? Que répondez-vous à ceux qui pensent que les Agora et Parlement sont des lieux qui encouragent la fainéantise en Côte d'Ivoire?
Je leur dit que c'est faux ! Il y a malheureusement des idées reçues qui ne sont pas justes et qui présentent très mal les animateurs et ceux qui fréquentent ces lieux. J'aimerai faire comprendre aux Ivoiriens que la plupart des présidents, des 90% d' agoras et parlements que je gère occupent des hautes fonctions dans l'administration et le secteur privé en Côte d'Ivoire. Moi qui vous parle, j'ai une maîtrise en droit public. Je suis administrateur des services financiers. Dans mon bureau, il y a Narcisse qui est mon secrétaire général, il est chef de service au Port autonome d'Abidjan et il a une maîtrise en droit. Mike Assoumou, mon secrétaire aux relations extérieures est aussi titulaire d'une maîtrise en droit et administrateur des services financiers. Vous prenez Doumbia Lacina, il est mon chargé de communication. Il est également responsable de la communication au district d'Abidjan. Le congrès d'Abobo est tenu également par un jeune du nom de Paul, il est professeur de Cafop Nous ne sommes pas des fainéants.
? Oui, mais vos espaces sont généralement fréquentés par des jeunes sans emplois qui y passent le clair de leur temps au lieu de chercher à s'occuper plus sainement. C'est surtout ce que l'on déplore ?
Non ! Je ne suis pas d'accord. Ceux qui y viennent ont des occupations. Regardez nos heures de fonctionnement. C'est en dehors des heures de travail
? Je vous arrête, parce que certains Agora et Parlement restent bien ouverts et animés aux heures de travail.
A part la Sorbonne qui ouvre à midi, nos Agoras et Parlements commencent à s'animer à partir de 17 ou 18h. Ils ont essayé de fonctionner dans la journée. Mais, ils ont constaté qu'il n'y avait personne à l'appel parce que justement tout le monde travail. Ce sont les soirs qu'on se retrouve pour réfléchir sur la situation sociopolitique du pays et les grands problèmes de l'heure. Donc, je répète que ceux qui fréquentent les parlements ne sont pas des badauds.
? L'on vous reproche encore d'aborder dans ces lieux des sujets de politiciens qui n'ont aucun intérêt pour l'avenir de la jeunesse.
Oui. Je reconnais que chez nous, les sujets dominants sont d'ordre politique. Cela s'explique par le fait que ce sont surtout ces sujets qui intéressent 70% de ceux qui nous fréquentent. Cela s'explique par l'historique des Agora et Parlement qui ont été créés à la faveur de la crise que connaît le pays. Leur centre d'intérêt a été d'abord politique. Mais, depuis la signature des Accords de Ouaga, je pense que les Parlement et Agora ne se focalisent plus seulement sur la politique. On a ouvert le débat sur les questions de société, de culture et d'économie. Comment faire pour créer un projet de société ? Et où aller pour trouver des financements ? De plus en plus, ce sont ce genre de questions qui alimentent les débats. Aujourd'hui, nous orientons les jeunes vers les emplois.
? Le chef de l'Etat a interpellé les jeunes qui passent le clair de leur temps dans les Grins. Peut-être devrait-il interpeller aussi ceux qui flânent dans les Agora et Parlement. Qu'en pensez-vous.
Oui, tous ceux qui ne font rien doivent se sentir interpellés. En fait, dans le Denguélé, le chef de l'Etat s'adressait à toute la jeunesse de Côte d'Ivoire et pas seulement celle des Grins. Il voulait dire qu'il n'est pas bon pour les jeunes de rester les bras croisés. Il nous demande à tous de nous mettre résolument au travail. Avec cette crise, il y a une masse de diplômés qui se promène avec les attestations sous les bras attendant que l'administration les absorbe. Le chef de l'Etat les encourage à se diriger vers le privé et le l'auto-emploi. Les Grins ne doivent pas se sentir personnellement indexés. C'est simplement parce qu'il se trouvait dans le Denguélé qu'il a utilisé l'exemple des Grins pour interpeller tous ceux qui attendent le bonheur sans rien faire.
Propos recueillis par D.S.