samedi 22 novembre 2008 par Le Patriote

Les gens parlent, les gens mentent. Notre vrai combat en Côte d'Ivoire est que nous n'avons pas encore gagné, c'est de faire en sorte que ce pays sorte du mensonge. Tout est mensonge. Les gens racontent des mensonges partout. Je refuse le mensonge. Ces propos ont été tenus par le chef de l'Etat le week-end dernier à Attiégouakro. Oui ! Vous avez bien lu. Laurent Gbagbo a décidé d'aller en croisade contre le mensonge. On ne peut que applaudir des deux mains cette belle initiative. Le hic est que dans cette moralisation annoncée de la scène politique, le président Gbagbo sans se remettre en cause et reconnaître sa part de responsabilité, veut passer ses adversaires politiques comme les principaux agents vecteurs du mensonge dans notre société. Mais pour qui connaît le champion de la Refondation, l'on ne doit pas s'en étonner. Car l'actuel locataire du palais présidentiel a toujours fonctionné comme celui qui n'a rien fait. Si ce n'est les autres. Mais malheureusement pour lui, l'Histoire est un témoignage. Il importe de lui rafraîchir la mémoire et rappeler que la traîtrise et le mensonge l'ont toujours accompagné dans sa lutte politique. En 1990, aux premiers vagissements du multipartisme en Côte d'Ivoire, la Coalition pour la Gauche démocratique dont il fait partie décide de ne pas participer aux prochaines élections tant que des règles démocratiques claires ne sont pas fixées par le pouvoir en place. Une déclaration dite de Korhogo a même sanctionné la rencontre entre le Parti ivoirien des travailleurs de Francis Wodié, l'Union des Sociaux démocrates de Bernard Zadi Zaourou, le Parti socialiste ivoirien de Bamba Moriféré et le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo. Mais au moment où les autres membres de la Gauche démocratique préparaient le boycott des élections présidentielles d'octobre 1990, le secrétaire général du FPI d'alors décide contre toute attente d'aller affronter le président Félix Houphouët-Boigny. Première trahison, premier mensonge. Octobre 1999, le Rassemblement des Républicains est en alliance avec le FPI de Laurent Gbagbo. Les deux partis ont organisé des marches et des sit-in ensemble contre le régime du PDCI. Sans oublier le boycott actif de l'élection présidentielle de 1995.Mais tout ce parcours commun n'a pas empêché Laurent Gbagbo et le FPI à aller négocier avec le PDCI-RDA. Sans aviser son allié le RDR. Deuxième trahison, deuxième mensonge. Octobre 2000, le candidat Laurent Gbagbo, à l'issue d'un appel insurrectionnel arrive au pouvoir. Auparavant, étant dans l'opposition, il avait promis la gratuité de l'école, le prix du cacao à 3000 FCFA aux planteurs, avec 10 milliards résoudre le problème des étudiants pour ne citer que ces promesses. Huit ans après les Ivoiriens attendent toujours. Troisième trahison, troisième mensonge. 19 septembre 2002, la tentative de coup d'Etat à Abidjan se transforme en rébellion. La Côte d'Ivoire plonge dans une guerre civile. Janvier 2003, l'accord de paix de Linas Marcoussis est signé. Laurent Gbagbo qui n'a pas participé aux négociations, accepte le principe du partage de pouvoir qui s'en suit à Kléber. Il désigne un Premier ministre Seydou Elimane Diarra et le nomme par décret. De retour en Côte d'Ivoire, il décide d'appliquer l'accord dans son esprit, mais pas à la lettre. Marcoussis ne sera jamais appliqué par le chef de l'Etat. En réalité, Laurent Gbagbo cherchait à gagner du temps pour reprendre les hostilités. Elles reprendront le 4 novembre 2004 avec l'opération Dignité.
Quatrième mensonge. Faut-il rappeler les accords d'Accra, de Pretoria et des résolutions 1623 et 1721 des Nations unies sur la Côte d'Ivoire qui ont échoué à cause du non respect de la parole donnée de l'actuel locataire du palais présidentiel ? Assurément pas. Tellement le traumatisme causé par leur non application est encore vivace dans les esprits. A ces preuves tangibles de félonie, il faut ajouter le refus d'exécution des résolutions du Forum pour la réconciliation nationale initié par Laurent Gbagbo lui-même et la mauvaise foi dans la mise en ?uvre de l'accord politique de Ouagadougou. Au regard de tout ce qui précède, le chef de l'Etat peut-il objectivement donner des leçons aux autres? Est-il la personne la mieux indiquée pour combattre le mensonge en politique? Difficile de répondre à cette question par l'affirmative. Laurent Gbagbo ne peut pas lutter contre le mensonge en politique. Pour la simple raison qu'il l'incarne lui-même.
Jean-Claude Coulibaly

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