question. Il a calqué la méthode de Gbagbo dans son approche avec la population. Surtout avec les jeunes. N'Zuéba n'avait, en tout cas, pas le choix. C'est ce qui paye. D'ailleurs, le dernier sondage réalisé par l'Institut Sofres le dit très bien. Plus de 55% d'Ivoiriens se reconnaissent en Gbagbo, pour sa simplicité et son style qui est plus proche d'eux. Bédié veut donc être plus proche de la population. Mais il a oublié que ce sont des qualités qui ne se décrètent pas. Mais bien plus, ça fait partie des qualités humaines. Il s'est donc pour une première fois, essayé au langage de " Nouchi ". Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'il parle à un meeting des jeunes de son parti. Il n'y a pas longtemps qu'il était à Williamsville, à un meeting organisé par des jeunes du Pdci. Ce jour, il s'est fendu dans un discours fleuve inutilement long, sans aucun mot de la rue, aucun langage " Nouchi ". Le samedi dernier, l'exercice a été difficile. Puisque tout était artificiel. Il s'y est essayé rien que pour la cause électorale " () je suis enjaillé ", " Je salue tous les Bramôgôs ", () vous êtes des femmes chocos ". " Après quatre années de tergiversations et de Kouma ", "Par ailleurs, je sais très bien que le "gbangban ", " () ils vont fraya ", sont autant d'expressions " " Nouchi " auxquelles s'est essayé le président du Pdci. Un simulacre de mauvais goût. Car quand on veut parler à des jeunes, on parle avec son c?ur. On dit ce qui provient au plus profond de soi. On ne dit donc pas un tel discours. Il est bien clair que toutes ces expressions ne viennent même pas de lui. C'est un discours qui a été écrit et truffé de mots Nouchi pour la circonstance. Trois jours après ce meeting, on parie qu'il ne peut même pas se rappeler une seule de ces expressions. Alors qu'en face de lui, Gbagbo l'homme qu'il veut imiter le fait sincèrement. C'est lui qui parmi des jeunes, peut dire sans un discours écrit, " ça va teuheu ! " Comprenez par là " ça va tuer ". C'est encore lui qui, à un meeting, peut se rappeler une de ses chansons de jeunesse et l'entonner à la grande joie du public. N'est donc pas simple qui veut. Et même sa tenue ne cadrait pas à un tel événement. L'homme était ce samedi, sanglé dans un costume, là où il devrait être en basket. En clair, l'opposition confirme de plus en plus, ce que les Ivoiriens pensaient du chef de l'Etat. Au point qu'elle se met à l'imiter. Il n'y a pas longtemps qu'on a vu Ouattara dans ses tournées dans le Bas-Sassandra se mettre dans des chemises pagnes avec une serviette blanche au cou. Purement du " made by Gbagbo". Tout le monde sait que la bonne humeur ivoirienne a baptisé cela le "style Gbagbo". Au Rhdp, tous les moyens sont donc bons pour reconquérir le pouvoir. Même s'il faut copier maladroitement l'adversaire, il faut le faire. Car les caisses du parti sont vides depuis la révolution Kaki de décembre 1999. " () je sais très bien que le " gbangban " de 1999 a appauvri les cadres du Pdci-Rda. Beaucoup ont perdu leurs postes et sont dans la galère". Plus clairement, pour le grand N'Zuéba, il n'y a que le pouvoir qui enrichit.
Guéhi Brence
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