samedi 11 juillet 2009 par Fraternité Matin

Le tribunal correctionnel présidé par le juge Yapi Togo a auditionné, hier, trois des neuf personnes mises en cause. Le procès des personnes mises en cause par le parquet d'Abidjan dans les évènements tragiques du stade Houphouet-Boigny et qui, le 29 mars dernier, ont coûté la vie à 20 supporters, s'est ouvert hier devant le tribunal correctionnel présidé par le juge Yapi Togo. Trois des neuf prévenus civils ont été auditionnés. Il s'agit de Anzouan Kacou Blehouet Albert, 49 ans, président du comité d'organisation du match, Aka Ahua Faustin, 38 ans, imprimeur et Beugré Andoh Jean Baptiste, 36 ans, chef du service financier de la Fédération ivoirienne de football (Fif). Leurs auditions ont permis d'établir que 3817 tickets et 1051 cartes d'invitation parallèles ont été bel et bien fabriqués. Tout comme il ressort des débats que c'est bien après le match en question que le bon de commande des tickets a été établi et antidaté par le chef du service financier Beugré Andoh à la demande du Dg intérimaire de la Fif, Koné Ardjouma qui est au nombre des prévenus. Aucun des mis en cause n'étant placé sous mandat de dépôt, c'est en jouissant de leur liberté que les 9 prévenus comparaissent à la barre. A Anzouan Kacou, il est reproché les faits d'homicide et blessures involontaires, complicité de faux et d'usage de faux, escroquerie. Des faits aussi graves les uns que les autres que le président du CO de la Fif rejette du revers de la main. C'est pourquoi, interrogé sur sa responsabilité dans le dispositif sécuritaire mis en place le jour du match Côte d'Ivoire ? Malawi, Anzouan Kacou, tout en ne se reconnaissant pas dans la défaillance du système, affirme : Je servais d'intermédiaire entre les Forces de l'ordre et le responsable de la sécurité de la Fifa . Des insinuations battues en brèche par le substitut du procureur qui, se référant aux données de l'enquête préliminaire, démontre que le président du Co est bel et bien le premier responsable du dispositif sécuritaire. A preuve, indique-t-il : Lorsque les joueurs sont entrés sur l'aire de jeu pour s'échauffer, des supporters se sont introduits sur les gradins pour les toucher. Face à cette situation, les agents de la Crs avaient voulu dresser un cordon sécuritaire autour de l'aire de jeu. Cette proposition a buté contre le refus catégorique de Anzouan Kacou . Les débats vont établir par ailleurs que seulement quatre postes d'entrée ont été ouverts au public pour un match qui se joue à guichets fermés. S'agissant des tickets émis, il ressort des différentes auditions que 35 mille tickets d'entrée au stade ont été confectionnés par Aka Ahua Faustin pour une commande régulière de 31.607 tickets. Sur les 1000 cartes d'invitation, Anzouan Kacou reconnaît avoir lui-même rajouté 1051 qu'il a personnellement imprimés par système informatique. Et que c'est bien après le match, avec la survenue des évènements tragiques, que le Dg intérimaire de la Fif a demandé au chef du service financier Beugré Andoh Jean Baptiste d'établir le Bon correspondant à la commande normale des tickets. Ce dernier, sans autre forme de procès, accepte de tremper dans la combine. Mais il prend soin de faire ce qu'il appelle la régularisation dans un carnet qui est hors du circuit normal de la comptabilité. Plutôt que d'inscrire la mention régularisation , Beugré Andoh fait un document daté du 16 mars, conformément à la facture pro forma préalablement délivrée à Anzouan Kacou par l'imprimeur Aka Ahua Faustin. Celui-ci, comme il l'a reconnu lui-même à l'audience, n'a pas d'imprimerie et n'exerce non plus dans aucune imprimerie de la place. Avec la commande que lui a passée Anzouan Kacou, il fait de la sous-traitance avec des imprimeurs de profession. Et lorsque l'affaire a éclaté, Aka Ahua Faustin a été surpris par un enquêteur au moment où il tentait de faire détruire les maquettes des tickets qu'il a fait fabriquer. C'est pourquoi, tout comme Anzouan Kacou, Aka Ahua Faustin est poursuivi pour les faits de faux et usage de faux, escroquerie. Quant à Beugré Andoh Jean-Baptiste le chef du service financier de la Fif qui a antidaté un document comptable en vue d'effacer les traces de la fausse commande, il est poursuivi pour faux et usage de faux, complicité d'escroquerie. L'audience commencée à 10 heures et a été suspendue à 18 heures. Elle reprend lundi matin.
Landry Kohon

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